Chapitre 56

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🎼 Matt Hansen - break my bones

Masson

Je n'ai quasiment pas dormi depuis qu'elle s'est enfuie de la propriété. Je passe le plus clair de mes journées à traquer ces bâtards qui ont osé s'en prendre à elle et les nuits, je les passe à son chevet. Toutes les putains de nuit depuis qu'elle a été admise ici...

Je n'arrive pas encore à comprendre pourquoi j'agis comme ça envers elle, ou alors je sais très bien ce que je fais et je me voile la face.

Elle dort... Qu'elle est belle, on dirait un ange.

Je la détache délicatement pour éviter qu'elle ne se réveille, parce que je sais que dès qu'elle sera éveillée, elle me détestera. Et je ne veux pas voir son visage éprouver cette émotion envers moi.

— S'il te plaît, ne me déteste pas, princesse. Je fais ça pour ton bien.

Je ne peux m'empêcher d'embrasser son front et si je pouvais, j'embrasserais directement ses lèvres.

Et merde, si je pouvais, je la réveillerais pour la prendre sur le champ et la faire mienne. Marqué sa bouche par des coups de boutoir pour la punir de son insolence de tout à l'heure...

Mais je ne peux pas ! Ce putain de contrat pend au dessus de ma tête comme une enclume près à m'emplafonner au moindre écart que je pourrais faire.

Elle est trop tentante.

Elle est trop enivrante.

Elle est trop parfaite...

Et à force de rester près d'elle, je vais forcément fauter. Et quand je l'aurai fait, cette enclume viendra s'abattre sur moi.

Je m'éloigne d'elle avant de ne plus pouvoir me contrôler et de la réveiller par pur égoïsme. Car c'est tout à fait de cela qu'il s'agit : un égoïsme assumé de pouvoir à nouveau goûter ses lèvres, quitte à troubler son sommeil alors que je sais qu'elle en a besoin.

Je m'approche de la fenêtre et observe la Lune, bien ronde dans le ciel, qui éclaire la pièce de sa puissante lueur argentée, enveloppant tout d'une atmosphère douce et mystérieuse.

Je me suis souvent assimilé à la Lune lorsque j'étais petit. La première fois que je l'ai réellement contemplée, j'avais 5 ans.

Tout comme elle, je me sentais seul face à l'obscurité qui s'était imposée à moi, sans que je ne le veuille. Ce satellite était isolé dans un ciel infini, tout comme moi je l'étais dans ce monde qui s'ouvrait à moi. Je brillais comme elle, autrefois, mais cela fait bien longtemps que cette lumière n'a pas refait surface. Tout comme la Lune lors d'une éclipse totale, elle s'est cachée face à cette ombre, mais à l'inverse, elle n'est jamais réapparue.

Encore aujourd'hui, il m'arrive de me comparer à elle. Une nuit présente, l'autre absente. Parfois ronde ou en quartier. Ses différentes phases me font penser à mes multiples états d'esprit sauf que pour les miens, ça ne suit pas un cycle bien défini. Ils ne suivent pas un schéma logique ce qui fait de moi une personne illogique.

Alors que je me tiens là, immergé dans mes pensées, je ressens une étrange connexion avec la Lune. À ses cicatrices bien visibles qui sont si semblables aux miennes. C'est comme si cet astre céleste, bien qu'éloigné dans l'espace, partageait une partie de mon intime histoire. Et dans cette brève contemplation, je me demande si un jour je retrouverais cette lueur perdue, tout comme la Lune retrouve sa pleine splendeur à chaque cycle.

Je ferme les yeux et laisse ses rayons illuminer mon visage un instant avant d'aller m'asseoir dans le fauteuil, qui de base, est destiné à la famille.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant