Chapitre 39

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                       ~ Plus tard~

Lorsque j'ai ouvert les yeux, je me suis sentie tout engourdie. J'étais allongée sur un vaste lit, tout habillée, dans une pièce immense qui m’était  parfaitement inconnue.

Le seul un point lumineux, assez faible d’ailleurs était une lampe de chevet à la tête du lit. La plus grande partie de la chambre restait dans une demi-obscurité. Impossible de remuer mes bras et mes jambes, ils pesaient des tonnes. Pourtant, aucun lien ne les entravait et, apparemment, je n'étais pas blessée.

Debout près du lit, un homme me regardait.

C’était quoi ce délire !

Je le voyais à peine car son buste et son visage étaient dans la pénombre.

Moi: Qui êtes-vous ?

Klaus: Tu le sauras d'ici peu !

Il s'est exprimé doucement, à peine plus fort que moi. Jai tenté de soulever ma tête, mais j'étais beaucoup trop faible. J'ai poussé un gémissement.

Klaus:  N'essaie pas de bouger pour le moment, reprend-il, on t'a administré un sédatif. Mais l’effet ne devrait pas trop durer.

La voix de l'inconnu était posée, assez grave, empreinte de calme. Une voix rassurante. Cependant, à mesure que je reprenais conscience, une foule d’images me revenaient à l’esprit. D’abord, j'ai revu mon agression, ma panique, l’angoisse qui m'a tordu le ventre. Succession de flashs ultrarapides.

Il s’agit d’un enlèvement. Il n’y a pas d’autre mot. J’ai été enlevée par des inconnus. Mais pourquoi ? Dans quel but ? Où suis-je ? Et qui est cet homme ?

J’essayais de réfléchir calmement, mais trop de questions se bousculaient dans ma tête. Je voudrais les lui poser, mais ma voix était trop faible. Après réflexion, j'ai décidé de suivre son conseil, attendre que mes forces reviennent. Immobile à côté de moi, il ne dit rien.

Il m’observait. Mes yeux couraient dans la pièce à la recherche d’une fenêtre par où je pourrais voir un coin du monde extérieur. Histoire d’y glaner peut-être un indice sur l’endroit où je me trouvais.

Impossible.

Les volets et rideaux étaient soigneusement fermés.

Puis je me suis mise à examiner la chambre elle-même. Du moins ce que j’arrivais à en distinguer dans la pénombre. Peu de meubles la décorait, mais tous étaient superbes. Du design haut de gamme. J'ai même reconnu  un fauteuil de J.M pour l’avoir admiré en photo dans un magazine.

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qui étaient ces gens qui m'avaient enlevé pour me conduire dans cet endroit ?

Comme je n’ai pas la moindre idée du temps qu’a duré mon sommeil artificiel, je ne saurais dire avec exactitude où je me trouve. On n’entend aucun bruit extérieur.

Brusquement, je prends conscience que ma gorge est sèche au point d’avoir du mal à déglutir. Avec peine, j’arrive à articuler :

Moi: Je peux avoir à boire ?

Immédiatement, celui que j’ai baptisé mon gardien me verse un grand verre d’eau fraîche et m’aide à boire en me soutenant la tête. Ses gestes sont adroits, précis, aussi efficaces que ceux d’une infirmière. À la lumière de la lampe de chevet, je découvre son visage, je lui donne environ cinquante ans comme mon défunt père.

Je l’observe discrètement du coin de l’œil  en me posant des questions.

Je sens que je vais devenir folle. Inconsciemment, je fronce les sourcils.

Klaus: Qu’est-ce qu’il y a ? ____ Quelque chose ne va pas ? N’hésite pas si tu as besoin d’autre chose.

Son amabilité me perturbe. Peut-être n’est-elle qu’un masque. Une façon de gagner ma confiance. Mais pour obtenir quoi ? Je n’en ai pas la moindre idée !

Pourtant ce n’est pas un cauchemar que je vis, c’est la réalité. Je suis bien allongée sur un lit dans une chambre que je ne connais pas, surveillée par un homme que je ne connais pas davantage.

Une situation dingue ! Et puis il y a toujours la peur, tapie là dans mon ventre, prête à surgir.

Peu à peu, ma faculté de raisonner se remet en place. Une chose est claire, on m’a enlevé. Et on n’enlève pas les gens sans raison. Au contraire, l’opération a généralement pour but de leur extorquer quelque chose, le plus souvent de l’argent. Soudain, l’évidence s’impose. Un frisson court le long de ma colonne vertébrale.

Et si, tout simplement, on se servait de moi dans le but d’obtenir une rançon de ma mère ? L’angoisse m’a envahit. Après tout, ma mère était riche. On a pu se dire qu’elle pourrait payer sans problème.

Ma gorge se noue. Je suis dans une situation plus grave que je croyais. Tout le monde connaît les pratiques des ravisseurs. Elles sont presque toujours brutales et expéditives. Il arrive qu’ils torturent leurs victimes pour les faire parler et qu’ils les suppriment une fois qu’on leur a donné ce qu’ils réclamaient. Je me vois déjà battue… torturée… violée… tuée peut-être.

Une sueur glacée mouille mon front. J’ai peur.

Obligation Immorale Où les histoires vivent. Découvrez maintenant