Chapitre 48

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Aria

Je n'arrive pas à dormir... Je tourne et me retourne d'un côté à l'autre pour trouver une position adéquate, mais rien ne fonctionne. Le marchand de sable a décidé de m'esquiver ce soir, me laissant insomniaque avec des images plein la tête.

D'un côté, mon cerveau repense à Masson : "il faut qu'on parle" m'a-t-il dit, sauf que j'ignore de quoi il en ressort. Et de l'autre, il cherche inlassablement une solution pour aller à cette soirée qui rappelons nous, est dans deux jours.

Quelques idées me sont apparues, mais elles sont toutes aussi ridicules les unes que les autres. J'avais pensé à faire venir Livia avec sa grosse valise remplie de vêtements, chaussures et m'y cacher à la place au moment où elle repart. J'ai pensé à me planquer dans son coffre mais à cause des caméras, c'est perdu d'avance. Me faufiler par le portail au moment où ma meilleure amie sort de la propriété ? Mauvais plan.

Nul, nul et nul...

Je me lève d'un mouvement brusque de mon lit et décide d'aller chercher quelque chose à manger dans la cuisine. Je me rabat sur le pot de glace à la vanille.

De la glace en plein mois de décembre...

Oui oui, je tiens à le dire, il n'y a pas de saison pour manger de la glace.

J'erre dans la villa, mon pot dans une main et ma cuillère dans l'autre dans une parfaite solitude.

Si j'ai l'habitude ? Oui.

Si je m'y suis faite ? Ai-je le choix ?

Est-ce que je l'accepte pour autant ? Non.

Mon avenir tout entier a été déterminé par mon sexe. Le fait d'être née fille m'a lancé sur cette voie que je ne veux pas suivre, et encore moins depuis que je sais ce qui m'y attend.

Devrais-je déménager ? Aucune idée.

Si oui, quand ? Et où ? Putain, même ça je l'ignore.

Reverrais-je mes parents ? Est-ce que j'en aurais envie ?

Et mon frère ? Arf, il faut absolument que je me casse de cette maison, de ce milieu néfaste. Quitte à ne plus les voir, autant que ce soit de mon propre chef.

Mon errance me transporte jusqu'à la porte de la chambre de Masson. Je me demande si elle est ouverte ? Je place ma main sur la poignée et respire un grand coup avant de l'abaisser. À ma plus grande surprise, elle s'ouvre. Je me tâte à entrer, c'est quand même un espace privé. Je suis sur le point de fermer la porte quand mon subconscient me rappelle que lui ne s'est pas gêné pour pénétrer dans la mienne sans y être invité. Alors je m'aventure dans sa chambre et prend soin de bien refermer la porte derrière moi.

Il n'y a pas grand chose, en tout cas beaucoup moins qu'à son loft, mais tout est rangé au carré. Et maintenant que j'y pense, même chez lui, tout est niquel. Il n'y a pas une seule chose qui traîne. Même son lit est fait, il n'y a aucun pli. C'est étonnant venant d'un mec car, à en croire les filles, les mecs sont plutôt bordéliques. En tout cas, mon frère l'est, la chance pour lui qu'il y ait la femme de ménage. Pour ce qu'il y a à en dire, je ne pense pas que celle-ci passe dans cette chambre, ce n'est pas comme ça qu'elle fait les lits.

J'aimerais pouvoir dire que je vais pouvoir fouiller, mais ce n'est pas le cas. Quand je vous dis qu'il n'y a rien, c'est vraiment le cas. J'ouvre son armoire et, son odeur qui s'échappe de ses vêtements, me pousse à aller les humer. Est-ce normal de faire ça ? Je pensais que ça n'existait que dans les livres ou dans les films. L'odeur rentre dans mon système comme une bouffée d'oxygène après avoir retenu sa respiration. C'est enivrant. Je me force à ne pas prendre un de ses t-shirts pour l'enfiler. Le verrait-il s'il lui en manquait un ? Vu comment son armoire est rangée, je pense que oui. Il a l'air d'être maniaque.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant