Chapitre 10

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Ce n'était pas facile de se faire discret dans un palais grouillant de gardes et de servantes. Denki avait dû inventer une excuse assez crédible. Et heureusement, tout le monde semblait le croire. S'il n'était pas très futé, il était par contre un excellent menteur. Kyoka avait du mal à croire que tous ceux qui passaient devant eux hochaient simplement la tête devant le mensonge éhonté du prince. Étaient-ils tous aussi stupides? Il était évident comme le nez au milieu de la figure qu'il mentait! Denki était incontestablement un aimant à problèmes.

Dans les couloirs en direction du laboratoire des herboristes, ils croisèrent Shoto, qui était toujours aussi calme. Personne ne s'attendait à ce qu'il allait dire. Il pouvait vous annoncer une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle, toujours avec la même expression faciale. Il en était de même, même quand il était remonté contre quelqu'un. Qui sait ce qu'il allait penser de leur position. Il allait sûrement tomber dans le panneau comme la majorité des gens qu'elle a vu passer. Et comme tous les autres, il posa la question. Ça commençait sérieusement à énerver la brune d'entendre cette même question. Mais en même temps, on ne pouvait demander que cela en les voyant collés l'un à l'autre.

— Qu'est-ce qui s'est passé? Demanda le bicolore.

— Elle a fait une mauvaise chute et elle m'a emporté avec elle. Répondit Denki en un sourire.

— Et tu crois vraiment que je vais te croire?

Miracle! Shoto ne le croyait pas! Il y avait au moins une personne clairvoyante dans ce château. Denki soupira, sachant qu'il ne pourrait pas avoir son bras droit aussi facilement que les autres. Et puis, il pouvait lui dire la vérité. Des brigands autour du château, ce n'était pas normal.

— Nous avons été attaqué par des malfaiteurs.

— Dans les alentours du palais?

— Oui.

— Cette affaire dure depuis bien trop longtemps, à mon avis.

— De quoi? Quelle affaire?

— Ne t'en préoccupe pas pour l'instant. Emmène Jirou chez les herboristes.

Kyoka soupira. Encore une chose importante dont il n'était pas au courant. Shoto fit la courbette avant de s'en aller aussi tranquillement qu'il est venu. Le blond ne s'en préoccupa pas plus et alla en direction du laboratoire. En chemin, la brune repensa à sa précédente réaction. Denki n'était vraiment pas en colère, ni même légèrement énervé contre elle. Il semblait même inquiet. Pourtant, c'était à cause d'elle si ces hommes étaient venus. Si elle n'avait pas crié, ils ne se seraient jamais battus contre lui.

— Kaminari? Demanda-t-elle après un très long silence.

— Oui?

— Est-ce que... tu m'en veux?

— Hein? T'en vouloir? Mais pourquoi?

— Mais pour tout à l'heure! Je t'ai suivi et je t'ai causé des ennuis. Ce serait normal et totalement légitime pour toi d'être en colère contre moi.

Pour lui répondre, il lui sourit sincèrement.

— Tu sais, je pense plutôt que c'est toi qui doit m'en vouloir.

— Pourquoi ça?

— Eh bien, déjà parce que je suis un très mauvais élève. Et aussi parce que je m'énerve facilement et que j'ai tendance à réagir au quart de tour. C'est-à-dire que je boude.

— j'avais compris.

Denki lâcha un rire. Bien sûr qu'elle avait compris. C'était une fille très intelligente. En la regardant, il se sentait tellement petit et ridicule. Il n'était rien devant elle. Elle était une Jirou et la suprématie de cette famille était connue de tous. Mais aussi parce qu'elle avait assez de patience pour s'occuper de lui, alors qu'il sentait qu'il ne faisait aucun effort. Denki était encore bien loin du quart de son intelligence.

— C'est bon, on est arrivé. Dit-il.

La porte des herboristes coupa le fil de ses pensées. Voyant qu'il avait les mains prises, Kyoka donna trois coups à la porte. Aussitôt, une jeune femme ouvrit et les accueillit. Encore une fois, on leur demanda ce qui s'était passé. Denki leur raconta le même mensonge que pour tous les autres, hors mis Shoto. Les herboristes ne posèrent pas plus de questions avant de s'occuper des blessés.

Une jeune femme s'accroupit devant Kyoka et appliqua une crème sur sa cheville enflée. Cette dernière la piquait légèrement. Pour essayer de ne pas crier de douleur quand la femme tourna sa cheville, la jeune jirou jeta un regard au prince. Ce dernier se faisait soigner par une autre fille. Et ils étaient assez proches. Elle avait les mains sur son visage et le nez presque collé au sien. Leurs regards se croisèrent et Denki lui fit un clin d'œil. Immédiatement, l'herboriste s'empourpra et esquissa un petit sourire timide, tout en continuant à panser les plaies sur son visage.

N'avait-il vraiment rien à faire? Se sentant observé, Denki jeta un regard en direction de Kyoka. Cette dernière était paniquée à l'idée qu'il la voit le regarder sans aucune retenue. Ses yeux se posèrent instinctivement sur la première chose qu'elle vit devant elle. C'est-à-dire, l'herboriste rouge tomate.

— Vous êtes très belle. Dit-elle.

La concernée se stoppa net et observa Kyoka d'un air étonné. Les trois autres occupants de la salle la regardèrent également, se demandant d'où lui venait cette question. Elle ne pouvait trouver pire réplique pour éviter un malaise. Mais elle semblait encore plus mal à l'aise qu'avant qu'elle ne dise cette bêtise.

— Euh... Merci. Répondit l'herboriste.

— Vous ressemblez beaucoup à ma cousine.

— Oh! Je suis sûre que je ne rivaliserai jamais avec la beauté d'une Jirou. Il n'y a qu'à vous regarder.

— Oh, euh... Merci beaucoup. Mais il y a beaucoup de gens que je connais qui sont plus beaux. Je ne suis rien devant la fiancée de Todoroki.

— Hein?! Shoto est fiancé?! S'exclama Denki.

— Oui, triple idiot! Je suis ici depuis moins longtemps que toi et je suis au courant!

La gêne avait disparu. Quel soulagement. Celle qui s'occupait de la cheville de Kyoka posa une main sur sa joue et ferma les yeux, rêveuse.

— Momo Yaoyoruzu est si belle. Je l'envie tellement. Elle a tout pour elle.

— Todoroki et elle forment un très beau couple. Renchérit l'autre jeune femme.

Assis sur sa chaise, Denki souffla. Pourquoi le sujet de conversation tournait autour de Shoto et sa fiancée? Est-ce que c'était aussi intéressant que ça de parler d'eux? Apparemment oui, car les filles en parlaient avec beaucoup d'entrain. Et Kyoka prenait part à la discussion, par-dessus le marché! Mais le pire était qu'elle était d'accord avec les deux herboristes sur le fait que Shoto était d'une beauté renversante. Et son air froid lui donnait une aura mystérieuse. Ça a dû être toute une épopée pour Yaoyoruzu que de se rapprocher de lui.

— Tsss. Shoto n'est même pas si beau que ça. Lança-t-il.

Les trois jeunes femmes s'exclamèrent. Comment osait-il?

— Pèse tes mots, Kaminari.

— Votre altesse!

— Comment pouvez-vous dire une telle chose?

Voyant qu'il était – encore une fois – seul contre trois, il était préférable qu'il se taise. Ce combat-ci, il était sûr de ne pas en sortir vivant. Il pouvait gérer trois malfrats, mais pas trois fanatiques de son bras droit. Et puis, c'était vrai! Qu'est-ce que Shoto Todoroki avait de si spécial pour être si populaire au sein de la gent féminine?

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant