T2-Deux

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18 avril 2023-Sofia

Fixant cette porte, blanche comme tout ce qui m'entoure, je suis incapable de l'ouvrir, ni même de bouger. Ma blouse de patiente est toujours sur moi, attentant de je rentre chez moi, lorsque Léo m'affirmera qu'il est arrivé, pour que je puisse la changer.

Mon téléphone affiche dix heures, ce qui m'affirme que je suis restée près de deux heures devant cette porte, incapable de bouger. Les rideaux sont fermés, m'empêchant de le voir. Mais j'ai peur de ne pas réussir à accepter ce que je risque de voir.

« Vous pouvez rentrer dans la chambre, Madame !»

Je sursaute en entendant une infirmière me prononcer ces mots, en passant derrière moi. Les couloirs sont bondés de personne, mais j'aimerais secrètement être seule. Mais je me dis que peut-être, je n'ai pas le temps d'attendre. Je toque à la porte, par pur réflexe, avant de rentrer dans la chambre, sachant que je ne recevrais probablement pas de réponse.

Ma main se bloque immédiatement à ma bouche, en voyant Pablo, relié à une multitude de fils. Ses yeux sont clos, réduisant mes espoirs de le voir réveillé. Ses poumons peinent à se lever, accentuant les larmes qui menacent mes yeux. Mon dos retrouve cette porte, tentant de calmer mon coeur.

Je reste peut-être une vingtaine de minutes à le fixer, sans arriver à prononcer un mot. Je sais que lorsque j'étais dans le coma, j'entendais à chaque fois que l'on me parlait, avec la forte envie de répondre. Après, peut-être que si je lui parle, lui aussi, il m'entendra.

« Coucou.»

Je marche douloureusement vers lui, pour m'asseoir sur le fauteuil adjacent au lit. Il n'est absolument pas confortable, mais je sais pertinemment que je ne peux pas m'en plaindre.

« Je-je-je vais bien. Je te remercie de m'avoir protégée. Je... Tu aurais dû te protéger toi, tu sais. Il-il faut que tu te réveilles. Mais je sais que tu dois profondément souffrir. J'espère que tu pourras rejouer au foot. Je sais comme c'est important pour toi...»

Un maigre sourire, qui est plus que douloureux, éclaire mon visage. Je sais qu'une partie des rêves de Pablo peuvent à présent s'effondrer, parce qu'il a plus cru en ma vie, qu'en la sienne. Et aujourd'hui, il dort dans ce lit, avec la possibilité qu'il ne se réveille probablement pas.

Mais une partie de moi refuse de croire que sa vie puisse se terminer maintenant. Il a encore bien trop de choses à découvrir. Une partie de moi veut retrouver cette sensation étrange au creux de mon ventre à chaque fois qui me regarde, avec l'espoir qu'un jour, je comprendrais ce qu'il se passe. Peut-être même qu'une partie de moi veut qu'il repose un jour ses lèvres sur les miennes. Je veux aussi l'entendre me parler de sa carrière, avec des étoiles dans les yeux. Je veux pouvoir continuer de l'encourager, et qu'un jour, peut-être, il ne soit plus mis à l'écart. Je veux aller le voir à ses matchs, comme c'était prévu. Je veux pouvoir lui parler de tout, et de rien, sans peur d'être jugée.

« Il-il faut vraiment que tu te réveilles. Tu as bien trop de choses à découvrir pour que tu ne te réveilles pas. Je ne l'accepterais pas. Tu ne peux pas mou-mourir alors que moi, je m'en sors sans séquelle. Les rôles n'ont pas le droit d'être inversé.»

Je sais pertinemment à quel point c'est difficile de comprendre tout ce qu'il se passe autour de nous, sans jamais pouvoir réagir. C'est comme si la mort était le noir qui nous entourait, et la vie, le quotidien des autres. L'envie de se réveiller est presque impossible, et pourtant, c'est le sens espoir qu'il nous reste. Le sommeil qui nous accapare n'est même pas reposant, puisque notre corps continue de souffrir, et se bat sans cesse. Je ne veux pas que Pablo est à subir tout ça.

« Bonjour ?»

Je fronce les sourcils, en me tournant vers la porte qui s'est ouverte en même temps que quelqu'un vient de rentrer. Je lâche rapidement la main de Pablo, que j'avais prise par réflexe.

La brune qui vient de rentrer me sourit respectueusement, mais je sais que son étonnement est présent. Elle n'est pas très grande, mais les talons qu'elle porte ne le montre pas. Elle ressemble énormément à Pablo, ce qui me fait rapidement comprendre que c'est sa sœur.

Pablo m'a souvent parlé d'elle, et je sais à quel point elle est importante pour lui. D'après ce qu'il m'a souvent dit, ils sont tous les deux très proches, et je me doute que cette nouvelle a du terriblement l'attrister. Mais encore une fois, je ne peux que m'excuser, et continuer de prier pour qu'il puisse se réveiller.

« Tu es Sofia ?

- Euh-oui. Aurora ?»

Elle me sourit, pour me faire comprendre que c'est le cas, et se rapproche de nous. Elle s'assoit sur le bord de ce maudit lit, un maigre sourire étirant son visage. Sa fatigue est nettement visible, et je comprends rapidement qu'elle n'a pas du beaucoup dormir. Je mentirais si je disais que c'était le cas pour moi.

« Tu sais, Pablo me parlait souvent de toi. Je suis contente que tu ne lui en aies pas voulu. Tu sais, il ne voulait pas faire ça, même si ça n'excuse en rien.

- Je n'aurais pas pu lui en vouloir... Je comprends pourquoi il a agit comme ça.

- Tu sais, mon frère tient énormément à toi. Ne le laisse pas tomber.

- Je ne le ferais pas.»

Elle hoche plusieurs fois la tête, avant de baisser les yeux sur le corps comateux de son frère. Je ne sais pas ce que je suis censée faire, maintenant qu'elle est là. Peut-être veut-elle rester seule avec lui ? Peut-être que je devrais m'en aller, pour la laisser tranquille. Mais c'est comme si mon corps était incapable de se lever, préférant rester ici, avec lui.

« Je-tu vas bien ?

- Je n'ai rien de grave.

- Je suis contente, alors. Je suis sûre que Pablo voulait juste que tu ailles bien. Il s'en est bien trop voulu, la dernière fois.

- Mais là, il n'aurait rien pu faire.»

Elle me sourit une fois de plus, alors que je plonge mon regard dans le vide. Mes larmes menacent une nouvelle fois de couler, mais je m'interdis de le faire.

Pas maintenant. 

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Coucou!!!

Bon, je l'avoue, les chapitres qui vont suivre seront pas les plus joyeux. 

Mais ne vous inquiétez (en fait si inquiétez vous) ça ne sera peut-être pas le cas très longtemps.

Aurora est cute par contre. 

Et Soso, bichette, elle me fait de la peine. 

On se retrouve mercredi!! 

Crash|| P.GOù les histoires vivent. Découvrez maintenant