Chapitre 15

21 3 1
                                    

Pour la première fois, Denki avait pris note de tout ce que Kyoka disait. Il était concentré, ce qui fit plaisir à la professeure. Elle était finalement arrivée à bout de sa stupidité. Comme quoi un évènement marquant pouvait provoquer des changements chez les gens. C'était tout simplement merveilleux.

Par contre, ce qui l'était moins, c'était la peur du prince. Il était tellement effrayé par la pensée de voir plus de monde que ceux à l'anniversaire de la princesse Asui qu'il avait réussi à convaincre Kyoka de venir avec lui. Non sans avoir versé quelques larmes. Ils allaient aussi devoir travailler sur sa confiance en soi.

— Merci de venir, Jirou. Si tu es dans les parages pour me rappeler à l'ordre, je suis sûr de ne pas commettre d'erreur.

— Oui, oui, très intéressant.

Denki observa la jeune femme assise en face de lui. Elle avait l'air ailleurs, avec une mine très sérieuse.

— Quelque chose ne va pas? Demanda-t-il.

— J'ai l'impression d'oublier Quelque chose.

— Rien d'important, j'espère.

— J'espère aussi.

Mais une Jirou ne pouvait pas oublier de choses importantes. Ce serait vraiment inacceptable. Convaincue d'avoir tout bon, Kyoka se détendit du mieux qu'elle pouvait. Elle venait d'une famille de surdoués. Impossible qu'elle ait oublié quelque chose. Tout allait bien. Mais même si elle se disait cela, il y avait toujours un léger doute.

Devant le silence pesant, le blond se décida à parler.

— Est-ce que tu as peur de rencontrer des gens?

— Pas du tout. Toute ma vie n'est que rencontres. Ce serait totalement ridicule d'avoir peur de parler avec des adultes de mon âge.

— Je suis content pour toi. Moi... c'est un peu plus compliqué. Je n'ai pas beaucoup d'amis en dehors de Shoto et Eijiro.

— Dis plutôt que tu n'en as aucun, à part eux.

— Oui, c'est ça. Tu crois que je pourrais me faire des amis, là-bas?

— Tu n'es plus un enfant, Kaminari.

Il ria de ce commentaire, se rendant compte qu'il avait atteint l'apogée de l'anxiété. Il fallait qu'il se calme. Ce n'était qu'une partie de chasse et il n'y avait pas beaucoup de formalités. En plus, il avait Jirou à ses côtés. Ça ne serait que plus facile. Elle serait là, à le corriger discrètement s'il en avait besoin. Encore un peu et il allait la considérer comme un porte bonheur.

Durant le trajet, ils avaient abordé divers sujets de conversation. Kyoka était toujours aussi calée sur tout ce dont ils parlaient. Sa culture générale étaient vraiment parfaite. Même pour les sports, elle avait son mot à dire et ses théories à expliquer. Denki était impressionné. Elle était très intelligente et elle ne s'en vantait pas. Pas comme un certain prince dont il avait oublié le nom. La noiraude était dans son élément partout. Elle s'adaptait très facilement et c'était pour ça que Denki l'admirait. Elle était tout ce qu'il voudrait être.

Elle était confiante, intelligente, futée et avait une bonne répartie. Et par-dessus tout, elle était jolie. Il aimait particulièrement quand elle riait. Même quand c'était pour se moquer de lui, son sourire le faisait sourire. S'il pouvait survivre aux répliques acerbes de sa professeure, ça serait facile avec les commentaires des autres. Kyoka l'avait poussé plus loin et il ne savait pas comment la remercier pour ça.

En début d'après-midi, ils étaient arrivés au lieu de rendez-vous. Plusieurs carrosses étaient déjà présents et des chapiteaux avaient été montés pour accueillir ceux qui ne participaient pas à la chasse. Ils abritaient en majorité des dames. Aussitôt descendue, Kyoka laissa Denki avec les valets pour aller rejoindre d'autres filles.

— Jirou, par ici!

Ça faisait longtemps qu'elle ne les avait pas vu. Elle rejoignit vite le groupe, souriante. Celle qui venait de la saluer était la duchesse Occhaco Uraraka. Une jolie brune aux cheveux courts. Un vrai rayon de soleil. Puis, elle salua toutes les autres. La princesse Tsuyu Asui était présente, accompagnée de dame Itsuka Kendo. Près d'elles se tenait la baronne Pony Tsunotori. Et pour finir, celle qu'elle appréciait le moins, la princesse Himiko Toga.

— C'est un vrai plaisir de vous revoir! S'exclama Occhaco.

— Plaisir partagé!

— Et je vois que vous n'êtes pas venue seule. Siffla Himiko.

Les jeunes femmes tournèrent leurs regards vers Denki qui finalisait sa discussion avec les valets. La princesse Toga lâcha un rire mauvais et se retourna vers Kyoka.

— J'ai ouïe dire que vous étiez chargée de son enseignement. Est-ce vrai, Jirou?

— Effectivement, oui.

— Oh, ça ne doit pas être de tout repos de s'occuper d'un prince sans aucun esprit. De toute ma vie, je n'ai jamais entendu que ça de lui. C'est peut-être congénital.

— Princesse Toga. Murmura Pony. Ce n'est pas très poli de dire ça.

La concernée haussa ses épaules dénudées, indifférente.

— Je ne fais que dire la vérité. Cet homme est le pire des sots. C'est une honte qu'une personne aussi ignorante ose prétendre être prince. Jirou, il doit vraiment vous embarrasser, n'est-ce pas? Après tout, ce serait compréhensible. Aucune personne saine d'esprit ne voudrait se retrouver en sa compagnie de peur de mourir d'ennui et de honte.

— Princesse Toga, il serait peut-être temps d'arrêter. Coupa Tsuyu.

Elle s'arrêta de parler, mais son sourire était toujours là. Si Denki Kaminari était le prince stupide, Himiko Toga était la princesse à scandales. Sa popularité était aussi terrible que celle du blond. Cette princesse attirait les regards à cause de sa tenue vestimentaire un peu trop osée et son comportement. La robe qu'elle portait ne couvrait pas ses épaules et ses clavicules. Et elle était courte devant, laissant ses jambes à l'air, et longue derrière. Et ce n'était que la première de toute une collection. Elle avait des activités assez particulières. Enfin, ce n'était que des rumeurs, mais certaines personnes étaient sûres que c'était la vérité.

On la soupçonnait de faire du harcèlement moral, ce qui rendait ses domestiques complètement folles, au sens propre. Elle aimait aussi médire des gens. Kyoka ne pouvait plus supporter d'entendre tout ce qu'elle crachait. Est-ce que c'était ça que vivait Denki tous les jours? Même avec elle? Est-ce qu'on le dénigrait comme cela, en face à face? Que pouvait-il bien ressentir en entendant ces mots tellement blessants? Même s'ils ne lui étaient pas destinés, Kyoka pris ces mots à cœur. Elle ne pouvait pas supporter ça. Sa colère s'embrasa peu à peu. Et elle était obligée de se retenir d'étrangler la princesse Himiko.

Comment pouvait-on être aussi méchant? Est-ce qu'elle était consciente de tout ce qu'elle disait? Et elle avait tout lâché devant des dames de la haute sphère, qui plus est. Cette fille avait la langue bien trop pendue. Toga était l'impudicité personnifiée.

— Ça m'étonnerait qu'une dame puisse accepter sa broche. Il sera tout penaud quand il sera le seul à en avoir une en sa possession.

— Oh, mesdemoiselles! À votre avis, qui va vous offrir une broche, aujourd'hui?

Itsuka Kendo avait vite changé de sujet, ne voulant pas entendre les propos rabaissants de la blonde. Les visages des autres femmes s'illuminèrent et elles prirent beaucoup de plaisir à débattre sur le sujet. Et elles espéraient toutes que Toga ne trouve pas de faille dans leur discussion pour faire entrer une discorde. C'était la spécialité de cette fille. Elle pouvait transformer deux proches amis en ennemis mortels.

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant