Il est mannequin. Elle est étudiante en mode.
Le destin s'amuse à bouleverser les plans d'Eden. La voilà contrainte de loger chez une parfaite inconnue qui s'avère être... la grand-mère d'Orion Montgomery, mannequin tourmenté en pleine ascension.
Dè...
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♫ For me, Lo Nightly
Prends garde, Orion. Le diable se dissimule toujours derrière un joli visage...
Cette phrase autrefois murmurée par ma mère à mon oreille me revient en tête avec la puissance d'une frappe portée à ma tempe. Je noie la sensation assourdissante sous mes gorgées d'Eristoff Black, l'alcool traitre par excellence. Camille et moi le siphonnons pur, épris par ses saveurs de cassis et de mûre, accoudés à mon étroit balcon donnant sur les immeubles lumineux du Pearl District. Du haut du huitième étage, le vent se fait plus frais et picote délicieusement mon visage.
Camille joue avec le piercing qui traverse sa langue, attentif aux sons de la ville, tandis que penché au-dessus de la barrière, je la contemple. Le tableau est ludique : les générations se croisent, et tandis que les plus vieux quittent leurs bureaux avec la volonté de retrouver leur logis, les plus jeunes en sortent et fourmillent dans les rues à la recherche du bar le plus animé du secteur.
Les plus beaux visages recèlent les pires immondices.
Je n'y ai jamais fait exception, sans doute est-ce héréditaire. Et à ma surprise, Eden non plus. Rien ne laisse pourtant deviner une toile si morne : Étudiante dans l'école de mode la plus chic de Portland, un potentiel qui se dégage de ses mains créatrices qui sauterait aux yeux des plus aveugles, une aisance particulière à s'exprimer...cette nana semblait prometteuse et je l'avais compris dès l'arrivée de sa candidature dans la boite mail de ma grand-mère.
Alors pourquoi un regard si éteint ? Pourquoi un sourire si faux ? Tout ce qui la caractérise n'est qu'une vaine carapace, un masque étiolé supposé taire ses affres les plus bavardes.
Moi qui voulais offrir à Helen la possibilité de vivre avec une âme plus apaisée que la mienne, la voilà de nouveau liée à un esprit ébranlé... sous l'égide d'une féminité trompeuse.
Et cette idée me donne envie de dégager cette fille aussi vite qu'elle est arrivée...
Je n'étais pas censé devoir m'en occuper. Le deal était simple : cette fille devait prendre soin de ma grand-mère en échange d'un toit au coût minime. L'opportunité pour moi de retrouver mon indépendance, mais aussi de ne plus avoir à lui cacher ce qu'il y a de plus mauvais en moi.
Et j'avais trouvé le profil parfait : une fille qui partageait des centres d'intérêts communs avec ma grand-mère et qui manquait suffisamment de fric pour accepter d'accompagner Helen au quotidien.
Une masse alourdit mon ventre et mes muscles se raidissent, exactement comme en sa présence.
— Je n'étais même pas supposé retenir autre chose que son prénom, pour commencer...
Mon soupir achève de fendre le silence. Le rictus moqueur qui arque les lèvres de Camille ne fait que me hérisser le poil. Il boit, et plisse les yeux. Ce regard analytique, je le connais par cœur : il présage de fendre mes doutes les plus établis.