The Dorian's Story : La Prophétie Du Héros

Chapitre 56 : Espoir vs désespoir

" Je me dirige avec détermination vers le champ de bataille que je viens à peine quitter pour sauver Félis. Les combats font toujours rage et pendant notre court laps d'absence, l'ennemi à récupérer toujours plus de terrain. Les guerriers Shi font des ravages au sein de nos rangs. Mais moi je n'ai plus peur. Tout ce qui m'anime désormais c'est cette rage de vaincre, cette détermination à arrêter cette pure folie. Il faut que cela cesse. Il y a déjà eu bien trop de pertes, que ce soit de notre côté, comme du leur. Les guerres sont bien entendu toujours dévastatrices, mais quand elles sont orchestrées par des hommes assoiffés de sang et de vengeance, elles deviennent inconsidérablement plus meurtrières. D'autant plus que cette guerre là n'a pas de réel motif. De notre part, nous nous battons simplement pour garder notre liberté et pour survivre. De l'autre côté, cette guerre répond au désir d'un seul homme. 

Alors oui là tout de suite, je m'avance, déterminé, alors que pourtant je suis devenu un point faible. Je suis désarmé ; mon épée probablement perdu au milieu du champ de bataille et récupérer par l'un des ennemis. Mais le pire de tout, c'est que je n'ai plus Felis avec moi. Notre lien n'est plus effectif. Il n'est certes pas encore mort mais une planète entière nous sépare et son statut de gravement blessé m'empêche d'accéder à mon pouvoir. Les pouvoirs des mages sont un entremêlement complexe et ne peuvent être utilisés aussi facilement que l'on pourrait penser. Il faut un lien entre le mage et son animal. Il faut donc être deux pour maitriser ce pouvoir. Si l'un des deux n'est plus opérationnel, même s'il n'est pas mort, le lien ne peut plus se faire et par conséquent, l'accès au pouvoir est coupé. 

Je me sens donc plus que désarmé, je me sens démunie. Comme si une part de moi-même était manquante. Comme si j'étais vide de l'intérieur. Mais je n'ai plus le choix. Je dois avancer coûte que coûte et tout faire pour ne pas perdre. Je dois avancer pour tous ceux qui comptent sur moi. Je suis le prince de la Nation des Feux, le héros d'une prophétie et le symbole de cette guerre. Je me dois donc d'incarner au mieux l'ensemble de ces trois personnes. J'ai conscience des risques. J'ai conscience du peu de chances de réussite qu'il me reste. Mais j'ai espoir. Et là tout de suite, l'espoir est ma meilleure arme. 

***

Nous arrivons rapidement aux abords des premiers combattants. Adrien ne perd pas de temps et nous dégote rapidement de quoi nous défendre. Il me tend une épée qu'il trouve sur un cadavre au sol. En la prenant dans ma main, je me rends rapidement compte qu'on est loin de la qualité de mon épée habituelle mais je vais devoir m'en contenter pour l'instant. Nous ne tardons pas à nous faire repérer par des guerriers Shi qui foncent sur nous pour en découdre. 

J'ai l'impression de revenir un peu plus tôt en arrière, lors de mon premier combat avec un guerrier Shi. Sauf que cette fois, je vais devoir me battre sans user de mon feu. Dans mes prochains combats, seul mes performances d'épéiste pourront m'aider. Et face à de tels maîtres dans l'art du combat, autant vous dire que ces compétences sont bien maigres. 

Comme je m'y attendais, mon adversaire attaque pour ne plus s'arrêter. Il enchaîne les coups sans me laisser de répit. De mon côté, je tente de parer du mieux que je peux mais sans pouvoir jamais réellement l'attaquer. Ses mouvements fluides le rendent insaisissable. Il danse avec grâce pendant que je courbe l'échine. Il virevolte alors que je trébuche. Pourtant, comme tout être humain, il est obligé, à un moment donné, de faire une légère pause, histoire de ne pas trop s'épuiser. Je suis moi-même épuisé mais c'est ma seule ouverture. 

Je m'élance, feinte un mouvement, puis assène un coup bien en dessous de sa garde. Pourtant, ses réflexes aiguisés me voient arriver avant que je n'aie le temps de finaliser mon geste. Ma lame n'a donc le temps que de s'enfoncer légèrement dans son flanc, avant qu'il ne m'envoie valser plusieurs mètres plus loin. Comme un peu plus tôt, je m'écroule violemment au sol. Mais cette fois, j'ai le temps de me relever. Néanmoins, la distance qui nous sépare nous oblige à nous avancer vers l'autre afin d'attaquer. Nous nous avançons donc d'un commun mouvement et attaquons au même moment. Nos lames s'entrechoquent. Ce que le guerrier ne voit pas, c'est le poignard que j'ai réussi à récupérer juste avant de me relever. Ce poignard, je le sers fortement et l'enfonce violemment dans sa poitrine, juste au-dessus de son cœur. L'homme titube en arrière mais il tient bon.