Chapitre 36

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Denki avait proposé à son père de faire une sortie bien des semaines plus tôt – voire même quelques mois –, mais les affaires royales ne pouvaient pas attendre. Ainsi, ce fut en cette periode enneigée que le roi et le prince prirent un jour de congé dans leurs obligations pour se retrouver. Et avec toute la neige qui était tombée depuis, il n'y avait pas grand chose à chasser. Ils décidèrent donc de tout simplement faire du cheval.

Les bois avaient été recouverts de neige et au sol, cette dernière arrivait à recouvrir les sabots des chevaux. Avec un temps pareil, il était probable qu'une tempête de neige arrive. Le prince en avait déjà discuté avec son fidèle conseiller. Et ils avaient examiné les demandes du peuple et des soldats concernant cette saison.

— Tu as l'air bien sérieux, Denki.

— Hm?

— Tu n'as pas dit un mot depuis qu'on a quitté le palais.

— Oh, pardon. Je pensais à comment j'allais gérer la tempête.

— Ah, nos fameuses tempêtes de neige. Tu savais que Kana est le royaume qui a les plus violentes tempêtes de neige de tous les temps?

— Oui, je le sais. Et ça m'a fait un choc de voir les inventaires des années précédentes. En lisant ces rapports, j'ai eu l'impression que les tempêtes devenaient plus puissantes au fil des ans.

— Et donc, que penses-tu faire?

— Avec Shoto, nous avons déjà commencé les travaux il y a deux mois. Il a trouvé un moyen de renforcer les maisons. C'est un vrai génie, je ne sais toujours pas comment il fait pour trouver d'aussi bonnes idées.

Le roi sourit. Son fils avait mûri. C'était quelque chose qu'il avait pensé ne jamais voir de son vivant. Maintenant que Denki était devenu un homme responsable, il pouvait prendre sa retraite tranquillement. Il regarda le ciel gris et laissa échapper un soupir.

— Je peux enfin mourir l'esprit tranquille.

— Pardon? Vous? Mourir? Mais de quoi parlez-vous? Vous êtes malade?

— Bien sûr que non. Je plaisante. Mais il n'empêche que je me fais vieux et tu ne rajeunis pas, mon fils. Tu approches dangereusement la trentaine et il serait peut-être temps de penser à un éventuel mariage.

— Vous exagérez un peu, je trouve. Vingt-cinq ans, c'est encore loin de la trentaine. C'est encore dans cinq ans.

— Tu sais compter jusqu'à cinq?

— Euh... Oui.

— C'est rapide, non?

— Évidemment.

— L'âge, c'est pareil. Le temps passe à une vitesse folle et tu auras à peine le temps de compter jusqu'à cinq que tu auras déjà trente ans. Et puis, je te rappelle que je t'ai eu à un âge déjà avancé. Je suis déjà vieux et je risquerais de mourir sans avoir eu la chance de te voir convoler en juste noce et me donner des petits enfants.

Denki lâcha un rire.

— Encore une fois, père, vous exagérez. Vous n'êtes pas du tout vieux.

— Je t'ai eu quand j'avais trente-six ans. Maintenant, tu en as vingt-cinq. Quel âge est-ce que j'ai, maintenant?

— Euh... Neuf cent ans?

— Hein?!

Même les chevaux avaient l'air de se regarder, se disant que Denki n'était pas encore très mûr. Voyant que son père n'était pas très satisfait de sa réponse, il refit le calcul.

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant