Crash|| P.G

Onze

21 juin 2022-Pablo

Je souris à Léo, avant de m'asseoir à côté de lui, sur les grands bancs de cet hôpital déprimant. Il a l'air plus reposé que les autres fois, pourtant, ses cernes sont toujours aussi importantes. Presque cinq mois que ses nuits sont bercés par de terribles cauchemars, avec moi comme seul responsable. J'espère tous les jours recevoir son appel, m'affirmant que sa meilleure amie est réveillée, et que je pourrais enfin m'excuser.

Je passe une partie de ma journée entre ses murs blancs, la fixant sur ce lit blanc, espérant qu'elle puisse bouger. Mais je me rends bien compte que plus les jours passent, plus l'attente est insurmontable. C'est bien simple : je ne me remettrais pas de la mort que j'ai moi-même causé.

Je passe ma main dans mes cheveux, pour les recoiffer légèrement, tout en soufflant. Je ne sais pas pour quelle raison il se trouve dans le couloir, et non dans sa chambre comme tous les week-ends, mais je n'ose tout simplement pas le demander. J'ai peur de connaître la réponse. Mais il ne semble pas avoir pleuré, alors ça me rassure un peu.

« Ils lui font passer des tests.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas.»

J'hoche simplement la tête, alors que je sens la panique monter. Je sais que la raison de son coma est tout simplement son traumatisme crânien. D'après les dires des médecins, ce genre de chose sont courantes lors des accidents. Pourtant, Sofia n'arrive étonnement pas à s'en remettre. Mais je veux y croire. Je dois y croire.

Je me lève rapidement lorsque le médecin arrive, son calepin fermement tenu entre ses mains. Je le salue rapidement, bien plus intéressé par ce qu'il pourrait nous dire. Léo est debout à côté de moi, et ne bouge presque pas. J'ai même l'impression qu'il retient son souffle.

« Les tests effectués sur Sofia Mora sont assez encourageants. Il est évident qu'elle ne s'en est pas remise, mais c'est déjà bien mieux qu'il y a quelques mois.

- Elle va se réveiller ?

- Tout dépendra de ce qu'elle décidera elle. Nous ne pouvons rien faire de plus que d'attendre. Mais votre meilleure amie est forte, alors ça devrait aller.»

Je ferme doucement les yeux, essayant d'assimiler tout ça. Pendant ces quelques mois, j'ai bien compris à quel point Sofia était importante pour Léo. Il n'a jamais perdu espoir, et a su me conter leur histoire avec fierté. Mais je vois cette étincelle faiblir doucement.

« C'est déjà plus positif que la dernière fois...

- Oui, mais ça fait cinq mois... Elle n'a pas bougé une seule fois.

- Si, quand je lui parlais.»

Ses yeux écarquillent, laissant place à de l'étonnement. J'étais persuadé de lui avoir dit. C'est pour cette raison que je continue d'avoir espoir. Parce que si c'était vraiment fini, elle n'aurait pas pris la peine de bouger.

« Ne perds pas espoir.

- Mais c'est long.

- Je sais, mais tu me l'as dit toi-même : elle est forte.

- Sa mère et son père ne sont pas venus la voir une seule fois.»

J'ai cru comprendre que ses parents ne s'inquiétaient pas vraiment de sa santé à elle, mais plus de son petit frère de neuf mois : Hugo. J'ai compris que Sofia gardait souvent son frère, en plus de son boulot de femme de ménage et des cours.

« Elle va halluciner quand elle verra ma moyenne d'anglais...

- L'année est déjà finie ?

- Ouais... Elle sera contente de ne plus avoir littérature espagnole, au moins.»

Je rigole légèrement, avant de baisser la tête. Il est évident que je m'en veux de lui avoir gâché son année de cours. Tout aurait pu se passer différemment si je ne m'étais pas persuadé que boire pour m'intégrer était une bonne idée.

Finalement, je me retrouve bien plus seul que d'habitude : visiblement je leur fais peur. Mais en réalité, je n'ai plus envie de sortir, pour le moment. Je préfère rester dans ma chambre, à fixer mon téléphone, pour recevoir l'appel que j'attends le plus.

« Je dois y aller... Ma mère va me tuer. Tu reste avec elle ?

- Oui, je t'appelle si elle se réveille.»

Il hoche la tête, avant de rebrousser chemin pour sortir. Je rentre, comme tous les jours, dans cette chambre que je commence sincèrement à haïr. Comme tous les jours, elle est branchée à tout un tas de tuyaux qui se chargent de la maintenir en vie, et de continuer de faire vivre l'espoir.

Je me demande ce qu'elle aimerait faire, en ce moment. Est-ce qu'elle aime voyager ? Ou alors peut-être qu'elle se reposerait simplement. Je n'en sais rien, parce que finalement, je ne la connais pas. Elle a croisé ma route, alors qu'il aurait mieux valu que ça ne soit jamais le cas.

« Je crois que Léo perd un peu espoir, mais je pense qu'il essaie de rester fort. Il faut vraiment que tu te réveilles. Je n'ai jamais voulu ça. Tu n'aurais même pas du croiser ma route.»

Je me déteste toujours un peu plus tous les jours, en voyant qu'elle ne se réveille pas. Si ça se trouve, ses dernières minutes de vie étaient vécues dans les pires conditions. Je ne doute pas sur le fait qu'elle avait tout un tas de projet, et qu'à cause de moi, elle n'arrivera sûrement pas à les faire.

Elle a déjà perdu cinq mois de vie. Cinq mois durant lesquels elle aurait pu être heureuse. Peut-être qu'elle aurait continué à travailler, parce que j'ai compris que c'était important pour elle. Mais peut-être que le trente janvier, elle a travaillé pour la dernière fois. Pourquoi j'ai tenu à boire ? Quel connard !

Je reste des heures et des heures ici, comme tous les jours, à fixer ce lit. J'espère simplement que sa poitrine va continuer de se soulever et de s'abaisser, pour qu'elle continue de faire vivre l'espoir. Et demain, je continuerai d'espérer qu'un jour, je pourrais m'excuser.

Parce que l'espoir est devenu la chose la plus importante en ce moment. 

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BONSOIR!!! 

Comment vous allez? 

J'avoue, ils me font tous de la peine. 

Je vous l'annonce (parce que je ne suis pas sadique)(faîtes semblant d'y croire), Soso ne restera pas dans le coma bien longtemps. 

Elle va se réveiller trèèèèèèès bientôt. 

Le bond dans le temps en volontaire (parce que ça ne sert à rien d'écrire 20 chapitres où il se passe la même chose). 

Enfin, on se retrouve mercredi!!