Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]

47. Les voix du silence

NDA : Ce chapitre contient des extraits de paroles de la chanson "Iron" de Woodkid.

♫ Iron - Woodkid

Deep in the ocean, dead and cast away

Au fond de l'océan, mort et rejeté

Les talons de mes Dr Martens claquent sur le carrelage de la SRM Agency, en cadence avec les semelles de Camille qui me guide à travers les couloirs de l'agence.

Tout a été prévu : la présence de son père, la journée la plus active chez les mannequins de l'agence ; toutes les conditions sont réunies pour que la déchéance soit la plus complète pour Susan Reynolds. Nous franchissons les portes du bureau principal où se trouve Susan, un sourire triomphant aux lèvres, inconsciente de ce qui va se passer.

Camille, résolu, me jette un regard avant de pousser les portes vitrées, nous révélant à Susan et aux mannequins présents. La pièce est spacieuse, luxueusement décorée, reflet de l'illusion de perfection qu'elle tente de projeter.

Mais aujourd'hui, c'est terminé.

Et le chaos a sonné...

L'atmosphère est tendue. Les mannequins s'arrêtent, leurs conversations se muant en murmures inquiets, et les regards se tournent vers nous. La présence du père de Camille ajoute gravitée à la situation, lui qui ne se rends que très rarement dans les locaux.

Il est d'une autorité morale qui est impossible à ignorer.

Orion, non loin, avale tranquillement un café avec Kira et ce que je suppose être un collègue à en voir son allure taillée à la lame de rasoir : barbe rasée de près, tatouages judicieusement placés, pantalon chic aux poches à la taille désabusée...

I'm riding up the heights of shame

Je gravis les sommets de la honte

Mais à notre entrée, Orion repose sa tasse. Ses yeux, remplis de crainte soudaine, rencontrent les miens. Loin de me faire reculer, cette vision me pousse à aller de l'avant.

Je veux sa rédemption.

La plus totale.

I'm waiting for the call, the hand on the chest

J'attends l'appel, la main sur la poitrine

Les conversations reprennent, alors je prends les devants et monte à pieds joints sur le bloc de marbre faisant office de table basse disposé au cœur de l'agence, et tape franchement des mains pour attirer l'attention de tous, des mannequins en séance quelques mètres plus loin à ceux qui se détendent dans les sofas tout près de moi. Je dois passer pour une hystérique, si déchainée dans ce lieu où mon visage ne dit rien à personne. Mais je n'en ai que faire.

Je m'avance et, d'une voix ferme, annonce :

— Nous avons à discuter de choses sérieuses, Susan. Alors, quoi de mieux que de le faire en famille ?