Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]

24. Papillon de nuit 1/3

♫ Innerbloom – RÜFÜS DU SOL

La claque...

Ses mots font mouche, me rappelant mes propres failles.

Mes dents s'enfoncent dans ma joue alors que les larmes picotent mes yeux.

Je sens le regard plein de pitié de Finn alors qu'il observe Abi me rabaisser.

L'instant d'après, je saisis un verre de soda négligemment posé sur la table basse et le lance au visage d'Abi. Son cri de surprise résonne dans la pièce alors que je me fonds dans la foule pour rejoindre le jardin, laissant quelques larmes rouler sur mes joues tandis que mes doigts caressent mes avant-bras blessés.

J'ai déjà suffisamment à me reprocher pour m'être autant meurtrie, je n'ai pas les épaules pour en assumer les conséquences face au monde.

Elles marquent ma souffrance, et désormais, je ne peux plus en cacher la saveur aux autres.

La douleur est capricieuse. Un jour elle te frappe, le lendemain elle te caresse. Je l'ai épousée à temps plein.

Et désormais... tout le monde le sait.

Les minutes passent et je profite que le souffle du vent caresse ma peau pour me laisser porter, les paupières closes. Un craquement de bois dans mon dos m'alerte de l'arrivée de quelqu'un, puis je ressens sa présence tout près de moi. Je relève la tête pour croiser le regard de Finn, tenant deux verres d'alcool. Il me tend l'un des verres en silence, son regard en dit long sur sa compréhension tacite de mes tourments.

— Excuse-moi, Eden. Je ne sais pas pourquoi je m'en suis pris à toi comme si tu y étais pour quelque chose. Tu veux bien qu'on oublie ?

Je hoche doucement la tête en attrapant délicatement le verre. Il me sourit.

— Ne me le jette pas au visage, s'il te plait. Même si c'était mérité pour Abi et que ça le serait pour moi.

— C'est moi qui suis désolée. Je n'aurai pas imaginé qu'Orion pouvait être immoral à ce point. Seulement...lui et moi, on n'a rien à voir. Vraiment.

Et c'est dans le vice de cet homme que je réalise que oui, lui et moi ne sommes effectivement pas les même. Pas comme je l'aurais cru...

Il hausse les épaules.

— C'est un sale type qui le cache bien.

Je repense aux mots de Camille à propos de Finn, et soudainement, je ne sais plus trop qui croire. Qui est vraiment le pire, d'Orion ou de Finn ? Tout à coup, c'est le petit-fils d'Helen qui m'abhorre le plus.

Je descends rapidement mon verre, si vite que la nausée monte.

— Ce qu'Abi a dit sur toi, ça craint.

— Cette soirée prend la tournure d'une sitcom ratée, pouffé-je.

J'ai pourtant l'habitude de ses paroles acides, blessantes, cruelles... Mais jamais elles n'ont touché un sujet si sensible. À l'accoutumée, j'ai le droit à des remarques sur ma grande gueule, mon regard trop noir, mes cernes qui trahissent mes nuits blanches ou encore mon sourire absent... et ça ne me touche pas.