10. Un tantinet Odieux

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♫ For me, Lo Nightly

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♫ For me, Lo Nightly

Une impulsion douce sur la pédale de commande, et la machine s'éveille, un léger bourdonnement vibre à travers elle. L'aiguille s'abaisse, effleure le voile d'une caresse légère. Je souris alors que le premier point se forme, et la danse commence.

Tel un guide bienveillant, je dirige délicatement le voile bleu pâle sous l'aiguille, veille à ce que son mouvement soit fluide et gracieux. La machine répond à chaque mouvement avec une précision étonnante, dessinant des lignes de couture parfaites sur le tissu translucide. Mon regard est captivé par ce duo envoûtant, l'aiguille qui s'élève et s'abaisse, le voile qui se façonne sous ses soins.

S'en devient un réel automatisme, et alors que mon regard se brouille sur ma création, la vive piqure de l'aiguille sur mon doigt vient me ramener brutalement sur Terre.

— Fait chier...

Je maugréer entre mes dents, secoue ma main pour calmer la vive douleur de la piqûre, et porte mon regard sur la coupure. Zoey, alors focalisée sur son point zig-zag, me jette une œillade en coin. À la vue de la blessure, je lis dans ses yeux une inquiétude muette.

Non, pitié, pas de commentaires...

— Eden, qu'est-ce que tu nous fais, là ?

Un soupir vient soulever ma poitrine. Juste devant nous, Ari réprime un rire moqueur.

— Zoey dit vrai, qu'est-ce que tu nous fais, ma belle ?

Cette nana a toutes les cartes dans sa poche pour irriter quiconque aurait le sang chaud. Manque de bol, l'adorable Eden mutique s'est muée depuis l'enfance, et la boule qui se forme dans mon ventre n'a rien à envier à mon ancienne tendance à me morfondre dans le malaise. Désormais, c'est la colère qui me démange.

Ses yeux bleus maquillés d'un liner noir dévisagent mon doigt ensanglanté, puis ma machine. Dans son tailleur vert d'eau, elle est élégante, et ses longues boucles blondes attachées en demi-queue lui donnerait presque un air angélique si elle n'était pas si gâtée de l'intérieur.

— Plutôt que de te payer ma tête, tu devrais surveiller ta machine...tu n'as pas levé le pied de la pédale, Ari.

Ses yeux se révulsent, elle libère la pédale mais c'est déjà trop tard. La machine a continué de coudre sans sa surveillance, et à ses injures murmurées, le résultat semble aussi minable que ma prouesse du jour. Je fouille dans mon sac à la recherche de ma trousse pour m'occuper de ma blessure, puis me focalise sur Zoey, dont le souci transpire au travers des pores de sa peau couvertes d'adorables taches de rousseur.

— Je suis complètement crevée, Zee ! Difficile de me concentrer sur ce que je fais, je rêve juste de retrouver mes draps, pour être franche...et pourtant, je sais que je ne dormirai pas même une fois dedans.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant