28. L'espoir renait des cendres

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♫ Into the blacks - Chromatics

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♫ Into the blacks - Chromatics

Ce soir, Helen a refusé que je la douche une nouvelle fois. Seulement je ne suis plus dupe : je vois bien que ses cheveux sont sec alors qu'elle prétend sortir de la douche. Elle n'a même plus la force de les mouiller pour me faire plonger dans son mensonge. Ce soir elle a la mine toute pâle. J'ai donc préparé à manger, un plat de pâte bolognaises qu'elle regarde avec envie derrière mon dos. Il fume et les vapeurs de tomate viennent délicieusement emplir la pièce.

— Mais quel salopard... S'enquit-elle alors qu'elle vient d'apprendre que Finn m'a lâché.

Je n'ai pas eu le courage de lui dire avant. Je n'osais pas admettre qu'une fois de plus, je m'étais faite abandonner alors que je pensais pouvoir compter sur quelqu'un. Aujourd'hui, je n'ai pourtant plus qu'une chose en tête, au-delà de Finn : Aaliyah et la soirée ou a eu lieu le drame. Je repense à mes bras, à tout ce sang...

Il faut que je me coupe.

L'addiction est tenace, comme un joint pour un drogué. J'ai commencé à me mutiler à l'adolescence, vers dix-sept ans, et à vingt-et-un ans, je n'ai toujours pas réussi à m'en libérer.

— Oui, et le problème, c'est que l'école va finir par me demander des comptes lorsqu'il se rendront compte que je n'ai plus de mannequin à habiller.

— Orion peut peut-être t'aider sur ce coup-là, tu ne crois pas ?

Je m'étouffe et avale de travers un spaghetti, que je recrache en écarquillant les yeux.

— Je ne suis pas certaines que m'aider le ravirait !

— Je ne sais pas...marmonne-t-elle, songeuse.

Subtilement, l'odeur âcre de la transpiration d'Helen envahit la salle à manger, me faisant froncer les narines. Son regard fuyant croise le mien, et je sens un frisson de dégoût me parcourir le dos. Ses cheveux, habituellement soyeux et parfumés, sont gras et collants, comme s'ils n'avaient pas connu un shampoing depuis des semaines. Un mensonge palpable flotte dans l'air, étouffant toute tentative de conversation.

Je me force à sourire, dissimulant mon malaise derrière une façade de politesse. Je tente de manger, mes gestes sont mécaniques, précis. Mais chaque bouchée est un supplice, mon appétit rongé par le soupçon qui grandit en moi.

— Tu n'es pas allée à la douche aujourd'hui ? je lui lance, incapable de garder le silence plus longtemps.

Son visage se crispe, ses yeux se remplissent d'une colère soudaine.

— Mais si, bien sûr que si ! Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Je détourne le regard, refusant de me laisser porter par son mensonge évident. Mais les doutes subsistent, lancinants, comme des vers dans mon esprit.

— Je ne me sens pas très bien, je devrais aller me coucher.

Mes sourcils se froncent devant son assiette à peine vidée.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant