Vingt-neuf

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16 février 2023-Pablo

Je souris simplement à ma mère, qui dépose un nouveau plat sur la table. Comme à chaque fois, je suis assis à côté d'Aurora, ma sœur, et en face de mon père. J'essaie d'aller voir mes parents le plus souvent possible, bien que ce soit toujours aussi compliqué.

Je sais que mes parents respectent ce choix, et qu'ils m'encouragent même à continuer. Je sais qu'ils souffrent tout de même un peu de ne pas pouvoir régulièrement me voir, et bien souvent, ce n'est pas longtemps. Mais je sais aussi qu'ils sont fiers que je puisse exercer le métier de mes rêves. Je ne pourrais jamais assez les remercier.

« Pablo, tu prends toute la place là, bouge.

- Elle commence déjà à me soûler...»

Ma sœur lâche un long soupire d'énervement, mais elle ne se gêne pas pour me pousser à l'aide de son coude. Je me pousse légèrement, avant de prendre un peu de salade.

« Comment se passent tes entraînements ?

- Bien. Oui, bien...»

Mes parents ne sont pas au courant que la plupart du temps, je me retrouve seul ou avec Xavi. Je ne veux pas leur dire, parce que je sais qu'ils s'inquiéteraient. Ils en ont déjà assez fait pour moi, alors j'estime que maintenant, je peux me débrouiller seul. Aurora sait parfaitement que je mens, puisqu'elle sait me déchiffrer à la perfection. Le pouvoir d'une sœur.

« Vous n'avez pas beaucoup de match, en ce moment.

- C'est normal, on en a eu énormément au mois de janvier.

- Tu n'es pas trop fatigué, Pab' ? Je ne veux pas que tu prennes le risque de te blesser.

- Ne t'inquiète pas, maman, tout va bien.»

Je sais que je ne prendrais jamais de risque inutile, puisque je tiens bien trop à ma carrière pour la gâcher. Je mange discrètement, ne voulant pas vraiment parler du football aujourd'hui. Je sais que c'est quelque chose qui fait entièrement parti de moi, et que je ne pourrais jamais m'en débarrasser.

Bien que je suis terriblement chanceux de pouvoir pratiquer ce que j'ai envie de faire, de temps en temps, j'aimerais vraiment m'éloigner de cet univers, le temps de quelques heures. Mais je sais que peut importe où je veux -sauf avec Sofia- je serais obligé d'en parler.

Je ne sais toujours pas pourquoi Sofia est devenue aussi importante pour moi, mais je sais parfaitement que je n'arriverais pas à me passer d'elle. Elle m'apporte une force que je n'aurais jamais imaginé possible. Grâce à elle, j'arrive enfin à m'affirmer -même si c'est presque ridicule-.

« Et sinon, tu t'es trouvé une amoureuse ?

- Maman... Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas m'engager dans une relation alors que je ne suis jamais vraiment chez moi.

- Cela n'empêche pas le fait que tu puisses aimer quelqu'un. Tu sais, on ne choisit pas lorsque l'amour va frapper.»

J'hoche brièvement la tête, sachant pertinemment qu'elle va me répéter la même chose que d'habitude. Pourtant, mon avis ne change pas : je ne veux pas me mettre en couple. Je pense qu'en réalité, j'ai bien trop peur de me faire briser le coeur, ou de briser le coeur de quelqu'un d'autre sans le vouloir.

Je suis bien loin d'avoir un quotidien stable, et je sais que je n'arriverais pas à me poser correctement. J'ai aussi peur que cette relation me déconcentre lorsque je suis sur le terrain, et donc que Xavi arrête de me mettre titulaire.

« C'est mal de mentir.»

Je tourne doucement la tête vers ma sœur, qui arbore un large sourire après avoir prononcée ces quelques mots. Je secoue de nombreuses fois la tête, avant de concentrer mon regard sur mon assiette.

Moi, amoureux ? C'est presque improbable, puisque je crois sincèrement que je ne suis pas fait pour l'amour. C'est bien simple : Pablo ne peut pas, et ne sera pas amoureux. Je pense qu'à force de penser de cette manière, c'est devenu quelque chose de vrai.

« Nous partirons quelques jours en vacance, dans deux semaines.

- Oh, d'accord.»

J'aimerais leur dire que justement, c'était ma semaine de vacance, et que j'aurais aimé pouvoir les voir. Mais je ne dis rien, parce que je sais qu'autrement, ils annuleraient leur vacance pour rester avec moi. Mais je préfère qu'ils profitent, plutôt qu'ils se sentent obligés de rester.

« Comment va Javi, Aurora ?

- Très bien. Et toi comment va ta copine, Pablo ?

- Si seulement j'en avais une, j'aurais pu te répondre.

- Ne me fais pas croire que tu n'en as pas.

- Tu as une copine, Pab' ?»

Je souffle de désespoir, conscient que si ma mère s'y met, je suis vraiment fini. Je baisse doucement la tête, en affirmant de nombreuses fois que ma sœur raconte vraiment n'importe quoi, comme à chaque fois.

« Mais tu parles bien avec une fille ?

- C'est une amie.

- Comment elle s'appelle ?

- Sofia.»

Le regard de ma mère s'illumine légèrement, ce qui me fait comprendre qu'elle sait parfaitement de qui je parle. Ma mère a été la première au courant de l'accident que j'ai déclenché, et finalement, je crois qu'elle ne m'en veut pas. Je savais qu'elle m'avait souvent prévenu que boire au volant était quelque chose de mauvais, mais j'ai préféré ne pas l'écouter, pensant que je n'avais pas besoin de le faire.

« Et bien, si c'est une amie...

- Mouais, moi j'y crois pas.

- Je t'ai pas demandé d'y croire, Aurore.

- Je t'emmerdes !»

Je rigole franchement en secouant la tête de nombreuses fois, avant de manger. Il est évident qu'Aurora et moi sommes comme chat et chien, mais que je ne peux pas me passer d'elle pour autant. Elle a toujours été très importante pour moi.

« Pablo ! Mais vous avez quel âge pour agir comme ça ?

- Pour ma défense, c'est elle qui a commencé.»

Finalement, je crois que ce sont les moments les plus simples que je préfère. Je ne suis plus sûr de vouloir changer, parce que j'ai bien trop peur que ça change aussi mes proches.

Pourtant...

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Bonjoooour. 

Comment vous allez? 

Le chapitre a un jour de retard mais c'est volontaire (tout simplement parce que j'ai posté les derniers chapitres de "La flèche de Cupidon" hier, et que sinon ça faisait trop)

Mais je m'ennuie vraiment... 

Genre je sais pas vous, mais là c'est trop nuuul. 

Enfin bon... 

Retenez pas trop ce chapitre parce qu'en théorie (en théorie) il n'apportera rien pour la suite. 

A mercreeeedi. 

Crash|| P.GOù les histoires vivent. Découvrez maintenant