Chapitre 43

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En cette nuit enneigée où le froid était rude, tout le monde était chez soi, blotti dans des couvertures ou se réchauffait devant un bon feu. Certains enfants ouvraient les fenêtres pour tenter d'attraper un de ces flocons glacials, qui faisaient frissonner leurs petites mains au moindre contact. Puis, ils retournaient près du feu, en compagnie de leurs familles.

Mais aucun feu n'était plus intense et incendiaire que celui qui brûlait en ces deux amants. Le froid et les flocons n'avaient aucun effet sur eux. Ils brûlaient tous deux d'une telle passion, que peut-être la neige sur leurs épaules aurait pu fondre. Leurs souffles chauds se mêlaient l'un à l'autre, faisant battre leurs cœurs comme jamais auparavant. Et jamais Denki n'avait ressenti une telle chose pour une autre femme. Kyoka n'était pas comme ses anciennes conquêtes. Elle était différente. Elle était un monde entier à elle seule. Un monde qu'il désirait ardemment découvrir. 

Mais soudain, toute la magie prit fin. Le temps qui semblait s'être arrêté continua à s'écouler et le prince ressentait enfin la brise nocturne caresser sa peau brûlante. Quand il ouvrit les yeux, Jirou avait le visage cramoisi et les mains couvrant sa bouche. Elle s'était écartée à un mètre de lui et continuait de faire des petits pas en arrière.

— Je suis désolée! C'était déplacé, j'en ai conscience! Je... Je n'aurais pas dû t'embrasser! C'est juste que... quand tu as décrit la fille que tu aimais, j-j'ai pensé que c'était... enfin, que c'était... moi.

Kyoka leva les yeux et vit le visage de Denki. Ces yeux à lui étaient écarquillés, ce qui augmenta la gêne de la jeune fille. Encore plus honteuse que jamais, elle se retourna et se cacha entièrement en visage de ses mains. Mais quelle idiote! Pourquoi avait-elle cédé avant même d'entendre la fin de ce qu'il disait? Jamais elle n'aura connu une telle humiliation.

— Mais qu'est-ce que je raconte? Il y a un milliard de filles aux cheveux noirs et au teint clair! Ça peut être n'importe qui! Ça pourrait bien être Yaoyoruzu! C'est une femme très belle et... Mais je dis n'importe quoi! Elle est fiancée!

Derrière elle, Denki esquissa un sourire. Plus mignonne qu'elle, il ne pourrait pas en trouver. Il s'avança vers elle et enroula délicatement ses doigts autour de son bras pour la retourner. Quand elle fut en face de lui, il l'encercla de son autre bras et retira la main de Kyoka qui cachait son joli visage. Derrière cette main, la noiraude était toujours aussi rouge.

— Ce n'est pas la peine de t'excuser, Kyoka. Tu as raison, comme toujours. La femme que j'aime, c'est toi.

Finalement, elle leva la tête et rouvrit les yeux. Elle ne pouvait pas le croire. C'était beaucoup trop beau pour être vrai.

— C'est... moi?

— Je pensais que tu en étais sûre, après ce baiser.

— Euh... À vrai dire, je n'étais sûre de rien. J'ai juste supposé que c'était moi.

— Et si ça n'avait pas été toi? Qu'aurais-tu fait?

— Ce n'est vraiment pas drôle, Denki.

— C'est d'accord. Plus jamais je ne te ferai de mauvaises plaisanteries. Je ne ferai plus jamais quoi que ce soit qui puisse te rendre malheureuse. Pour toi, Kyoka, je deviendrai quelqu'un de meilleur.

Elle sourit face à son visage illuminé par la joie. C'était quelque chose qu'elle aimait chez lui. Sa joie de vivre était contagieuse, influençant la jeune femme de le suivre. Elle voulait être avec lui sans aucune contrainte. Et dans ses bras, elle avait le sentiment que c'était possible. Kyoka avait l'impression de s'échapper de la dure réalité de sa vie, et que sa nouvelle réalité, c'était lui. Tant qu'il était là, tout irait bien pour elle.

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant