Chapitre 34

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— Je ne joue d'aucun instrument, malheureusement.

— Mais pourquoi?

— Toute ma vie, j'ai été occupée à entretenir la réputation de ma famille. Je n'ai jamais trouvé le temps pour apprendre à jouer d'un instrument.

— Moi qui pensais que tu savais tout faire.

— Eh non. La vie est mal faite, n'est-ce pas?

Denki ria et s'allongea sur le dos, les mains croisées derrière la tête.

— Je suis enfin meilleur que toi en quelque chose.

— Et cette unique chose te rend si fier?

— Absolument.

La noiraude roula des yeux, sans omettre un demi-sourire amusé. S'il savait qu'il était loin de son niveau en musique, il rangerait vite sa fierté.

— Votre altesse!

Cette voix féminine suraiguë les avait fait sursauter. Denki se redressa vite, appréhendant une domestique venue le chercher. Il n'avait pas fait part à son père de sa sortie dans l'après-midi. On devait probablement le chercher partout. Mais en regardant ladite domestique, il ne se rappelait pas de l'avoir déjà vu travailler au palais. Il l'avait déjà vue, mais où? Et quand? La nouvelle venue accourut à grands pas vers eux et Kyoka se releva vite avant de s'incliner. Denki l'imita, tout en essayant de se rappeler d'où il l'avait vue.

— Bonjour! Dit-elle d'un ton enjoué.

— Ça y est, je me rappelle! Vous êtes la vendeuse de rideaux!

Cette femme, il l'avait croisé il y a un an, alors que son père eut la lubie de changer les rideaux du palais. Il avait fait venir du tissus de Dieu savait où, rien que pour décorer les fenêtres. Ladite vendeuse de rideaux eut un rire gêné et Kyoka leva un sourcil. Ne la reconnaissait-il pas? Ce ne serait pas étonnant.

— Denki, ce n'est pas une vendeuse de rideaux.

— Effectivement, je ne suis pas une vendeuse de rideaux. Celui qui devait s'occuper de cette tâche avait eu un empêchement et j'ai dû le remplacer. Je suis la trésorière de la famille Yaoyoruzu, Momo Yaoyoruzu.

C'était donc elle, cette fameuse Yaoyoruzu, fiancée de Shoto. En parlant lu loup, ce dernier arriva avec un cheval. Et malgré son air constamment impassible, on pouvait facilement deviner qu'il n'avait pas tellement envie d'aller leur parler. La rencontre de Kaminari et Jirou était un contretemps gênant pour lui. Il n'avait pas prévu de passer une après-midi en leur compagnie, mais plutôt avec Momo. Il salua tout de même le prince et son professeur.

— Shoto et moi passions par là et nous vous avons aperçu. Je me suis dit que ce serait impoli de ne pas aller saluer le prince. De plus, je n'ai pas eu le temps de vous saluer correctement la dernière fois.

— Ce n'est pas grave, mademoiselle Yaoyoruzu. Répliqua Denki.

— Souhaiteriez-vous vous joindre à nous? Demanda Kyoka pour lui rendre la politesse.

— Non merci, nous avons des choses à faire. Répondit Shoto.

Réponse simple, claire et compréhensible. Denki et Kyoka ne s'étaient pas attendus à mieux, alors que Momo donna une gentille claque sur le bras de son fiancé. Il avait beau être le bras droit du prince, ça ne lui donnait pas le droit d'agir de la sorte. De plus, ce serait plaisant de passer une après-midi avec d'autres personnes qu'eux-mêmes.

— Mais nous n'avons rien à faire. Protesta Momo.

— Si, notre promenade de fin de semaine.

— Mais nous faisons toujours la même chose pendant nos promenades. Ça commençait sérieusement à m'ennuyer de parler de la pluie et du beau temps avec toi.

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant