Vingt

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15 janvier 2023-Sofia

Je prends une petite pile de livres, afin de la ranger dans l'un des nombreux rayons que possède cette bibliothèque. Ce n'est peut-être pas la plus grande de Barcelone, pourtant le travail qui s'y trouve est assez conséquent. Ce travail me permet de me trouver dans un univers que j'aime, et de gagner un petit peu d'argent. Mais cette fois, je n'abuse pas de mon état, et en cas de fatigue, je m'arrête immédiatement.

« Sofia, tu peux prendre ce client ?

- J'arrive !»

Je pose mes livres rapidement, avant de me diriger vers le comptoir, ou une jeune femme et un jeune homme attendent. Je scanne rapidement les quelques livres qu'ils souhaitent acheter, essayant de paraître la plus professionnelle possible.

« Et voilà pour vous. Soixante euros s'il vous plaît !»

Une fois qu'ils ont payé, et que je suis sûre qu'ils sont sortis, je continue ma tâche principale : ranger les livres. J'ai conscience que ce n'est pas la tâche la plus intéressante, puisque malgré tout, je préfère conseiller, mais je m'en contente. Je sais que ça ne doit pas être facile de faire confiance à quelqu'un que l'on ne connaît pas.

Cet après-midi, le magasin est assez calme, ce qui contraste avec les autres jours. Habituellement, les clients vont et viennent toute la journée, ce qui nous donne encore plus de travail. Mais ces derniers jours, la ville a retrouvé un rythme bien plus calme. Je pense surtout qu'il y a a peu de courageux qui arrivent à affronter le froid extérieur.

« Tout va bien ?

- J'ai presque tout rangé.

- Tu peux arrêter, si tu veux. Tu pourras reprendre demain.»

J'hoche alors vivement la tête, tout en lui souriant. Elle travaille seule depuis bien longtemps, et je l'admire pour tout ce courage. Je sais que moi, j'aurais été complètement incapable de le faire.

Je pars dons dans la salle à l'arrière de la boutique, avant d'attraper ma veste ainsi que mon bonnet et mes gants. Barcelone connaît une énorme vague de froid, ce qui fait que les touristes se font faibles. Pourtant, tous les matins, je trouve une motivation inconnue pour pouvoir me lever, et partir travailler.

De Pablo :

Je suis devant. Tu as finis ?

A Pablo :

J'arrive.

Comme tous les soirs, et pour une raison qui m'est inconnue, Pablo vient me chercher. D'un coté, cette situation me rassure, puisque je n'aime pas avoir à me promener dans les rues catalanes à une heure aussi tardive. La nuit est tombée depuis bien longtemps, et la ville est plongée dans un calme qui m'est aussi inconnu. C'est flippant.

J'essaie de me couvrir à l'aide de mon écharpe dès que je franchis la porte, et cours doucement vers la voiture de Pablo. Il rigole en me voyant arriver, complètement décoiffée, à cause du vent qui sévit sur la ville en ce moment.

« Arrête de rigoler ! C'est horrible ce vent.

- Attends.»

Il rapproche sa main de moi, afin de légèrement dégager les cheveux qui ont pris place devant mes yeux. Je lui souris, avant de m'attacher, en soufflant légèrement. Je suis épuisée, et j'ai hâte de dormir.

« Léo m'a invité à sa fête.

- Sérieux ? Il ne me l'a pas dit, ça.»

Je ne sais pas pourquoi, mais mon meilleur ami semble adorer Pablo. Je n'ai rien contre lui, et il est évident que je l'aime bien. Je savais que Léo organisait une petite fête samedi soir, et comme je ne travaille pas, je me suis vue obligée d'accepter. Je sais qu'il y aura très peu de monde, et que ça ne sera que des personnes que je connais. Mais je ne savais pas qu'il avait prévu d'inviter le brun à côté de moi. Mais c'était prévisible.

« Tu viens ?

- Je ne sais pas. Tu y vas, toi ?

- Je n'ai pas vraiment le choix, il me fera un sang-d'encre autrement. Après, il n'a invité que des gens cool.

- Tu les connais ?

- Bien sûr !»

Il hoche rapidement la tête, avant de reconcentrer son regard sur la route. Il n'y a que très peu de voiture, et ce calme est apaisant. La radio retranscrit les informations importantes, mais je ne m'y intéresse pas vraiment. Si je n'étais pas avec Pablo, je pense sincèrement que j'aurais pu m'endormir, sans grand difficulté.

« Ta mère est là ?

- Probablement. Je n'en sais rien. C'est possible qu'elle soit partie sans me prévenir. Mais tu sais, pour elle, je suis majeure, alors elle n'a plus de compte à me rendre.»

C'est ce qu'elle m'avait dit il y a quelques jours, alors que je lui affirmais que je n'étais pas au courant qu'ils partaient en vacance. Je n'ai pas répondu à cette énième réplique, sachant pertinemment que son avis ne changerait pas. Finalement, je pense que mes espoirs qu'elle puisse un jour changer disparaisse un peu plus chaque jours. Je suis sûre que dans quelques mois, je n'y croirais probablement plus. De toute manière, croire en des choses fausses n'est qu'une forme de souffrance.

« Peut-être qu'elle n'a plus de compte à te rendre, mais elle pourrait au moins être agréable.

- Qu'avec mon frère.»

Je souris tristement, comme pour montrer que ce n'est rien, et que ça ne me touche pas vraiment. Pourtant, chaque jours, je rêve d'un monde où ma mère aurait enfin un peu de compassion envers moi. Je serais réellement sa fille, et elle serait réellement ma mère. Mais cette image disparaît bien trop vite, réduisant toujours un peu plus mes espoirs. Mais je me convaincs que ce n'est rien, et que ça va aller.

« Tu sais que de toute manière, tu n'es pas seule.»

Je sais que Pablo essaie toujours de se convaincre en même temps. Mais parfois, j'ai l'impression que lui aussi, il se berce d'espoirs. Mais je crois que cet espoir se contente de nous faire souffrir. Comme si c'était un des jeux les plus intéressants et les plus amusant.

Un jour, peut-être, on ne souffrira plus. 

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Et coucou!!! 

Comment ça va? 

Mhh, donc Pablo va chercher Soso tous les soirs? 

C'est cute (de toute façon je l'ai déjà dit.)

Ne vous inquiétez, je ne ferais pas en sorte que Sofia meurt de fatigue :)

Je ne suis pas aussi cruelle que ça voyons (et ça serait pas drôle). 

Mais vous comprendrez bien assez vite. 

A mercredi!!! 

Crash|| P.GOù les histoires vivent. Découvrez maintenant