Vingt-trois

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25 janvier 2023-Pedro

J'enfile lentement mes crampons, prenant le temps de bien les lacer. Comme à chaque fois, Pablo n'est pas là, préférant s'échauffer sur le terrain et aider Xavi. Je sais que je devrais sûrement le rejoindre, et ne pas le laisser seul, mais j'en suis tout simplement incapable. Il reste mon meilleur ami.

« Vous êtes tous là dimanche, après le match ?»

J'acquiesce comme la plupart de mes coéquipiers, avant de concentrer mon regard sur mon téléphone. Je sais qu'il est inutile de demander à ce que Pablo nous rejoigne, comme il en mourrait d'envie, puisque la réponse restera négative.

Malgré tout, moi-même, je ne sais pas ce qu'ils reprochent tant à Pablo. Il a toujours fait en sorte d'être le plus parfait et attentionné possible. Mais visiblement, l'accident qu'il a malheureusement déclenché semble avoir été la goûte d'eau qui a fait déborder le vase.

« Pablo parle toujours avec Sofia, Pepi ?

- Il me semble. Pourquoi ?

- Je ne comprends pas pourquoi elle accepte de lui parler. Il est bien trop dangereux...»

J'hoche simplement les épaules, ne voulant pas d'avantage rentrer dans le sujet. Je ne sais pas pourquoi le fait que Pablo parle avec cette femme les dérange tant, mais je ne veux pas le savoir. Pour moi, Pablo est bien loin d'être détestable, et je sais que malgré tout, ils ne me feront pas changer d'avis. Au début, c'était bien le seul à m'accepter, alors je ne vois pas pourquoi je l'abandonnerais. Cela ferait de moi quelqu'un de purement lâche.

« En plus, il a failli la tuer.

- La pauvre... Elle a du avoir terriblement peur.

- Lui aussi, il a eu peur.»

Tous les regards se retournent à présent vers moi, comme si ce que je venais de dire était la pire des bêtises. De temps en temps, si j'en ai la possibilité, je le défends. Parce que je sais que dans ce genre de situation, j'aurais aimé qu'on me défende, et non qu'on parle dans mon dos. Je sais que je prends aussi le risque de me faire haïr, mais finalement, je crois que je n'en ai rien à faire.

« Il ne voulait pas boir.

- Ouais, mais il l'a quand même fait.»

Alejandro me crache cette phrase, comme si c'était quelque chose dont je n'étais pas au courant. Je sais que Pablo avait bien trop bu, et qu'il aurait pu éviter bien des choses si il ne l'avait pas fait. Mais je crois que finalement, ils ne semblent pas comprendre la raison de son geste. Comme si ils étaient incapables de se mettre à la place de Pablo.

Je sais qu'il souffre d'être constamment mis à l'écart, et de n'être au courant de rien. Xavi nous a déjà affirmé plusieurs fois que ce n'était pas le comportement que devait avoir une équipe, mais ils n'en avaient pour autant rien à faire. Comme si tout ce qui concerne Pablo rentre par une oreille avant de sortir par l'autre. Comme si ça n'avait pas d'importance pour eux.

« Tu sais très bien que si il n'avait pas bu, elle n'aurait pas risqué la mort.

- Mais peut-être que si vous ne l'éjectiez pas aussi souvent aussi.»

Je me pince immédiatement les lèvres, conscient que ce que je leur ai dit n'allait pas leur convenir. J'ai remarqué, au fil des jours, qu'il fallait constamment que ce que je leur dise leur plaise, et soit en rapport avec ce qu'ils pensent.

« Pedro, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Pablo est mon ami malgré tout. Si vous preniez le temps de le connaître, vous verriez qu'il est adorable. Xavi va encore vous le répéter, et vous le savez.»

Je souffle brièvement, avant de me lever, sachant pertinemment que cette conversation ne mènera à rien. Je ne leur parle pas de chose qui les intéressent, alors ils n'en tiendront pas compte. J'aimerais encore une fois en parler avec Xavi, parce que cette situation doit cesser. Mais je sais que de toute manière, ils n'en tiendront encore une fois pas compte. Comme si Pablo était invisible et plus qu'inutile.

« Bonjour, Pedro ! Tu es à l'heure aujourd'hui !»

Un large sourire orne le visage de mon coach, alors que je me rapproche de lui. Xavi fait de son mieux pour que les choses changent, nous pénalisant en cas de retard. Mais finalement, cela ne change absolument rien. Alors je cours aussi, parce que je ne suis pas assez intelligent pour m'éloigner d'eux, et d'arriver à l'heure comme je l'ai toujours fait.

« Tu peux t'échauffer avec Pablo, si tu veux. Il vient seulement de commencer. Ou alors tu peux t'asseoir, on va attendre les autres.»

J'hoche simplement la tête, avant de me diriger vers mon meilleur ami, qui me sourit de toutes ses dents. Je prends un deuxième élastique dans la boîte prévue à cet effet, prenant le soin de suivre exactement les mêmes mouvements que lui.

« Tu n'es pas avec les autres ?

- Ils m'ont énervé.»

Je ne veux pas lui dire tout ce qui se dit dans les vestiaires, parce que je sais que malgré tout, il ne veut pas l'entendre. Je sais aussi qu'il m'affirmerait qu'il est inutile que je prenne sa défense, et que ça ne m'attirera que des problèmes. Mais je sais que Pablo ne mérite pas tout cela, alors je continue de le défendre.

Je suis doucement ses mouvements, en laissant mon regard se perdre sur le ciel. Il est gris, comme bien souvent depuis quelques temps, et il fait terriblement froid. Mais la doudoune que j'ai pris le soin de garder me tient chaud, alors je ne m'en plains pas. J'aimerais sincèrement comprendre ce qui a déclenché une telle haine envers mon meilleur ami, qui ne semble pas comprendre. Je suis arrivé en même temps que Pablo, et je suis le mieux placé pour affirmer qu'il a été tout simplement parfait.

Alors pourquoi ne veulent-ils pas le laisser tranquille ? 

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Coucou!! 

Comment vous allez? 

Je vous ai dit que Pepi ne sera pas méchant du tout. 

Il faut bien quelqu'un pour défendre Pablo, non? 

Autre que Xavi, bien sûr. 

Enfin, tout est (trop) calme, I know. 

Et honnêtement, je m'ennuuuie. 

Donc, je vais bientôt bien m'amuser moi :)

A mercredi!! 

Crash|| P.GOù les histoires vivent. Découvrez maintenant