Crash|| P.G

Deux

15 janvier 2022-Pablo

Je souris, d'un sourire qui se veut fatigué, à Robert, avant de lacer mes chaussures, non sans grande difficulté. Il est évident que mes coéquipiers se moquent de ma difficulté à effectuer cette tâche, pourtant si simple. Mais je n'en ai rien à faire.

« Il est bientôt majeur, et pourtant, il ne sait toujours pas faire ses lacets.»

Je souffle un grand coup, essayant de ne pas faire attention à ces moqueries, mais il est logique que mon cerveau enregistre chacune de ces informations. J'ai espoir qu'un jour, ils arrêtent sincèrement de se moquer de choses aussi futiles.

Compte tenu de mon âge, et de ma taille, je suis évidement le plus petit de l'équipe. Pour la plupart de mes coéquipiers, je ne suis qu'un enfant, qui donne sa vie sur le terrain, et qui collectionne les cartons jaunes.

Je ne suis invité à aucune sortie, tout simplement parce que je n'ai pas le droit de boire, comme eux. Pour eux, je suis un enfant, qui doit dormir tôt, comme le ferait un enfant de maternel. Les seules célébrations d'après match auxquelles j'ai le droit de participer sont celles dans les vestiaires, qui sont généralement assez calmes.

Ma mère m'assure que c'est normal, et que je ne dois pas m'en faire. J'essaie de lui donner raison, en m'imaginant que dès août et ma majorité atteinte, ils m'incluront dans toutes leurs sorties. Je ne serais plus vraiment mis à l'écart.

Après je leur souris simplement, d'un maigre sourire, et pars sur le terrain, afin de m'échauffer. Mon coach, Xavi, est le seul présent, qui s'affère à préparer le matériel afin de nous préparer au mieux. Je lui souris sincèrement, ayant conscience que c'est le seul qui croit réellement en moi.

Pour mon coach, je ne suis pas seulement un gamin, mais un réel joueur du club. J'ai la sincère impression que la confiance qu'il place en moi est importante, et que je ne dois pas la briser. C'est pour cette raison que je suis constamment en avance, et que j'essaie d'être le plus irréprochable possible.

« Bonjour, Pablo.

- Bonjour, coach !

- Comment vas tu ?

- Il y avait du monde sur la route, c'était embêtant. Mais je suis prêt à m'entraîner. Et vous ?

- Mon Dieu, Pablo, tutoies moi. Et bien, les autres ne semblent pas motivés à venir. Ils courront, dans ce cas.

- Je crois qu'il était en train de se programmer une sortie pour dimanche et-»

Je me coupe brutalement dans mon monologue, prenant conscience qu'une fois de plus, je n'ai pas ma place. Je suis exclu, si bien que je n'ai aucune réelle information sur ce qu'ils feront dimanche. Ni même si c'est bien dimanche. Mais je sais que lundi, je les entendrais en parler, alors que moi, je n'aurais rien de spécial à raconter. De toute manière, qu'est-ce qu'un gamin comme moi pourrait raconter ?

« Impose-toi.

- Comment ?

- Impose-toi. Montre leur que tu as envie d'y aller, comme tous les autres. Tu fais parti de l'équipe, et il n'est pas normal que tu sois exclu de leur sortie de cette manière. Tu n'as peut-être pas l'âge légal pour boire, mais tu as le permis, et tu peux aller partout où tu le souhaites. Je ne trouve pas ça normal.»

J'hoche simplement la tête de haut en bas, mais la baisse presque tout de suite après. J'aimerais sincèrement m'inclure dans toutes leurs sorties, et leurs fêtes. Mais je sais qu'une fois là-bas, je me retrouverais seul. Pedro, mon meilleur ami, est régulièrement invité, mais il sacrifie bien trop souvent ces moments pour rester avec moi. Je n'ai pas envie qu'il finisse par me détester à cause de ça.

« Tu peux aller les chercher, s'il te plaît ?

- Bien sûr.»

J'accélère le pas, pour retrouver les vestiaires, où ils se trouvent tous. Je leur affirme rapidement que Xavi demande leur présence sur le terrain, puis remonte presque immédiatement après. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sincèrement impression que ces vestiaires m'étouffent. Comme si l'air était irrespirable à l'intérieur.

Je sais que comme tous les jours, je finirais par m'entraîner seul, ou avec Xavi. Pedro s'entraînera comme à chaque fois avec Ferran, et je respecte ce choix. Je ne peux pas lui interdire, de toute manière. Puis je rentrerais chez moi, roulant le plus doucement possible, ne voulant pas perdre le permis que je viens tout juste d'obtenir. Et enfin, je passerais la soirée avec mes parents, puisqu'ils sont les seuls qui s'inquiètent vraiment de mes occupations.

Et demain, je retournerais à l'entraînement. Je me sentirais à nouveau en manque d'air dans ces vestiaires. Je serais à nouveau le seul présent sur le terrain, et attendant que les autres viennent, puis je finirais par aller les chercher. Je m'entraînerais sûrement une fois de plus seul, et je serais à l'écart dans chacune de leur conversation. Mais dès qu'ils viendront me parler, pour me demander quelconque service, je répondrais à l'affirmatif, ne voulant pas perdre le peu d'attention dont je bénéficie. Mais très vite, je me rendrais compte qu'ils n'ont pas vraiment besoin de moi, et de mes services, et que je serais évidement à l'écart.

Mais je n'aurais pas le droit de me plaindre, parce que je fais le métier que tant de jeunes aimerait faire. Parce que je gagne terriblement bien ma vie, et que j'ai -presque- tout ce dont j'ai toujours rêvé. Je n'aurais pas le droit de me plaindre, parce qu'un sourire est toujours affiché sur mon visage. Pourtant, ce sourire que je me force à afficher commence sincèrement à m'épuiser. Je ne serais même pas étonné de voir mes yeux se fermer sans que je le veuille.

J'ai hâte que ce quotidien change. 

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Bonsoir!!!

Pablo, mon chouchou.. 

J'ai bien dit que ça ne serait pas gaie, non? 

Il est exclu, c'est vrai, mais vous finirez par comprendre d'autres choses. 

Pour vous préciser quelque chose!!

L'histoire se déroule en 2022, et se terminera en 2024 (donc retenez bien ça). 

Normalement, le permis n'est autorisé qu'à partir de 18 ans, mais comme il est possible de le passer à 17 ans, en France (depuis pas longtemps il me semble), j'ai décidé que ce serait aussi possible dans cette histoire. 

Donc ne soyez pas étonnés de voir ça. 

On se retrouve mercredi!!!