4. Kira

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♫ Softcore, The Neighbourhood

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♫ Softcore, The Neighbourhood

— Je sais que c'est toi, Orion.

Kira glousse, le timbre de sa voix porte encore les traces évidentes de ses larmes. Quelques secondes filent, puis la chasse d'eau se déclenche. Le verrou finit par pivoter, et la porte dévoile ma collègue assise au sol, un bras sur la cuvette des toilettes. Sa longue queue de cheval nattée repose sur l'une de ses épaules, tandis que le liner qui allonge ses yeux en éventail coule désormais sur le haut de ses pommettes saillantes. J'entre et m'appuie contre le mur d'en face.

— Comment tu l'as déduit ?

Son rire est étiolé, à peine perceptible, comme s'il était presque éteint.

— Ta démarche. On croirait entendre un croque-mort.

Elle hausse les sourcils, un rictus en coin.

— Qui aurait pensé que les pompes funèbres pouvaient être le nouvel Eldorado de la mode ?

Je lui souris, et jette un bref coup d'œil aux toilettes. Rien à signaler, Kira a eu l'intelligence d'effacer toutes traces...mais je reconnais cette subtile odeur âcre, celle d'un ventre vide qui a évacué ses dernières réserves rances. Je plonge mes yeux dans les siens, même si seul l'un d'eux ne la perçoit en réalité. Un œil éteint, pour une âme inanimée. Elle mordille sa lèvre.

— Je sais, et tu l'as très bien compris, entamé-je.

Je me redresse et l'approche d'un pas. De toute ma hauteur, je domine son corps retranché dans le coin, entre la cuvette et le mur.

— Orion...

— Relève-toi, Kira.

Elle s'exécute, et m'accompagne à pas ébranlés. L'assurance coutumière dont elle fait preuve s'évapore à mesure qu'elle s'avance à mes côtés, se confrontant à son reflet dans le miroir. Ses perles noires dévalent sa silhouette, enveloppée d'un haut bandeau noir et d'un pantalon en cuir. Je m'approche doucement d'elle jusqu'à ce que son dos embrasse mon torse, et fais courir mes mains sur ses côtes dont les contours se distinguent à travers sa peau. Elles roulent sous mes doigts, se soulèvent au rythme de sa respiration saccadée.

Son souffle court trahi sa rage contenue, sa frustration palpable et sa honte silencieuse.

— J'ai pris un kilo, Orion. Un kilo. Elle m'a engueulée, cette sorcière.

— Regarde ce qu'ils ont fait de toi, bordel.

Sa mâchoire roule lorsqu'elle repousse brutalement ma prise sur sa taille étroite. Elle fait volte-face, s'appuie contre l'évier et croise les bras.

— Je ne te permets pas de parler de moi, Orion... en sachant que tu n'es pas plus toi-même que je le suis actuellement.

C'est plus fort que moi, j'éclate de rire. C'est cynique, éhonté.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant