Apprenti prince

Chapitre 28

En début de soirée, les trois cavaliers étaient de retour de leur inspection mensuelle, à la plus grande joie de deux jeunes femmes. Comme Eijiro n'avait pas été présent toute la journée, Mina avait décidé de ne pas participer aux entraînements. Elle avait rejoint Kyoka sur son balcon et elles avaient discuté de tout et de rien. Mais quand trois chevaux avaient passé les grilles du palais, la jeune femme rose s'était précipitée pour accueillir son amant. Kyoka l'avait suivi, prétextant n'avoir rien à faire.

Mensonge éhonté!

Elle-même ne croyait pas en ce qu'elle disait. C'était évident qu'elle voulait aussi voir Denki. Mais jamais elle n'oserait avouer une telle chose à son amie. Ça se terminerait probablement mal pour elle. Kyoka n'avait pas envie de subir une interrogatoire de la part de Toru et Mina. En chemin vers l'entrée des écuries, la rose était toute souriante. Elle ne cessait de raconter à Jirou les choses qu'elle faisait avec Eijiro. Et la noiraude en avait assez de l'entendre radoter comme une vieille dame se rappelant de sa jeunesse. Et elle était légèrement jalouse d'elle aussi.

Mina semblait vivre un vrai conte de fée. Elle avait l'air beaucoup plus rayonnante que d'habitude. Est-ce que l'amour changeait une personne à ce point? Pouvait-il rendre une aussi belle personne que Mina encore plus belle? Et elle ne parlait pas seulement de son caractère, mais aussi de son physique. La rose était déjà tellement jolie. Quelque chose avait changé et ça ne la rendait que plus charmante.

— Tu n'aurais pas grossi, Mina?

— Hein?! Mais bien sûr que non!

— Mais si! Tu as pris du ventre!

— C'est faux! Je fais du sport quasiment tous les jours!

— Dans ce cas, serais-tu enceinte?

— Moi? Enceinte? Si ça avait été le cas, on m'aurait viré de la garde il y a longtemps. Pourquoi cela?

— Pour rien. Tu as l'air radieuse aujourd'hui.

Mina lui sourit de toutes ses dents alors qu'elles arrivaient à l'écurie. Elle se jeta dans les bras de son amoureux, sans se soucier du regard des autres. Kyoka avait préféré saluer les nouveaux arrivants sans s'encombrer d'accolades. Le premier qu'elle regarda, ce fut Denki, évidemment. Ce dernier avait des ecchymoses et des bleus sur le visage, des tâches de sang encore fraîches sur ses manches et un poignet meurtri. La douleur avait été insoutenable pendant tout le trajet du retour. La jeune femme s'approcha de lui, inquiète.

— Que t'est-il arrivé?

— On a croisé des individus louches en chemin. Mais ce n'est rien de bien grave.

— Oui, rien de grave à ce que je vois. Juste une fracture du poignet. Ce n'est tellement pas grave que tu perde l'usage de ta main pour toujours.

— Pardon?

— Allons voir les herboristes.

Elle avait été catégorique. Incapable de la contredire, Kaminari la suivit, un demi-sourire aux lèvres. Quelle femme! Ils empruntèrent tous deux des dédales de couloirs et d'escaliers pour arriver jusqu'à l'étage des herboristes. Et en voyant la blessure du prince, on s'activa rapidement pour le soigner. Kyoka était restée assise sur une chaise, dans le couloir, alors qu'elle entendait les cris de douleur du blond. Remettre des os à leur place n'était pas une mince affaire.

Au bout d'une heure, on la fit entrer et elle le vit allongé sur un lit, couvert de pansements. Une atèle en bois avait été placé sur son poignet pour éviter qu'il le bouge. Ça allait être difficile pour lui pendant un moment. Kyoka s'assit près de lui, concernée par son sort. Denki ouvrit les yeux et soupira.