Chapitre 41

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Les discussions allaient de bon train, mais le prince de Kana n'était pas concentré. Il regardait autour de lui, espérant retrouver la professeure. Mais malheureusement, elle n'était nulle part. Aurait-elle décidé de ne pas revenir? Il espérait vraiment que ça ne soit pas le cas. La soirée n'avait vraiment plus aucun intérêt si elle n'était pas là. De plus, Denki en avait assez d'entendre ces dames rire pour tout et n'importe quoi. Peut-être devrait-il aller la chercher?

Il s'excusa alors devant le groupe pour aller vers la chambre de Kyoka. Mais après avoir attendu pendant quelques minutes, il en avait déduit qu'elle n'était pas dedans. Il se dirigea vers la bibliothèque, mais elle était aussi vide que les couloirs du palais. Et il en était de même pour la salle d'études. Résigné, Denki fit demi-tour pour retourner à la soirée. Mais au détour d'un couloir, la femme de chambre de la professeure l'interpella.

— Excusez-moi, votre altesse!

Le blond s'arrêta de marcher et se tourna vers Toru. Cette dernière jeta un regard par la fenêtre avant de lui parler.

— Vous cherchez Jirou? Demanda-t-elle d'un ton innocent.

— Oui. Vous ne sauriez pas où elle peut être? J'ai cherché partout.

— Elle est sortie dans le jardin.

— Elle y est toujours?

— Oui oui, et je pense que vous devriez vous dépêcher de la rejoindre. Nous sommes déjà bien avancés dans l'hiver. Elle risque d'avoir froid.

— Merci beaucoup!

Denki se retira vite et Toru sautilla sur place. Ces deux-là allaient enfin avoir un moment intime et romantique, loin de tous les regards. Enfin, la plupart des regards. Hagakure n'allait pas rater cette occasion. Et il fallait qu'elle partage cela avec son amie soldate. Elle espérait qu'ils ne quittent pas le jardin sous les balcons pour que Mina et elle puissent écouter ce qu'ils avaient à se dire.

Quant au prince, il descendit les marches quatre à quatre et arriva dehors en un rien de temps. À première vue, il n'y avait personne. Seul la fontaine remplie de neige était présente. Denki marcha sous la neige, espérant retrouver Kyoka le plus rapidement possible. Et heureusement, elle n'était pas loin. La jeune femme était occupée à regarder les flocons tomber sur son visage. Les épaules de sa cape furent rapidement recouverts par la poudreuse glaciale. Elle lâcha un soupir, alors que Denki s'approchait.

— Kyoka!

Elle se retourna vivement et fut étonnée de le voir.

— Que fais-tu ici? Demanda-t-elle.

— Je te cherchais.

— Tu ne devrais pas être dehors alors que tout le monde est à l'intérieur.

— La soirée commençait à m'ennuyer. Dis-moi... est-ce que tu es partie à cause de ces filles? Elles t'ont mise mal à l'aise, je l'ai bien vu.

Kyoka secoua légèrement la tête, chassant un peu la neige sur sa chevelure. Denki s'inquiétait-il vraiment pour elle, au point de laisser tomber une centaine d'invités pour la rejoindre? La noiraude était touchée par son attention. Et peut-être que ça voulait dire qu'il l'appréciait un peu plus, qui sait? Mais elle ne voulait pas tirer de conclusions hâtives. Si Denki l'aimait vraiment, elle l'aurait su.

— Kyoka, tu veux rentrer ? Il fait froid ici.

Ou alors, elle avait été aveugle pendant tout ce temps.

— Non, merci. Il faut trop chaud à l'intérieur. Je préfère me promener.

Il fallait qu'elle voie des signes de ce prétendu amour qu'il lui portait. Kyoka espérait vraiment que Toru et Mina aient raison et que le prince ressentait la même chose qu'elle.

— Dans ce cas, je reste.

C'était un signe ça, non? La jeune femme sourit et lui tourna le dos pour reprendre sa marche. Denki pressa le pas pour être à son niveau et marcha lentement près d'elle. Le silence leur tint compagnie, brisée par le bruissement des feuilles, secouées par le vent. La main de Kyoka se balançait le long de son corps et Denki eut envie de la lui tenir. Mais est-ce qu'elle le prendrait mal? Est-ce qu'elle fuirait comme elle savait si bien le faire? Après tout, qui ne tente rien n'a rien. Le blond tendit discrètement sa main pour saisir celle de la noiraude. Mais elle croisa les bras, ruinant les plans du prince.

— Tu as reçu tes cadeaux ? Demanda-t-elle sans le regarder.

Bon. Au moins, elle discutait avec lui.

— Oui. Il y en a tellement que je ne saurais pas où les ranger.

Kyoka hocha la tête.

— Aoyama m'a offert du fromage. Beaucoup de fromage.

Elle hocha encore une fois la tête.

— Et mon père a sorti le portrait de moi qu'on a peint le mois dernier.

— Est-ce que... Est-ce qu'il y en a un qui t'a plu plus que les autres?

— Hum, non. Pas vraiment. Mais j'aimerais bien savoir ce que tu as à m'offrir.

Une réaction. Kyoka rosit et se pinça les lèvres. Denki était content de la voir prendre des couleurs quand c'était lui qui parlait.

— Tu es la seule qui ne m'a pas offert de cadeaux, Kyoka. Qu'as-tu à dire pour ta défense?

— Eh bien... J-j'avais prévu de t'en offrir un, bien sûr. Mais j'ai annulé au dernier moment.

— Pourquoi cela?

— Mon cadeau n'est pas... Comment dire...? Il n'est pas très approprié pour un anniversaire, à mon avis.

— Ne t'en fais pas, je ne te jugerai pas pour tes mauvais goûts. Je peux l'avoir?

Kyoka rougit de plus belle et baissa la tête en repensant à son cadeau. Sa motivation avait flanché et elle n'était plus tellement sûre d'elle. Denki se pencha vers elle pour voir son visage. Qu'est-ce qu'elle avait pensé lui offrir pour qu'elle fasse une tête pareille? Leurs yeux se rencontrèrent et elle s'arrêta de marcher, tandis qu'il sourit. Immédiatement, elle cacha son visage entre ses mains et Denki lâcha un rire.

— Qu'est-ce tu regardes comme ça? Marmonna-t-elle.

— Ça doit être quelque chose de bien tordu pour que tu réagisses ainsi.

Ça, c'était un signe qu'il ne la considérait que comme une amie. Kyoka avait bien fait de l'analyser avant de faire n'importe quoi.

— Laisse-moi deviner... Une cuillère?

Sa gêne avait totalement disparu, laissant place à l'incompréhension. Une cuillère? Quel genre de personne serait assez folle pour offrir une cuillère? Des couverts seraient plus appropriés.

— Pourquoi je t'offrirais une cuillère? Demanda-t-elle.

— Hmmm, peut-être pour illustrer ma capacité intellectuelle, vu que tu n'arrêtes pas de me rabaisser?

— Je ne suis pas méchante à ce point.

— Dans ce cas, c'est une robe!

— Pourquoi une robe?

— Je ne sais pas. Je l'ai juste dit au hasard.

Cette fois, c'était officiel, Denki ne l'aimait pas. Il était toujours aussi stupide. L'amour était quelque chose qui était hors de sa portée intellectuelle. Kyoka allait être contaminée par sa stupidité si elle en s'en allait pas rapidement. La professeure fit la marche rapide pour lui échapper, mais il courut pour la rattraper.

— Ah, je sais! Tu m'emmène dans une taverne! Tu as compris que j'ai fait beaucoup d'efforts ces derniers mois et tu as pensé que je méritais une grande récompense. En plus, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas discuté avec une jolie fille.

Cette fois, Kyoka le foudroya du regard. Et dire qu'elle était prête à avouer son amour à un imbécile pareil.

Apprenti princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant