Dans le palais de Kana, tout était tranquille. Chacun vaquait à ses occupations et une journée comme les autres se déroula encore. C'était bientôt la fin de l'hiver et quelques fleurs commençaient déjà à bourgeonner. Tout le monde peaufinait ses projets pour le printemps, tout comme le prince. Assis dans son bureau, il rêvassait. Et il allait de soi qu'il pensait à une seule et unique personne. Denki était tellement amoureux que ça rendait Todoroki malade. Ils travaillaient à peine et à la moindre occasion, le blond faisait entrer Jirou dans la conversation. Excédé, le bras droit du prince prit congé.
Dans les couloirs, il vit passer la professeure et lui adressa un hochement de tête indifférent qu'elle lui rendit. Elle entra dans le bureau de Denki et ce dernier fut plus qu'heureux de la voir.
— Kyoka, ça tombe bien que tu sois là!
— Je ne sais pas pourquoi, mais Todoroki a l'air un peu ronchon aujourd'hui.
— Ne fais pas attention à lui. Viens, j'ai quelque chose à te montrer.
La jeune femme se pressa pour se placer à ses côtés et regarder ce qu'il avait à lui montrer. Sur la table étaient posés des plans. Elle ne comprit pas tout au début. Alors, Kaminari prit une feuille et lui montra. C'était le plan du troisième étage du palais. L'une des salles avait été entourée à l'encre noire. Et c'était justement cette salle que le prince pointa.
— C'est une salle inoccupée.
— Et donc?
— Eh bien, je me disais que... Bientôt... Peut-être... Si tu le veux bien sûr...
— Viens-en au fait, Denki. Je n'aime pas quand quelqu'un tourne autour du pot.
Le prince rougit légèrement et Kyoka leva un sourcil. Mais il prit son courage à deux mains et se jeta à l'eau.
— J'ai trouvé un moyen pour que tu ne partes pas.
— Ah bon? Et quel est ce moyen?
— Eh bien... Le mariage.
Cette fois, c'est Kyoka qui rougit. À la fin des six mois stipulés dans son contrat, elle devait partir. Mais comme les choses étaient devenues différentes, elle ne voulait pas s'en aller. Mais si leur relation n'était pas officialisée, elle serait obligée de rentrer chez elle. Elle n'avait jamais pensé à ça. Ni a partir, ni au mariage. Mais quand Denki lui avait présenté l'idée, elle se sentit étrange. Rester avec lui pour toujours?
— Nous ne serions plus obligés de nous cacher des domestiques pour nous voir. On pourra partager la même chambre. Et... Pourquoi pas avoir un enfant?
Kyoka était sans voix. Elle détacha son regard des plans pour regarder Denki dans les yeux. Il voulait réellement cet avenir pour eux. Et lire cette vérité dans ses yeux accéléra les battements du cœur de la noiraude. Le prince se leva et prit ses mains. Il n'avait jamais été aussi sérieux de toute sa vie. Le gamin que Kyoka avait enseigné n'était plus. Il était devenu un homme. Un homme qui la rendait folle quand il la regardait de cette manière si tendre qui lui était propre.
— Kyoka, je veux passer le restant de mes jours avec toi. Je sais que pour toi, c'est sûrement trop rapide. Nous ne sommes ensemble que depuis peu et j'ai conscience que je me précipite légèrement. Mais si je suis sûr d'une chose, c'est que je ne veux de personne d'autre à part toi dans ma vie. Alors, je te fais ma demande maintenant, mais tu peux prendre tout le temps qu'il te faudra pour y réfléchir. Ça peut être demain, après-demain, la semaine prochaine ou même dans un an, ce n'est pas grave. J'attendrai.
Denki sentait ses mains trembler contre les siennes. Il l'a sûrement prise de court. Mais il ne pouvait pas attendre un jour de plus pour lui demander. Il voulait s'assurer d'être avec elle pour de longues années, sans avoir à s'inquiéter que quelqu'un puisse se mettre entre eux. Alors, pour ne pas la presser dans sa décision, le prince opta pour ne pas poser la fameuse question. Un simple "veux-tu m'épouser?" ne convenait pas à la situation. Il a avait promis d'attendre, alors il attendrait.
— Je souhaite que tu deviennes mon épouse, Kyoka Jirou.
Kyoka avait entendu ce qu'il avait dit et savait qu'elle avait le temps d'y penser. Mais elle sentait qu'elle devait lui donner une réponse dans les plus brefs délais. Le cœur battant, elle avala difficilement sa salive.
— Je...
Pour couper sa phrase, la porte du bureau s'ouvrit brusquement sur Shoto, qui avait l'air d'avoir couru un marathon. Ce n'était pas le bon moment, pensait Denki. Mais son bras droit avait quelque chose d'important à lui dire.
— Nous sommes attaqués.
— Quoi? S'exclama-t-il.
— Les villageois ont pris le palais d'assaut.
— Mais pourquoi?
— Je ne sais pas. Les soldats ne savent pas quoi faire. Ils ne veulent pas blesser le peuple.
Immédiatement, la petite bulle de Denki et Kyoka éclata et le prince lâcha ses mains pour aller analyser la situation. La professeure le suivit, mais il se retourna et posa ses mains sur ses épaules.
— Tu restes ici.
— Mais je veux aider aussi!
— Non, c'est trop dangereux.
— Denki, c'est...
— Je t'ai demandé de rester là!
Kyoka sursauta. C'était la première fois qu'il criait aussi fort. Dans ses yeux, il n'y avait pas de colère. Juste une vive inquiétude. La noiraude fit donc un pas en arrière et laissa les deux hommes rejoindre les gardes royaux. En courant dans les couloirs, ils remarquèrent que le silence était roi. Il n'y avait pas l'ombre d'un seul soldat. Mais où étaient-ils tous passés? Shoto semblait le savoir, mais ne dit rien. Il se contenta de guider son prince vers l'entrée principale du château. En chemin, ils récupérèrent des armes. Et quand ils arrivèrent dehors, c'était un vrai champ de bataille.
Le prince ne voyait pas la témérité de ses soldats. Il ne voyait pas leur force et leur courage. Seul la peur était visible dans leurs regards. Certains d'entre eux étaient à terre, blessés, tandis que d'autres essayaient tant bien que mal de tenir debout et repousser les villageois. Le roi était dans la foulée, brandissant son épée contre l'un de ses fidèles sujets. Pourquoi est-ce qu'ils faisaient cela? Pourquoi les villageois voudrait attaquer le palais? Mais l'heure n'était pas aux questions. Le prince courut pour aider son père, usant de son épée avec laquelle il avait juré de protéger Kana. Jamais il n'aurait pensé qu'il pourrait l'utiliser contre ses habitants.
Mais rapidement, il comprit que le peuple n'était pas dans la cour du château, juste parce qu'il était mécontent. Chacune des personnes que Denki affronta avait une mine blasé, le regard pointé sur un seul point, tel une poupée. Elles ne disaient rien et se contentaient de combattre. Ce n'était pas normal. Après avoir donné un coup de pied dans le ventre d'une couturière qu'il connaissait bien, Denki haleta, déjà fatigué et apeuré par ce qui se passait. Cette femme qu'il venait de repousser violemment était celle qui faisait les uniformes des soldats. Elle était si gentille. Et quand son corps rencontra brutalement le sol, elle ne cilla pas. Comme si elle était sous hypnose.
C'est alors qu'il leva les yeux vers les grilles. Il vit un homme avancer entre les personnes, comme s'il n'assistait pas à une bataille sanglante. Ses cheveux blonds lui tombaient sur les épaules, encadrant un visage au sourire large. Son expression donna des sueurs froides à Denki. Est-ce que ça plaisait à cet inconnu de regarder tout le monde se déchirer? Le prince remarqua alors quelque chose d'étrange chez lui. Alors que ses bras se balançaient le long de son corps, des fils violets sortaient du bout de ses doigts et allaient dans toutes les directions avant de disparaître. Qui était cet homme?
Quelques secondes après son arrivée, l'affrontement cessa, laissant le palais en position de faiblesse. Les gardes s'étaient arrêtés, ainsi que le roi. Ce dernier tremblait en tenant son épée, ne pouvant croire que l'homme qui se tenait debout non loin de lui était le coupable de l'état second de ces villageois. Et d'une voix forte et sûre d'elle, le nouveau venu se présenta.
— Mesdames et messieurs, pardonnez ma venue soudaine, mais je ne pouvais pas faire autrement. Certains d'entre vous me connaissent sûrement déjà, mais je pense que me présenter ne serait pas une mauvaise idée.
Qui était-ce?
— Je suis Kyotoku Jirou.

VOUS LISEZ
Apprenti prince
Fanfiction"- Soyons honnêtes, votre majesté. Votre fils n'a pas les épaules qu'il faut pour vous succéder au trône. - Je ne le sais que trop bien. mais que faire? - J'ai une solution." Évidemment, personne ne veut d'un prince incompétent. C'est pour cette r...