Crash|| P.G

T2-Cinq

23 juillet 2023-Sofia

Avachis sur ce foutu canapé, qui est celui qui m'accueille chaque jour, attendant aussi que Pablo se réveille, je pianote rapidement sur mon téléphone. Léo me raconte sa journée, mais il est bien trop tard, et je suis bien trop fatiguée pour comprendre quoi que ce soit. Peut-être que cela fait de moi une personne égoïste, mais je n'en ai que faire. L'avis des autres importe peu, non ?

Je frotte doucement mes yeux gonflés et rougis par les larmes que je laisse échapper chaque jours, lorsque je suis ici. Je sais que mes larmes sont bien inutiles, et qu'elles ne changeront en rien la situation actuelle, mais j'en ai sincèrement besoin. Ma main est comme à chaque fois, dans celle de Pablo, espérant qu'il me serra la main, ou qu'il bouge. Et dans une heure, peut-être, Aurora viendra, et nous discuterons alors que l'endroit n'a rien d'accueillant. Mais finalement, je crois que ce semblant de normalité dans une telle situation me rassure un peu.

Les médecins ne savent pas si Pablo va se réveiller un jour, même si les tests peuvent se montrer encourageant. Mais l'espoir que je porte en Pablo n'est pas prêt de partir, puisque je sais qu'il est en train de se battre contre lui-même pour se réveiller, et pouvoir réagir. Je sais à quel point cette situation est horrible à vivre, mais si moi, je m'en suis sortie, pourquoi ne le ferait-il pas ? Mon monde a été chamboulé lorsqu'il est arrivé, de la pire des manières, mais il le sera encore plus si il venait à le quitter. Si il venait à partir, alors que je n'ai pas pu lui conter à quel point il était important pour moi.

Je m'étais toujours interdit de m'attacher à un garçon autre que Léo, pour des raisons qui m'ont toujours semblé être évidentes. Je ne voulais pas faire partie d'un quelconque pari, ou finir par souffrir. Mais Pablo a su me montrer que peut-être, ils n'étaient pas tous pareil, et donc que je méritais de recevoir une part d'attention. Si ma mère l'apprenait, il est évident qu'elle serait loin d'être heureuse, mais finalement, je crois que ça ne m'importe plus. Je n'en ai que faire de son avis, tant que le mieux est clair et juste.

Mes larmes coulent une nouvelle fois, en me rappelant que si Pablo n'avait pas croisé ma route, je serais probablement encore en train de croire que ma mère pourra un jour changer, préférant ne pas écouter les conseils de mon meilleur ami. Mais si Pablo n'avait pas croisé ma route, je pense qu'il n'aurait jamais fini dans un tel état, puisqu'il n'aurait jamais eu besoin de sortir. Il serait sûrement en train de jouer au football, comme il aime tant le faire.

« So-So-Sofia ?»

Ma tête se secoue de nombreuses fois, essayant d'oublier cette fois. Je ne suis tout de même pas en train de devenir folle ? Mes yeux embués de larmes n'arrivent rien à percevoir, mais je suis persuadée que cette voix n'est pas la réalité. Ma tête se lève doucement vers ce lit, ou son corps repose depuis de nombreux mois maintenant, mais je n'y vois rien. Mes larmes coulent sans avoir de permission, et ma vision se fait bien trop difficile. Pourtant, je vois bien qu'il bouge. Oui, il bouge. Il bouge ? Pablo bouge ? Mais ce n'est pas possible. Pablo ne peut pas bouger. Si ? Si, il bouge ? Il bouge, j'en suis sûre. Mais je ne rêve pas ?

« Pablo ? C'est toi ? Bordel, tu es réveillé !»

Mon sourire s'allonge, poussant doucement mes pommettes. Mes larmes coulent, je le sais bien. Je les sens toujours dévaler mes joues, laissant de fortes traces de mascara, mais cette fois-ci, ce n'est plus des larmes de tristesse. Ma joie est palpable, c'est une évidence. J'aimerais lui prononcer tout un tas de chose, et lui poser tout un tas de questions. Mais je n'arrive rien à prononcer. Je le regarde simplement me sourire faiblement, parce que finalement, c'est la chose la plus importante.

« Tu-tu vas bien ?

- Oui ! Oui, je vais bien ! C'est grâce à toi ! Mon Dieu, tu n'aurais jamais du me protéger au dépend de ta vie. Mais je vais bien ! Je-je vais appeler un médecin ! J'arrive. Tu ne dors pas, d'accord ?»

Il hoche simplement la tête, tout en me souriant comme il le faisait avant. Je me dépêche de me lever de ce fauteuil, manquant de tomber à cause de la longue robe que je porte, mais je me précipite en dehors de la chambre avec une vitesse qui m'impressionne moi-même. C'est comme si d'un tout, toute la fatigue que j'avais accumulé avait disparue, laissant de la place à ma joie. J'appelle un médecin que je ne connais pas, qui se dépêche de me suivre.

« Mademoiselle, pouvez vous sortir ?

- Je-heu-moi ?

- Oui, s'il vous plaît. Nous avons besoin de lui effectuer tout un tas de test plus que nécessaire.

- Oui, oui pas de problème ! Je-oui !»

Je lui souris grandement, tout en fixant Pablo, qui semble plus que perdu. Mais cette sensation ne m'est pas inconnue, et je sais qu'elle ne dure jamais bien longtemps. J'attrape mon sac qui renferme mon téléphone, et me précipite une nouvelle fois à l'extérieur.

Mon téléphone prend rapidement place dans ma main, et très rapidement, je préviens le plus de monde possible. Il y a quelques temps déjà, une partie des coéquipiers de Pablo m'a donné leur numéro, afin que je puisse les prévenir. Je sais tout le mal qu'ils lui ont fait, mais sur le coup, je ne me suis pas sentie capable de refuser. Et puis, je me suis dit que peut-être, ils étaient prêts à faire les efforts nécessaires.

Je n'aurais jamais pu penser que je me réjouirais autant du réveil de quelqu'un que je ne connais que depuis quelques mois. Pourtant, je sais que Pablo n'est pas comme les autres. Peut-être que c'est parce que nous nous ressemblons bien trop, ou alors parce qu'il est d'une gentillesse sans nom, mais il est terriblement important pour moi.

Et il s'est réveillé. 

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BONJOUUUUUR.

Je suis vraiment, vraiment, vraiment pas sadique. 

On s'ennuierait presque, non? 

Anyways, you know me, no?

Bon, bon, bon.

Pablito il a fini de faire dodo, mais là c'est trop ennuyant. 

On se retrouve mercredi? 

Et achetez des mouchoirs, vous en aurez besoin à un moment avant la fin de l'histoire. 😇