Il est mannequin. Elle est étudiante en mode.
Le destin s'amuse à bouleverser les plans d'Eden. La voilà contrainte de loger chez une parfaite inconnue qui s'avère être... la grand-mère d'Orion Montgomery, mannequin tourmenté en pleine ascension.
Dè...
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♫ Prisoner, The Weeknd
Tic. Tac.
Les aiguilles de l'horloge à coucou postée tout près de ma chambre, sur le palier de l'étage, ne cessent de me rappeler que les minutes passent sans que je ne parvienne à trouver le sommeil.
Le lampadaire planté près de ma fenêtre traverse les carreaux et fends le parquet d'éclats lumineux. Comme de longs pics aiguisés, ils glissent le long des lattes et viennent s'effacer contre le mur sur lequel pendent par-ci par-là des croquis de tenues inabouties.
Il n'y a plus grand-chose dans mes créations qui ne parviennent à leur fin, à vrai dire. Je commence, je n'achève jamais. Trop d'idées se mêlent et viennent s'échouer sur des papiers dont je ne trouve plus la cohérence. C'est un peu comme ça aussi, dans mon esprit.
Je me retourne, mon draps vient envelopper mon corps alors que je trace du bout de l'index les rainures du bois au pied de mon lit.
Je suis épuisée, mais mes pensées m'étouffent tant que je ne parviens pas à trouver le sommeil. Elles sont nombreuses, bruyantes, horripilantes. La soirée qui s'est achevée glisse dans mon esprit avec la facilité d'une vague sur son rivage.
Finn.
Il m'avait observé du coin de l'œil une partie du trajet jusqu'au club, persuadé que j'étais trop absorbée par la virée en limousine qui était offerte à notre promotion pour remarquer ses opales braquées sur moi. Pour autant, rien de vraiment déplacé dans l'attitude du mannequin de l'agence Rosa City : sa sympathie durant la soirée, bien qu'elle ne me procurât pas le bonheur voulu, aura eu le bénéfice de rendre plus confortable ma présence dans ce lieu dont je ne connaissais rien ni personne. C'est un mannequin souriant, amical, fêtard. Il vit les choses entièrement, sans en louper un morceau. Il ne cherche pas à contrôler quoique ce soit ; les choses lui tombent dessus et il les accueille à bras ouvert.
Il avait d'ailleurs accueilli volontiers mon besoin de prendre du recul au cœur de la soirée. Tous deux installés dans un coin de la pièce, je griffonnais sur une serviette en papier tandis qu'il buvait tout en échangeant avec moi. Pas de jugement dans ses mots, il était attentif, et j'aimais ça.
— La souplesse que l'on trouve dans ta traîne, on doit en trouver l'écho dans la tenue que je porterai. Mais ne me fait pas porter de jupon, pitié.
Un sourire ourlé d'un cure-dent embellissait ses lèvres.
Je me libère de mes draps, attrape un crayon égaré sur le rebord de ma table de nuit, et griffonne sur un papier abandonné au sol.
Souplesse.
Je soupire. Les paroles de Finn résonnent avec force, rappelant un souvenir lointain, quand, à genoux sur le carrelage du salon chez Aaliyah, je découpais les patrons de sa première tenue de danse.