Sheyla:Depuis plusieurs semaines, Andreï est constamment occupé avec des rendez-vous et du travail, si bien qu'il n'est presque jamais là. Depuis cette soirée-là, je dors dans sa chambre, simplement parce que : « Tu seras beaucoup plus en sécurité ici. » Mais j'aurais préféré qu'il me donne de l'attention. J'ai l'impression qu'il a joué avec moi. Je veux lire dans ses pensées, je veux qu'il s'ouvre à moi, qu'il s'intéresse encore plus à moi et qu'il...
M'aime.
Je n'arrive pas à savoir si ce mariage mènera quelque part, et ça me frustre. Je suis dans sa chambre, et je décide de me lever pour aller à la cuisine. Avant de partir, je me regarde dans le miroir.
J'ai pris un peu de ventre, mais ce n'est pas grave, je ne fais que manger ces derniers temps. Tant pis. J'enfile une tenue couvrante car je porte juste un t-shirt et un short. Je mets une petite robe de jour rose et des claquettes simples, puis je sors et descends en direction de la cuisine.
Je descends les escaliers et entends des voix d'hommes. En arrivant en bas, je vois plusieurs hommes, dont mon père et Andreï. J'allais entrer dans la cuisine quand je réalise soudain... Attendez, comment ça mon père est ici ?
Je me retourne et c'est bien lui. Je m'approche d'eux ; ils sont tous dans le hall. Andreï et mon père se retournent pour me faire face.
— Bonjour, dis-je.
— Sheyla, va-t'en, nous sommes occupés, dit mon père.
Sa voix et ses ordres ne m'ont pas du tout manqué. Je serre les poings, mais je reste là. Andreï me lance un coup d'œil, et un petit sourire se dessine sur ses lèvres.
Mon père me regarde à nouveau.
— Sheyla, je t'ai dit de partir.
Je le fixe, déterminée à rester avec eux. J'ai mes droits. Mon père remarque que je ne céderai pas et s'avance vers moi. Andreï, derrière lui, observe la scène, et je vois qu'il ne comprend pas ce qui se passe. Mon père se tient maintenant juste devant moi. Et là, il me frappe violemment au visage, me faisant tomber.
À terre, je pose ma main sur mon visage. Je ne suis pas choquée, mais je suis vraiment, vraiment en colère. Je ne le regarde même pas.
— Je t'ai dit de partir ! crie-t-il.
Je reste à terre, la main toujours sur mon visage, mes joues brûlent autant de douleur que de colère. Je sens les larmes monter, mais je refuse de les laisser couler. Je serre les dents et fixe le sol, refusant de lui donner la satisfaction de me voir pleurer.
Soudain, Andreï s'interpose entre mon père et moi. D'un geste rapide, il attrape le poignet de mon père, l'empêchant de me frapper à nouveau.
— Ça suffit, dit Andreï d'une voix calme mais ferme. Ne la touche plus jamais.
Mon père se retourne brusquement vers Andreï, visiblement furieux de cette intervention.
— Tu oses me dire quoi faire avec ma propre fille ? rétorque-t-il avec colère. C'est une affaire de famille, reste en dehors de ça !
Andreï le regarde droit dans les yeux, sans fléchir.
— Non, je ne resterai pas en dehors de ça. Sheyla est ma femme, et je ne permettrai à personne de la traiter ainsi, même pas son propre père.
Il y a un moment de silence lourd. Les hommes autour de nous semblent tendus, incertains de ce qu'il va se passer ensuite. Mon père fixe Andreï avec une expression de rage pure, mais il finit par relâcher son poing. Il jette un dernier regard glacial à Andreï avant de s'éloigner légèrement.
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PIERCE THE VEIL
RomanceSheyla, 18 ans, a grandi dans l'ombre et la souffrance, sous l'emprise d'un père tyrannique, chef impitoyable de la mafia turque, qui la garde secrète et soumise, réprimant toute lueur d'émotion en elle. Mais tout bascule lorsqu'il décide de la mari...