27. Des larmes et des lames

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♫ Into the blacks - Chromatics

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♫ Into the blacks - Chromatics

Alors que les premiers rayons de soleil percent à travers les larges baies vitrées du PDX Institute, des rumeurs enflées traversent les couloirs. Je sens les regards se poser sur moi alors que je traverse l'allée centrale, pièce maîtresse des locaux pour sa lumière à couper le souffle. Un frisson me parcourt le dos : je sais que je suis la cible des bruits de couloirs qui ont le vent en poupe. Mes bras nus, exposés au soleil matinal, attirent les regards curieux. Les bras chargés de tissus, j'observe tout ce petit monde revisionner les stories Instagram d'Abi, qui a tout de même eu le cran de poster la vidéo qui me montre au bord de la piscine, complètement trempée... le visage tordu à l'idée qu'Orion ne déboule chez Alex.

Lorsque je pénètre dans la classe, l'atmosphère achève d'être oppressante : non seulement on me regarde, mais certains ont l'aplomb de pouffer. Des ricanements fusent ici et là, chuchotés derrière des mains jointes devant la bouche. Je traverse les rangées de machines à coudre, le cliquetis rythmé des aiguilles résonnant dans mes oreilles. Je sens la chaleur monter à mes joues sous le poids des regards indiscrets. Ma gorge se serre, et j'ai l'impression d'étouffer.

Je pose mes mains sur sa table et laisse ma semelle glisser sur la pédale de sa machine. Le moteur vrombit, et l'aiguille s'élance dans le tissu. Elle pique, elle pique...jusqu'à ce qu'un craquement retentisse. Abi lève brusquement la tête, ses yeux écarquillés de surprise.

— Non mais je rêve ? Tu as cassé mon aiguille, espèce de dégénérée ! Et toi, tu vois ça mais tu ne me dis rien ?

Le regard de Diane oscille de moi à son amie. Depuis la soirée d'Alex, la tension entre nous semble s'être évanouie, au point où elle ne défend plus Abi comme elle l'aurait fait auparavant. Abi se lève, furibond, tandis que je la pointe du doigt.

— Qu'on soit bien claire entre nous : lance toutes les rumeurs que tu veux sur moi, mais me filmer et en faire une affaire publique, c'est non. Je suis claire ?

Abi grimace.

— Tu penses vraiment que tu me fais peur ? Pauvre fille...

J'incline la tête.

— Et le directeur, tu ne le crains pas non plus ?

Elle fourre une main dans sa chevelure blonde, avant de se rasseoir. Mes mots font tabac cette fois-ci. Elle ne me répond pas, et se contente de défaire l'aiguille cassée du nœud de fil qui lie son travail.

Je rejoins Zoey, qui a assisté d'un œil curieux à toute la scène. Elle enlève son textile de la machine et me montre les points parfaitement cousus.

— Regarde-moi ce travail de qualité ! Mon aiguille pique...

— Bien mieux qu'une autre ici présente ? La coupé-je, désignant du regard celle que j'ai réduite en cendre il y a quelques secondes de ça.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant