Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]

38. Mélodies de Minuit

♫ Haunted – Chris Grey

L'eau me parait ardente depuis que ses mains ont glissées sur moi.

Je suis amoureuse, bien trop amoureuse de cet homme qui m'exécrait si peu de temps avant.

Mais tout chez lui me touche : ces barrières effrontément fondées pour cacher ce petit garçon frêle qui a tout perdu sous les mains de sa maman. Cet œil qui lui rappelle son absente présence, chaque jour ; son trophée aux milles potentiels aux yeux des autres, sa fêlure chaque matin dans le miroir.

Oui, je suis amoureuse de ce garçon aux secrets dans les yeux, aux mots rudes à la bouches et aux mains tendres sur mon corps...

Je n'attends rien de lui, car je sais que je ne peux lui demander un cœur qui n'est plus.

Je n'attends rien de lui...quitte à me foutre en l'air. Une fois de plus.

J'observe Zoey glisser dans l'eau, une fine lingerie vert émeraude sur le corps mettant en valeur sa chevelure rousse. Elle se fonds dans mes bras et glisse sa tête dans mon cou.

— Je t'aime tellement, Eden. Merci pour cette soirée.

Je glisse un bras derrière sa nuque et la presse davantage contre moi, non sans manquer du regard Orion et Camille qui échangent près de Kira, dont la maigreur ne suffit pas à réchauffer son corps tremblant.

Elle est une âme à sauver, elle aussi.

Plus tôt dans la soirée, je n'ai pas pu manquer les regards évocateurs que posait Camille sur elle. Il l'observe, la surveille, la chérit. Seulement, Kira est tellement fermée et brisée qu'elle ne remarque même plus l'intérêt des autres pour elle.

— Je t'aime, Eden...mais dit moi, tu ne viens quand même pas de jouir dans cette piscine ?

Elle arque un sourcil, prend du recul pour voir ma réaction, et sourit lorsque mes joues s'empourprent.

— Ok, Camille a donc l'œil...souffle-t-elle, amusée.

Nous rejoignons le petit groupe, et ce qui attire mon attention, c'est justement Camille : il ne peut détacher son regard de Kira, assise au bord de la piscine, ses bras enroulés autour de ses jambes pour se réchauffer. C'est quand son regard se perd dans le vide que ses barrières s'effritent.

Camille prend une profonde inspiration.

— Tu vas bien ? demande-t-il doucement.

Kira lève les yeux, surprise par l'attention. Elle tente un sourire, mais la tristesse dans ses yeux est indélébile. Elle me frappe : Kira n'est pas plus heureuse que moi, malgré ses défenses.

— Oui, ça va, ment-elle. Juste un peu froid.

Camille glisse ses mains sur les cuisses de son amie, qui frémit.