Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]

43. La cuve

♫ Ocean Away - Loreen

Les battements de mon cœur s'accélèrent tandis que je lisse d'une main tremblante les plis vaporeux de ma robe, d'un blanc délicat.

Mon regard se perd un instant, contemplant les reflets ondoyants qui dansent à la surface de l'immense cuve dans laquelle nous allons tous nous immerger.

On croirait voir une myriade de diamants liquides...

Situé en plein cœur de Portland, le studio de photographie a été loué pour la journée par le PDX Institute. En véritable cathédrale aquatique, baignée d'une lumière bleutée, trône une cuve monumentale, un cylindre de verre aux parois s'élevant jusqu'au plafond voûté.

Tout autour, l'espace est semé d'équipements sophistiqués : projecteurs puissants sur leurs trépieds, caméras étanches prêtes à immortaliser nos mouvements subaquatiques, et écrans de contrôle affichant des images ondulantes.

Dans un coin, je remarque une série de paravents derrière lesquels se devinent les silhouettes affairées des maquilleurs et des assistants. L'air est chargé d'une tension palpable, mêlée aux effluves de chlore et de produits cosmétiques waterproof.

Une profonde inspiration soulève ma poitrine, dans une vaine tentative d'apaiser les tumultes qui font rage en moi. Car ce jour tant redouté et espéré est enfin venu, celui où je dois poser aux côtés d'Orion, dont la froide perfection me consume d'un amour brûlant et demeuré à sens unique.

Je me joins au petit groupe déjà rassemblé au bord de l'eau.

Zoey, dont l'affection sans faille m'est un baume au cœur, m'accueille d'un regard complice, consciente du stress m'habitant. Alex me gratifie d'un salut avenant que je lui rends par un sobre mouvement de tête. Puis, croisant la silhouette élancée d'Abi se détachant à quelques pas de là, ma rivale jurée aussi envenimée que son sourire narquois fait se crisper mes poings dans un réflexe de défi muet.

Puissante est l'inspiration que je dois prendre pour refouler les ardeurs vengeresses qui grondent en moi...

Plus loin, les quatre mannequins s'affairent à ajuster leur tenues. Mes yeux se perdent sur Orion, qui réajuste les volants de la chemise que je lui ai confectionnée, sous l'œil indiscret de Layla, la binôme d'Alex. C'est une caresse sur mon épaule qui détourne mon attention d'eux.

— Comment tu vas, princesse ?

Jorel se tient près de moi, appareil photo en main. Chaque groupe a la liberté de se faire accompagner par le photographe de son choix, et c'est tout naturellement qu'Orion a fait appel à Jorel pour l'occasion.

— Je vais me convaincre que ça va, soufflé-je dans un sourire crispé.

Mon corps trahit mon anxiété avec une précision cruelle. Mon pouls s'emballe, oscillant entre mes tempes et ma gorge comme un métronome affolé ; mes mains, elles, sont moites et sans doute aussi humides que les marches qui mène à l'imposante cuve ; quant à ma bouche, elle est aussi sèche que du papier de verre, dénuée de toute salive...