Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]

34. Ce que je veux

♫ Tongue – Maribou State

Je t'avais prévenue. On n'est ni fait pour être amants ni être amis, Eden. Tu es foutue, parce que je vais nous foutre en l'air, maintenant.

Les paroles d'Orion résonnent dans ma tête comme un écho persistant. Mais dans l'état d'ivresse où je me trouve, ma tête peine à les saisir, submergée par le souvenir du goût de ses lèvres.

Sa langue contre la mienne.

Ses mains explorant ma peau.

Bon sang, comment cela peut-il être si intense ?

Je l'ai désiré. Au fond de moi, je sais que j'ai toujours voulu cet homme aux cheveux d'ébène, à l'œil blanc comme la neige et aux tatouages qui cachent des cicatrices chargées de sens.

Et maintenant, alors que je me laisse emporter par le tourbillon de nos émotions entremêlées, je crains que le jeu dangereux dans lequel nous nous sommes lancés ne finisse par nous détruire tous les deux.

Car il a raison, il va nous foutre en l'air. Mais il me fait sentir si vivante que je ne reculerais pas devant ce souffle de vie qui coule dans mes veines.

Récemment, j'ai réalisé quelque chose sur nous : Orion aspire à la vie, mais il est coincé dans la mort, ce mystère que je ne peux pas expliquer. Pourtant, je ressens son envie du souffle de vie qui m'anime, lui qui s'est éteint un jour sans explication.

Et moi, parfois, je rêve de me sentir aussi inerte que lui, alors que je suis bien trop vivante.

C'est comme si nous échangions un peu de nos réalités : je lui donne un peu de ma vie, et il m'offre un peu de sa mort.

Kira m'approche, un verre de mojito à la main ; Elle me propose d'en boire un peu et j'accepte tout naturellement.

— Je vous ai vu, tous les deux. Qu'est-ce qu'il se passe, depuis que tu as emménagé chez lui ?

Un rictus tire ses jolies lèvres. La situation semble l'amuser bien plus que cela n'aurait été le cas pour Camille. Mais je hausse les épaules, bien loin d'avouer ce que j'en pense au fond de moi.

— Je crois qu'il se fou de ma gueule.

Ses bras glissent autour de mon cou, et l'on s'élance dans un collé-serré alors qu'elle avance :

— Et c'est trop bon pour que tu ne l'en empêches ?

Je me mords la lèvre. C'est pire que ça, Kira. Mais jamais je n'oserai l'avouer. Alors je me contente d'acquiescer. Ses lèvres glissent près de mon oreille.

— Fait attention à toi.

Et parce qu'au même titre que Zoey, Kira est l'amie que j'ai toujours rêvé d'avoir, je la sers dans mes bras pour lui livrer toute l'affection que je porte pour elle.