31. Mon ange

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♫ Lovers from the past - Mareux

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♫ Lovers from the past - Mareux

Il récupère un croquis au sol, celui aux contours délicats d'une chemise légère prennent forme, imprégnés de nuances de bleu qui évoquent le calme de l'océan. À côté, les lignes gracieuses d'un pantalon en lin blanc, capturant la légèreté de l'été, et d'une ceinture aux détails nacrés. Il déchire la feuille lentement, sous mes yeux abasourdis.

— Ça va, gêne-toi donc !

Il sourit, la clope entre ses lèvres roses.

— C'est dément. Comment tu peux te donner autant sur la tenue que j'ai vu en classe, mais ne pas faire le moindre effort sur celle-là ? Le talent, ça ne doit plus être un choix, Eden. C'est ta nécessité.

Je laisse glisser mon visage entre mes mains, et me redresse pour me mettre à genou. Je sens son regard inerte sur moi alors que j'attrape une feuille plus loin pour la lui tendre. Cette fois, la chemise est plus voluptueuse, et reprends le mouvement du jupon de ma tenue. Le pantalon reste pourtant le même, et lui plait bien peu puisqu'il y enfonce sa cigarette brûlante.

— C'est mieux. Mais lâche ce pantalon immonde.

— Finn aimait bien.

— Finn est un bon modèle mais il se contente d'enfiler ce qu'on lui propose. Ton art, c'est encore autre chose.

— Mon « art » ? Eh bien, monsieur Montgomery...

Je hausse les sourcils et il sourit. Mais son rictus s'efface vite, et il tire une taffe avant de me tendre la dernière.

— Le cendrier est devant toi. Tu ne le louperas pas, cette fois.

Son écho à notre premier échange me fait souffler du nez. Je tire puis écrase le mégot, avant d'attraper une feuille blanche. Je commence à griffonner la silhouette d'un homme, sous son regard calme. Seul sa respiration, qui souffle sur mon épaule, me sort de la bulle dans laquelle je me plonge pour dessiner.

— Est-ce que je remets les perles nacrées sur cette tenue ?

— Oui. Dans les tissus sur la poitrine.

Je prends l'initiative de marquer de longs voilages qui dévalent le dos de la silhouette du personnage. Orion part un instant servir deux verres d'alcool, et m'en donne un en regardant mon croquis.

— Une fois immergé, ça fera écho aux traines de la robe.

Il sourit et avale une gorgée.

— Tu vois, quand tu t'y mets.

Soudain, ça toque à la porte...puis j'entends une clé s'enfoncer dans la serrure. Camille ne tarde pas à faire son apparition, des pizzas sous le bras. Un large sourire arque ses lèvres, et il tire sa langue percée dès l'instant qu'il me voit.

— Je t'avais dit qu'on ne tarderait pas à se revoir, mi bella !

Il installe sur l'ilot central les pizzas et je ne tarde pas à foncer me fondre dans ses bras Son parfum à la muscade caresse le bout de mon nez, il sent bon et il le sait. Ses larges paumes cajolent la chute de mes reins, tandis que ses lèvres glissent dans mes cheveux.

— Je suis heureux de te savoir près de lui, chuchote-t-il.

Je redresse la tête pour croiser son regard. Il est bien plus grand que moi et Orion.

— Heureux pour lui ou pour moi ?

Son rictus est bavard, mais je ne le connais pas assez pour en saisir les mots.

— Oh, Eden...si tu savais.

Je libère sa prise et il ne tarde pas à s'accroupir devant les dessins qui gisent sur le sol. Il fronce les sourcils et en regarde quelques-uns.

— Tu dessines pour Kiabi ?

Je n'ai pas le temps de répondre qu'Orion s'élance dans un fou rire incontrôlable.

— Merde, vous êtes vraiment des salops, tous les deux !

Orion se lève et récupère nos verres. Il m'approche, encore et encore, et l'espace d'un instant, j'en oublie la présence de Camille. Je cogne contre l'ilot alors que ses hanches sont à quelques centimètres des miennes. Ses lèvres frôlent ma bouche, et je me sens chanceler alors qu'il marmonne :

— Tu ne crois pas si bien dire, mon ange.

Je déglutis. Pire, je m'étouffe.

Je sens mes joues s'échauffer, mon ventre se contracter, mes mains s'humidifier. Il glisse les bras le long de mon corps...pour trouver l'ilot ou il pose les deux verres. Puis, il rompt brutalement la proximité entre nous en s'approchant d'un Camille dont le sourire s'estompe pour le saluer d'une tape sur l'épaule. Le regard de l'espagnol chancelle de son ami à moi, plus sévère cette fois. Il foudroie du regard Orion, qui fait mine de ne pas voir le mécontentement qui tire les traits de son visage.

— Est-ce qu'il y a un truc, entre vous ?

Orion avale une gorgée en s'appuyant contre l'ilot, tout près de moi. Je secoue la tête.

— Non, rien, nada, pipo. Ton ami ne peut pas me piffrer, tu le sais bien.

Je bouscule Orion de l'épaule, mais il ne bouge plus. Non, il claque son verre contre le comptoir en foudroyant à son tour Camille du regard.

— Pourquoi ? Tu veux en faire ton quatre heure ?

Camille rit jaune, secouant la tête de gauche à droite.

— Ne joue pas à ce jeu avec moi, Montgomery.

J'extirpe mon paquet de cigarette de la poche de mon jean noir, et file sur la terrasse avant de payer les frais de leur dispute. Lorsque je ferme la baie vitrée, leurs cris éclatent de l'intérieur, mais je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent.

Alors je tire une taffe, ignorant le chaos dans mon dos, les yeux rivés sur les bâtiments scintillants face à moi.

Alors je tire une taffe, ignorant le chaos dans mon dos, les yeux rivés sur les bâtiments scintillants face à moi

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Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant