Chapitre 54

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Les temps s'était écoulé à la lenteur d'un escargot après les évènements. Toutes les personnes ensorcelées retrouvèrent leurs esprits quand Kyotoku Jirou rendit l'âme. C'était la panique générale dans le palais. Les gardes n'eurent pas le temps de comprendre ce qui se passaient qu'ils reçurent l'ordre de faire sortir les villageois dans le calme. On se débarrassa vite du corps du paternel Jirou et sa fille partit avec le carrosse des pompes funèbres. Le roi avait décidé de ne pas l'envoyer en prison, étant donné qu'elle avait aidé à vaincre cet homme.

Après ça, trois mois s'étaient écoulés, sans que le prince ne la revit. Il fut débordé à cause de désordre causé par le père de la jeune femme. Le magicien avait réussi à passer le poste de gardes sans avoir été arrêté par les soldats. Il avait également changé le paisible village en un capharnaüm. Les villageois qui n'ont pas été sous son influence avaient essayé de repousser ses marionnettes, mais rien à faire. Tous les soldats du palais furent mobilisés pour une reconstruction du village. Denki n'eut pas le temps de se poser et faire le tri dans ses sentiments. En tant que prince, il devait gérer cette situation aux côtés de son père.

L'affaire s'était ébruitée et les ambassadeurs des royaumes alliés arrivèrent en grand nombre pour prendre des nouvelles de Kana, ainsi que pour s'assurer que cette situation ne nuise pas aux relations qu'ils entretenaient. Les réunions n'en finissaient pas. Il fallait aussi faire des réparations dans le palais, car les marionnettes avaient détruit une partie des jardins, démolis quelques murs et statues. C'était la pagaille totale. Le prince eut l'impression d'être pris dans une spirale infinie qui ne le laissait plus rien entrevoir.

Mais de temps à autre, il avait quelques heures de libre, qu'il avait utilisées pour prendre des nouvelles des Jirou. Ou plutôt de Kyoka. Très peu de leurs grands amis étaient venus à la veillée mortuaire de Kyotoku. Et personne à part sa propre famille n'avait assisté à son enterrement. Après le coup d'État du chef de famille, les gens avaient préféré prendre leurs distances avec les Jirou, pour ne pas dire qu'ils coupaient les ponts avec eux. Ça n'avait pas tellement attristé Mika Jirou. Elle était enfin libérée de ce joug et pouvait se consacrer à autre chose.

Le prince avait assisté de loin à l'enterrement. Son cœur lui fit mal en voyant Kyoka habillée d'une robe noire, le visage baissé sur la tombe de son père. Que prouvait-elle bien ressentir? Est-ce qu'elle le pleurait encore, quand elle était seule? Denki n'avait qu'une seule envie, et c'était de la serrer dans ses bras. Mais l'heure de partir arriva beaucoup trop tôt et il ne la revit plus. Il ne lui restait d'elle qu'un souvenir douloureux. Son cœur, elle l'avait emporté, et il sentait un grand vide dans sa poitrine. C'était la relation la plus déchirante qu'il ait jamais eu dans sa vie.

Un jour, alors que Denki marchait dans les couloirs en direction du bureau du roi, il se stoppa net en voyant une personne en sortir. Et ce n'était autre que la professeure, qui avait laissé tomber ses habits formels pour une tenue beaucoup plus décontractée. Elle ne ressemblait plus à cette femme stricte et haut placée. Elle était habillée comme la plus ordinaire des filles. Mais pour le blond, elle était la plus spéciale de toutes. Kyoka rayonnait dans cette robe violette. Quand elle le vit, elle esquissa un sourire. Le cœur du prince loupa un battement et il fut obligé de se retenir pour ne pas pleurer.

— Bonjour, votre altesse. Dit-elle.

— Bonjour... Que...

— Je ne suis pas venue recoller les morceaux, ne t'en fais pas. 

Il eut un pincement au cœur en l'entendant prononcer ces mots. Pendant un court instant, il avait espéré qu'elle revienne vers lui. Il était prêt à lui pardonner et à tout reprendre de zéro avec elle. Mais elle lui annonçait qu'elle n'était pas venue pour lui. Qui sait? Peut-être que le roi l'a menacée? Mais le sourire sur son visage disait tout le contraire. Kyoka semblait sereine.

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