8. Monte avec moi

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♫ Hopeless, Always Never

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♫ Hopeless, Always Never

Le silence qui terrasse la pièce est royal. Le regard d'Helen se décompose, et je suis sûre de voir ses paupières s'affaisser sur ses yeux, qui perdent en éclat. Orion tente-t-il de toucher une corde sensible en faisant allusion à sa propre histoire ? Je jette un rapide coup d'œil à ses bras avant qu'il ne se redresse et ne les croise contre son torse, mais impossible d'y percevoir la moindre trace : ils sont parsemés de tatouages...du poignet jusqu'au début des manches de son t-shirt. Je perçois même quelques volutes d'encre glisser contre son cou. Elle rencontre mon regard, et sans tourner la tête, répète :

— Monte les affaires d'Eden, Orion. Et à l'avenir, tu t'abstiendras de faire le moindre commentaire sur ce qui la regarde elle, et seulement elle.

Les lèvres du mannequin s'arquent en une moue chargée d'émois, tandis qu'il consent de la tête. C'est un peu comme si à travers ce mouvement, il marmonnait : « Bien, puisque tu le prends ainsi... ». Et sans vraiment savoir pourquoi, mon estomac se noue à la vue de son allure vaincue, dépassée.

Helen se tourne vers moi, prête à poursuivre notre conversation, mais je me redresse. Je ne sais pas vraiment si l'idée de le savoir s'occuper de mes affaires à ma place me dérange, ou bien si ma curiosité me pousse à monter en sa présence, mais j'avertis :

— Non, ça ira, je vais m'occuper de les monter.

Et je suis prête à parier qu'il me suivra.

J'attrape mes premiers sacs, les fait glisser à mes épaules, et commence à monter les marches de l'escalier. J'ai la sensation de m'hisser au ralenti, comme si mon corps pesait une tonne, de quoi multiplier par deux les secondes que je passe à brûler sous le regard d'Orion.

Du peu que je perçois de sa présence dans mon champ de vision, il ne bouge pas, et en cet instant, je me surprends à penser :

Monte avec moi.

Et à chaque marche vaincue, je répète ces trois mots qui se fracassent dans ma gorge, comme une invocation macabre.

Monte avec moi, monte avec moi...

Et alors que ma tête franchit le palier supérieur, je l'entends finalement prononcer :

— Je vais l'aider.

Et ma pauvre âme meurtrie en prend un coup, car j'aimerai entendre ces mots pour moi, pour sauver ce qu'il reste de moi, pas pour monter...de foutus sacs. Je réprime un rire alors que je les jette sur mon matelas. Je balaie du regard la large chambre mansardée qui s'offre à moi.

Le mur en pan coupé bénéficie d'une fenêtre en saillie, sous laquelle repose une adorable causeuse. L'espace est assez large que je puisse me recroqueviller sur l'assise, et je m'imagine déjà m'y installer pour y lire mes romances.

Eden, tu es une amoureuse de l'amour...

Si seulement c'était réciproque !

Les derniers rayons du soleil pénètrent par la fenêtre, et viennent irradier sur le parquet en chêne.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant