Cela faisait déjà plus d'une heure que Denki attendait devant la porte du bureau de son père. Un peu plus tôt dans la matinée, Jirou avait fini de rassembler toutes ses notes. Et elle avait décidé d'aller les montrer à son père avant même de les lui montrer. Il attendait donc que la jeune femme sorte de cette salle, afin de connaître sa moyenne.
Il avait fait des efforts, mais sentait que ça ne serait pas suffisant. Le blond avait une tonne de choses à faire. Il devait en même temps étudier et gérer ses affaires princières. Bon, ce n'était que deux choses, et plusieurs personnes seraient capables de faire plus de trois choses à la fois. Mais pour lui, c'était différent. Denki n'avait pas l'habitude de travailler. C'était la première fois qu'il était sérieux dans ses études. Et il espérait avoir une bonne moyenne pour pouvoir emmener Kyoka au théâtre.
Mais malgré cela, il avait tout de même des doutes. Il n'avait jamais vraiment été doué pour quoi que ce soit. Le prince commençait à peine à prendre les études au sérieux. Peut-être qu'il n'aurait pas de bonnes notes. Rien qu'à cette pensée, il se tassa dans son siège et soupira. S'il n'avait pas la moyenne, il ne pourrait pas sortir. Mais ce n'était pas le pire. S'il ne réussissait pas à cet examen, Jirou serait en colère contre lui et elle se remettrait à l'insulter et se moquer.
Et son père n'allait pas l'aider. Les sermons allaient reprendre. Ce n'était pas ce que Denki aimait le plus. À chaque fois, c'était douloureux. Mais avec le temps, il avait appris à supporter tout ça et à retenir ses larmes. Mais sa parfaite maîtrise du visage de marbre devant des insultes rabaissantes ne pouvaient inhiber ses sentiments. Ça ne l'empêchait pas de vouloir fondre en larmes et détruire tout ce qu'il y avait sur son chemin. Pendant des années, Denki se dit qu'il n'avait rien à faire des dires des gens. Mais c'était toujours une carapace fragile.
Le grincement de la porte coupa le cours de ses pensées et Kyoka sortit de la salle, le visage fermé. C'était la même tête qu'elle avait fait à son arrivée. On ne pouvait deviner ce qu'elle avait à l'esprit. Elle était la copie féminine de Shoto. Sauf que Todoroki n'était pas aussi jolie qu'elle. Le prince se leva et la fixa longuement, espérant qu'elle mette fin à cette attente.
- Alors, qu'a-t-il dit?
- Il a dit qu'on ne rendra pas Socrate jaloux avec une moyenne pareille.
C'était inévitable. À quoi s'attendait-il? Il avait encore beaucoup de chemin à faire. Face à sa mine déconfite, Kyoka esquissa un demi-sourire.
- Mais 10/20, ce n'est pas rien non plus.
Le cœur du prince fut le premier à réagir. Puis, ses mains tremblèrent. Quand Kyoka lui offrit un beau sourire suivi d'un "félicitations", les larmes coulèrent le long de ses joues. Il était tellement heureux. Avec l'une de ses manches, il effaça ses larmes tout en riant.
- Merci! Merci beaucoup Jirou! Je n'y serais jamais arrivé sans toi!
- C'est vrai. Mais tu as fait ta part également. C'est vrai qu'un âne avance quand il a une carotte sous le nez.
Denki ria et enlaça son professeur. Quel bonheur! Il avait échappé de peu à des sermons et des insultes. En plus, il pourrait emmener Kyoka au théâtre. Sans même qu'elle ne réponde à son étreinte, il la relâcha et posa ses mains sur ses épaules.
- Parlons maintenant de ma récompense. Dit-il.
- Tu es pressé, dit donc. Qu'est-ce que tu veux?
- Une sortie.
- Une sortie?
- Avec toi. Ce soir, j'aimerai t'emmener quelque part.
- Où ça?
- Ah, c'est une surprise.
- Je déteste les surprises.
- Dans ce cas, on se voit ce soir. Je viendrai te chercher. Tiens-toi prête.
Puis, il s'en alla en courant Dieu savait où. Kyoka lâcha un rire devant l'enthousiasme du prince. Pendant un instant, il pleurait, et la minute d'après, il faisait l'idiot. C'était à ne rien y comprendre. Denki était encore un enfant dans sa tête.
Le soir venu, la jeune Jirou était en train de faire les cent pas dans sa chambre, attendant impatiemment le prince. Contrairement à ce qu'elle avait dit plus tôt, elle aimait beaucoup les surprises. Une vie sans surprise n'en était pas une, selon elle. Elle avait vécu dans la monotonie toute sa vie. Kyoka cherchait quelque chose de nouveau et d'excitant. Quelque chose qui la ferait se sentir vivante. Une chose qui ferait battre son cœur comme jamais auparavant. Et peut-être que le prince Kaminari allait lui donner ce qu'elle cherchait.
Au bout d'un moment, elle entendit frapper et se précipita vers la porte pour ouvrir. Comme elle l'avait espéré, c'était Denki. Il lui offrit un beau sourire avant de poser son index contre ses lèvres, lui intimant de ne faire aucun bruit. Puis, il lui tendit la main et Kyoka s'en saisit. Main dans la main, les deux jeunes gens se faufilèrent à pas de loup dans les couloirs, évitant soigneusement les gardes qui patrouillaient. Si par malheur ils venaient à se faire attraper, le roi n'allait peut-être pas être clément envers eux.
Kyoka n'avait jamais fait ça avant. Elle n'était jamais sortie en pleine nuit. Un tas de sentiments se mélangeaient en elle, faisant trembler ses mains. Elle avait peur de se balader dans ce grand château dans le noir. Ce n'était effectivement pas très rassurant de regarder les portraits éclairés par la lumière blafarde de la lune. Elle appréhendait aussi la venue d'un garde qui ne soit pas Ashido. Avec elle, ils s'en sortiraient probablement sans aucun mal. La jeune femme rose les encouragerait même.
Mais tout en ressentant la peur lui broyer les tripes, Kyoka sentait aussi autre chose qui faisait battre son cœur plus rapidement. Elle allait sortir de nuit pour la première fois de sa vie. C'était grisant. Un beau mélange d'appréhension et d'excitation. C'était un nouveau sentiment qu'elle appréciait étrangement. Si elle avait été un professeur aussi sage, elle aurait catégoriquement refusé de sortir. Mais apparemment, elle n'était pas aussi sage qu'elle voulait le faire croire. La jeune Jirou aimait cette sensation d'enfreindre les règles sans que personne ne soit au courant.
L'adrénaline n'était toujours pas retombée quand ils sortirent du château pour rejoindre les bois. Toujours les doigts entrelacés, Denki guidait la jeune femme afin qu'elle ne se fasse pas mal en marchant sur les racines des arbres. Kyoka se tourna alors vers le palais. Ce dernier était éclairé par quelques lanternes. Puis, elle se rendit compte qu'elle ne l'avait jamais observé de loin, et encore moins depuis les bois. Sentant qu'elle ne bougeait plus, le blond se retourna pour la regarder.
Est-ce qu'elle regrettait d'être sortie? Avait-elle peur? Après tout, ce ne serait étonnant.
- Jirou? Tout va bien? Tu... Tu veux qu'on rentre?
- Non. Non, ce n'est pas ça. C'est que... je n'ai jamais fait ça avant. C'est tellement nouveau que j'en suis bouleversée. Mais je dois avouer que ça ne me déplaît pas.
Denki sourit. Il avait ressenti presque la même chose à ses débuts en tant que passe-muraille.

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Apprenti prince
Fiksi Penggemar"- Soyons honnêtes, votre majesté. Votre fils n'a pas les épaules qu'il faut pour vous succéder au trône. - Je ne le sais que trop bien. mais que faire? - J'ai une solution." Évidemment, personne ne veut d'un prince incompétent. C'est pour cette r...