26. L'Exode

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Sheyla:

Nous continuons à avancer à travers les couloirs sombres et étroits, le silence pesant est seulement brisé par le bruit de nos pas précipités. Mes jambes me portent à peine, chaque mouvement m'inflige une douleur vive, mais je serre les dents et m'accroche à la main de Lino. Son poignet est ferme et assuré, comme s'il sait exactement où nous allons, malgré le labyrinthe de ce bâtiment sinistre.

Nous atteignons un escalier en colimaçon. Lino me jette un coup d'œil rapide, une lueur de détermination dans ses yeux.

— On doit descendre, dit-il à voix basse. La sortie n'est plus très loin.

Je hoche la tête, trop épuisée pour répondre. Nous commençons à descendre, les marches de métal grincent sous nos pieds. Chaque pas résonne dans mon esprit, un rappel douloureux que chaque seconde est précieuse. Je me force à suivre le rythme de Lino, malgré la douleur qui irradie de ma cuisse et des marques laissées par les liens.

Au bas de l'escalier, nous débouchons dans un long couloir faiblement éclairé. Des voix étouffées se font entendre quelque part au loin, et je me tends instinctivement, craignant de tomber sur d'autres complices d'Edoardo. Lino serre ma main, comme pour me rassurer.

— Par ici, murmure-t-il en m'entraînant vers une porte en métal rouillé au bout du couloir.

Il l'ouvre avec précaution, la faisant grincer légèrement. Derrière, je découvre une pièce sombre, éclairée seulement par une lumière blafarde qui filtre à travers un petit carreau. Un vieil ascenseur se tient là, comme une relique oubliée du passé.

— C'est notre seule chance, dit Lino en m'indiquant l'ascenseur. Il nous mènera au sous-sol, d'où on pourra sortir discrètement. Il n'y a pas d'autre chemin, tous les autres sont gardés.

Je hoche la tête, le cœur battant à tout rompre. Il appuie sur le bouton, et un fracas métallique résonne alors que l'ascenseur se met lentement en marche. Le bruit semble si fort dans le silence que je crains qu'il ne trahisse notre position. Mais nous n'avons pas d'autre choix.

Quand les portes s'ouvrent, l'intérieur de l'ascenseur est exigu et crasseux, mais c'est notre échappatoire. Nous nous glissons à l'intérieur, et Lino appuie sur le bouton pour descendre. Je retiens mon souffle alors que l'ascenseur commence à trembler en descendant. Chaque seconde passée à l'intérieur me semble une éternité, le grondement de la machine résonne dans mes oreilles, accentuant l'angoisse qui me serre la poitrine.

Puis, avec un dernier grincement, l'ascenseur s'arrête. Les portes s'ouvrent sur une vaste pièce souterraine à moitié inondée. Des tuyaux rouillés pendent du plafond, et l'air est humide et étouffant. Mais c'est la liberté, ou du moins un pas de plus vers elle.

Lino sort en premier, jetant un coup d'œil autour de lui pour s'assurer que la voie est libre. Quand il se tourne vers moi, son expression se détend légèrement.

— On y est presque, me dit-il. Suis-moi, et reste près de moi.

Je le suis, mes pieds s'enfonçant légèrement dans l'eau stagnante qui recouvre le sol. L'humidité me glace jusqu'aux os, mais je garde mon attention fixée sur la sortie, sur cette lumière vacillante au bout du tunnel. Nous avançons avec prudence, nos pas résonnant faiblement dans l'obscurité.

Soudain, un bruit derrière nous me fait sursauter. Un cliquetis, puis un gémissement métallique. Je me retourne, le cœur battant, pour voir l'ascenseur qui se referme lentement. Puis, dans le silence qui suit, une nouvelle terreur s'empare de moi. Des bruits de pas approchent, rapides et déterminés. Quelqu'un descend vers nous.

— Vite ! presse Lino, me tirant en avant.

Nous courons, la sortie en vue, chaque muscle de mon corps hurlant de douleur et d'épuisement. Mais juste au moment où nous atteignons l'ouverture, une silhouette se détache dans l'obscurité devant nous. Une grande ombre qui bloque la lumière du jour.

PIERCE THE VEILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant