Chapitre 12

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Ils avaient changé de salle pour se retrouver dans une autre beaucoup plus grande, munie de musiciens. Le cours de danse avait commencé il y a quelques minutes, et Kyoka sentait déjà qu'elle avait gagné un allé simple pour le laboratoire des herboristes pour fracture des orteils. Assise sur une méridienne, elle se massait les tempes, lasse d'entendre les excuses de Kaminari.

— Quand tu t'excuses, fais au moins l'effort de t'améliorer à la danse suivante!

— Je le sais, mais ce n'est pas évident!

— Comment un prince peut-il être un aussi piètre danseur? Tu ne vas pas souvent à des bals?

— Malheureusement, oui.

— Attends... Quoi?

Est-ce qu'il était sérieux? Elle le fixa longuement, tentant de déceler la moindre trace d'amusement. Mais elle ne vit que le regard penaud du prince, regrettant de lui avoir marché plus de dix fois sur les pieds.

— Tu... Tu es vraiment sérieux, Kaminari?

— Oui... Dit-il, hésitant.

— Mais pourquoi?

— Eh bien, ma réputation de prince stupide a fait le tour des royaumes. Rares sont les personnes qui osent m'inviter à des réceptions, sachant parfaitement que je ne connais presque rien à l'éthique.

— Je suis sûre que ce n'est pas vrai. L'éthique, il n'y a rien de plus facile.

Mais Kyoka regretta vite ses mots quand elle apprit ce que Denki avait fait à un mariage. La jeune femme s'était cognée la jambe contre une table et avait crié de douleur. Voulant voir l'état de sa jambe, le blond souleva sa jupe, ce qui la fit crier encore plus et qui lui valut une belle claque. Il n'avait aucune intention malsaine! C'était normal de vouloir constater les dégâts et prendre une solution adéquate. Il n'avait pas compris pourquoi elle avait réagi ainsi. Kyoka cacha son visage entre ses mains, dépitée.

— Kaminari, on ne soulève pas la jupe d'une dame. Jamais. Même pas pour voir si elle est blessée.

— Mais elle semblait souffrir!

— Il fallait appeler une herboriste!

Puis, il lui raconta qu'à l'anniversaire d'une princesse, il l'avait invité à danser. La malheureuse avait accepté et s'était retrouvée dans la mare aux canards avec sa toute nouvelle robe. Son fiancé n'avait pas laissé passé cela et avait agressé Denki. Il avait lui aussi fini dans la mare. Mais le pire était qu'il s'était essuyé le visage avec le mouchoir de la princesse. C'était ce qu'il y avait à proximité pour chasser la boue de son visage. Encore une fois, Kyoka frotta ses mains contre son visage, à la limite des larmes.

— Kaminari, un mouchoir, c'est quelque chose d'intime! Comment peux-tu t'en servir pour t'essuyer le visage?!

— Je ne savais pas! Et puis, comment un mouchoir peut-il être intime?

— Tu n'y connais vraiment rien à rien.

— Justement, c'est ça le problème.

— Ça veut donc dire que j'ai encore une montagne de travail.

Malgré tout, Kyoka se releva et alla affronter le pire danseur de tous les temps. Denki ne savait même pas suivre des pas de danse aussi simple que bonjour! C'était une vraie calamité! Au moins, il ne l'avait pas jeté vers les musiciens, c'était déjà ça. La brune plaignait toutes les anciennes partenaires de danse du prince. Il n'avait aucune souplesse, aucune grâce et aucun maintien. Ses pieds s'emmêlaient très facilement et il trébuchait toujours, manquant de peu d'emmener son professeur dans sa chute. Et quand elle arrivait à le retenir de se fracasser la tête contre le sol, il lui écrasait les pieds. Quel calvaire!

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant