Chapitre 50

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Miraculeusement - mais surtout grâce à beaucoup de chance -, Kyoka arriva à faire monter le souverain dans sa calèche. Après tout, il n'avait pas trop le choix. Soit la calèche d'une traîtresse, soit la mort. D'autant plus qu'il n'était plus tout jeune et les longues batailles n'étaient plus de son âge. Alors, il se retrouva assise avec une traîtresse, son fils, deux soldats - Ashido et Kirishima - et Todoroki. Ça avait été très difficile de sortir du palais. Les villageois les avaient pourchassés pendant quelques minutes, jusqu'à abandonner. Kyotoku croyait sûrement qu'ils allaient revenir. Et c'était le cas. Le roi allait revenir récupérer son trône, et Kyoka allait s'en assurer. Mais pour l'instant, personne dans le petit moyen de transport ne lui faisait confiance. Même pas Mina.

La professeure se sentait mal qu'elle ait appris une aussi terrible nouvelle. La jeune Ashido lui avait accordé son amitié. Elle lui avait même acheté une robe. Kyoka ne pouvait imaginer comment elle se sentait après avoir été poignardée dans le dos. C'était sûr qu'elle lui en voulait amèrement. En montant avec précipitation dans la calèche, Mina n'avait même pas jeté un regard à Kyoka. Elle avait beau l'avoir sauvée d'une armée de fermiers ensorcelés, elle n'allait pas lui adresser la parole pour autant.

Et il en était de même pour tous les autres. Les quatre hommes près d'Ashido restaient silencieux, alors que leur moyen de transport s'enfonçait dans les bois, loin de château, là où personne ne pourrait les retrouver. Kana avait des forêts très denses et vastes que c'était difficile de s'y repérer. Le trajet durait déjà depuis quelques heures, et bientôt, le soleil se coucha, laissant place à une nuit noire et froide. Ils ne pouvaient aller nulle part à cette heure, alors Kyoka arrêta le cheval. Ils allaient devoir dresser un campement.

Le petit groupe descendit calmement, toujours en silence. Mais Denki ne tarda pas à craquer. Il soupira et fit de grandes enjambées pour s'éloigner des autres. La jeune femme le suivit, consciente qu'elle lui devait beaucoup d'explication, ainsi que des excuses, même si elle était quasiment sûre qu'il n'allait pas pardonner une traîtrise.

- Denki, attend!

Mais il était beaucoup plus rapide qu'elle et s'enfuyait entre les troncs d'arbres. Kyoka avait du mal à suivre. Elle devait lui parler.

- Attend! Laisse-moi t'expliquer!

Soudainement, il fit volte face et la professeure faillit tomber, ayant glissé sur le sol. Malgré la nuit, elle pouvait voir les yeux du prince briller, emplis de larmes. Cette vision lui serra le cœur. Mais le sien n'était pas plus meurtri que celui du blond. Accablé par la vérité qui était sortie de la bouche de Kyotoku, Denki avait envie de pleurer. Il était si stupide... Mais en même temps, il y avait quelque chose en lui qui s'accrochait à Kyoka. Quelque chose qui lui disait qu'elle n'était pas mauvaise. Et pourtant, elle l'était. C'était une traîtresse. Alors pourquoi?

Le regard ancré dans celui de la jeune femme, le prince laissa couler une larme.

- Que veux-tu expliquer? Demanda-t-il d'un ton colérique.

- C'est...

- Il n'y a rien à expliquer! Tu as donné les plans à ton père et tu nous a trahi! Tu m'as trahi! Pendant tout ce temps, tu t'es jouée de moi et j'ai cru à tes mensonges! Et en passant, combien m'en as-tu dit? À combien de tromperies j'ai cru? Est-ce que tu m'as vraiment aimé au moins?

Kyoka ne l'avait jamais vu aussi en colère et triste. Et elle l'était aussi. Ses yeux picotaient et elle menaçait de fondre en larmes. Mais elle n'en avait pas le droit. Denki laissa échapper un soupir mêlé de sanglots, voyant qu'elle ne répondait pas. Il veut qu'elle lui dise la vérité.

- Tu n'es pas venue pour m'enseigner, mais pour donner le trône à ton père... Quoi d'autres? Qu'est-ce que tu caches d'autres sous tes airs de sainte professeure?

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant