33. Nocturne passionnée

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♫ Tongue – Maribou State

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♫ Tongue – Maribou State

Sept ans plus tôt.

Les larmes coulent sur les joues ridées de ma grand-mère alors qu'elle bat des œufs en neige, un geste devenu mécanique sous le poids des souvenirs. Elle pleure, elle pleure sans relâche, un torrent de chagrin dévalant ses joues creusées.

Je plonge.

Dans les méandres sombres de ma mémoire, trois longues années de douleur, de calvaire, de torture se déroulent devant mes yeux.

Je sombre.

Dans une abyssale mélancolie. Peut-être que maman avait raison. Les secrets, elle disait qu'il faut les garder, pour ne pas briser à tout jamais ceux que l'on aime. Et aujourd'hui, j'ai brisé Helen.

Je tombe.

Dans le Styx de mes tourments, je me noie. Je crois que je suis mort ce jour-là, ou peut-être même des années auparavant.

— Je vais la tuer, Orion – balbutie-t-elle entre deux sanglots. Je vais tuer ta mère.

— Mamie...

Le poids de ses paroles, de son chagrin, est écrasant. À seize ans, je suis impuissant face à l'horreur qui nous étreint. Je n'aurais jamais dû lui dire. Mais le fardeau de ce secret était trop lourd à porter... je voulais juste qu'on me comprenne.

La porte de la cuisine s'ouvre brutalement. Ma mère surgit, une fureur noire dans le regard, et m'agrippe le poignet avec une force qui me fait hurler. Ses yeux, habituellement si doux, sont désormais empreints de cruauté, révélant le monstre tapi en elle, un monstre dont elle a semé les graines en moi.

— Maman, tu me fais mal, lâche-moi !

— Espèce de sale petit con, qu'est-ce que tu as été raconter à ta grand-mère ? Sale môme, putain !

Helen attrape le premier couteau qui lui passe sous la main et pointe ma mère du bout de la lame. Ses joues sont maculées par les larmes, mais cette force qui durcit son regard ferait taire tous les sanglots du monde en cet instant.

— Tu le lâches ou je t'égorge, espèce de peste !

Ma mère éclate de rire. Un rire purulant, juste assez pour me glisser des frissons le long de l'échine. Elle me lâche enfin et tend les bras, exhibant les cicatrices violettes et béantes qui les parsèment.

— Mutile-moi Helen, je t'en supplie !

Ma grand-mère semble anéantie, mais sa détermination ne faiblit pas

— Tu es cinglée. Folle, complètement folle.

Ma mère attrape un vase et le fracasse contre le mur, un éclat de rire hystérique secouant son corps.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant