36. Ça ne franchira pas la barrière des mots

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♫ Love is complicated – Labrinth

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♫ Love is complicated – Labrinth

— Joyeux Noël, Eden !

Mes parents devant la porte d'entrée de l'appartement d'Orion : quoi de plus lunaire ?

Pourtant, mes appréhensions se dissipent rapidement dans les bras de mon père et sous les baisers chaleureux de ma mère. Après quatre longs mois sans les voir, à peine quelques mots échangés, les voilà devant moi, parés pour le réveillon, les mains pleines de présents.

Je recule pour leur laisser le passage, craignant néanmoins leurs regards posés sur Orion. Vêtu d'une chemise noire et d'un pantalon de costume, il ajuste ses manches remontées jusqu'aux coudes avec un sourire poli. Il se présente à mes parents, serre la main de mon père et embrasse ma mère. Il semble si doux, si irréel, que j'ai l'impression de rêver. Mais son aura sombre n'échappe pas aux yeux scrutateurs de mon père, qui le suit du regard alors qu'il les invite à s'installer.

L'appartement d'Orion n'a guère changé depuis que les fêtes ont enveloppé Portland de leur manteau hivernal : un mince sapin trône dans un coin de la pièce, et j'ai dû batailler avec lui pour qu'il accepte une simple guirlande lumineuse au-dessus de la porte d'entrée.

— On a ramené du vin, annonce ma mère tout sourire.

— Ça tombe bien, on a les verres, lui lancé-je.

Dans ma robe lit de vin à manche longue, je sais que j'embête son regard inquiet qui aimerait se glisser sous le tissu pour constater mon absence de sobriété. Alors qu'Orion part chercher les dit verres, elle ose :

— Ma chérie, ce serait trop te demander que de relever tes manches quelques secondes ?

— Cynthia, lâche le morceau...soupire mon père.

Je m'enfonce dans le canapé alors qu'Orion réapparait dans mon champ de vision. Il s'occupe de déboucher la bouteille en échangeant deux trois mots avec mon père à propos du choix de la bouteille, tandis que je lance :

— Papa a raison. Lâche le morceau. À moins que tu ne veuilles être déçue par ta fille, une fois de plus, et qui plus est le jour du réveillon ?

Elle attrape le verre que lui tends le mannequin, et poursuit :

— J'aimerai juste constater l'étendue de ta situation depuis notre absence. Je me fais un sang d'encre depuis que tu as quitté la maison.

— Si je peux me permettre, lance Orion avec sérieux, et je me mords la joue par crainte de ce qu'il est capable de dire – votre fille traite son addiction depuis peu. C'est délicat pour des gens comme nous de se confronter aux traces de nos erreurs, surtout quand on essaie de laisser ça derrière nous. Alors si vous le voulez bien...

Il tend son verre pour trinquer à distance, et ma mère l'imite, vaincue. Mais son éternel toupet, que je tiens d'elle, n'a pas fini de la faire parler. Et elle a trouvé le point sur lequel titiller Orion :

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant