Chapitre 55 : Se cacher

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Éli :

Nous venons de nous garer devant chez nous. Noah arrête le contact et agrippe le volant en soufflant un bon coup comme pour vider son esprit. Il essaie de cacher son stress, néanmoins j'arrive à le sentir. Nous sortons une fois qu'il se décide à faire de même et rentrons dans la maison. Je ferme la porte derrière moi étant le dernier à faire mon entrée. Le silence habituelle dans cette demeure est beaucoup plus étrange et inquiétant, présageant du malheur qui nous tombera dessus bientôt. L'urgence de la situation me pousse à vouloir faire tout et n'importe quoi sans prendre le temps de la réflexion et pourtant, je suis stoïque dans le hall d'entrée tout comme Télio et Noah. Il n'y a que Lou qui semble paisible comme si le danger ne l'atteignait pas, elle gigote gaiement dans les bras de notre grand-père. D'ailleurs, il se tourne vers nous, un air grave sur le visage, dissimulé par un sourire forcé.

- Les garçons allez faire votre sac et dépêchez-vous ! Nous n'avons pas le temps !

On le fixe sans broncher, enraciné dans le parquet nous obligeant à rester sur place malgré ses directives.

- Activez-vous ! dit-il pour nous secouer afin de déguerpir le plus rapidement possible.

Dans un sursaut commun, mon frère et moi partons à l'étage au pas de course. Je perçois doucement qu'il s'est planqué dans la cuisine pour appeler Mélissa.

Chacun dans notre chambre, je ne cherche pas à comprendre et empoigne mon sac de lacrosse sur le sol de mon placard. Je le remplis de quelques vêtements que j'entasse négligemment. La panique me fait faire n'importe quoi. Je me dépêche, mais je ne regarde même pas ce que je prends. J'ai peut être pris à peine moins de dix minutes avant de ressortir de ma chambre, mon sac fait. Je vais vers la chambre de Lou et passe ma tête dans l'entrebâillement de la porte. Noah est complètement dépassé. Il garde son sang froid pour ne pas alerter les plus jeunes, mais il sait pertinemment que je sais tout. Je le rejoins et décide de porter main forte à Noah qui essaie de rassembler des affaires pour Lou dans une désorganisation totale.

- Laisse-moi faire ! Vas t'occuper de la nourriture pour elle.

Il descend précipitamment avec la petite dans les bras et je m'active à la tâche. Je prends des t-shirts, des leggins, des robes et sort. Finalement, je me précipite de nouveau dans sa chambre.

- Les couches... Putain, les couches !

Je cherche dans chaque placard, chaque tiroir, mais rien. Pourquoi je ne me suis jamais occupé d'elle ? J'ai été stupide ! Ma jalousie a mis un voile sur la relation que je pouvais avoir avec ma petite sœur.

- TÉLIO, TU SAIS OÙ SONT LES COUCHES ? crié-je pour qu'il m'entende depuis sa chambre.

- La salle de bain...

Je cours là-bas et en ouvrant la porte, je me dis que ça ne peut qu'être dans les armoires de la table à langer. Je m'accroupis, ouvre et dieu merci, j'ai enfin trouvé ces satanées couches. Le soulagement me surprend d'un coup car sans ça, la vie pourrait être chaotique. Imaginez-vous des excréments partout ? Ce serait invivable !

Une fois son sac fait, je le pose en haut de l'escalier avec le mien. Je pars voir ensuite où en est Télio. En entrant, je suis choqué. Il est devant sa bibliothèque, ankylosé telle une statue, ne bougeant pas d'un poil.

- Télio tu accouches ?

Il se retourne vers moi dans un saut de quinze mètres, le regard terrifié.

- Je ne sais pas quoi prendre, dit-il la voix brisée. Je... je...

Il craque... Il fallait s'y attendre ; il n'a pas l'habitude des changements urgents qui peuvent arriver dans une vie surnaturelle. C'est nouveau pour lui. Il ne voyait que le côté extraordinaire de notre nature, mais il ignorait les dangers qu'on encourt tous les jours. Je m'avance vers lui et l'enlace sans plus attendre afin de le réconforter.

Le destin d'ÉliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant