11. Qu'à tu dis ?

5.7K 320 12
                                    

J'attend. Dans cette salle trop carrée et surtout trop étouffante. Aucune fenêtre, juste une lumière éblouissante qui me crève les yeux au fur et à mesure que je viens ici.

Mes gants sont déjà prêts et je donne des coups dans l'air afin de m'échauffer. Déterminée à réussir et à redonner un sens à mon existence, je dois réussir le test. Rien ne doit m'arrêter, mes sentiments doivent être inexistants.

La porte s'ouvre sur lui. Il se place face à moi et commence à ouvrir la bouche mais il y reçoit un coup de ma part préparé. Chaque mouvement que je fais est enticipé et précis. La force n'y est pas forcément, mais il suffit de frapper avec un bon angle et la douleur peut être attroce.

Il grimace et je me prend son poing dans le menton, me pertubant. Je perd l'équilibre, mais me redresse facilement en envoyant ma jambe dans le ventre de James. Il tombe de surprise et je l'assène de coups, tous plus enragés les uns que les autres. La rage y est, pour ce qu'il m'a dit la dernière fois. Que j'étais dégueulasse.

- STOP ! m'hurle t-il

Je reprend ma respiration et recule d'un pas, le laissant se relever petit à petit. Mon regard est dûr et froid, n'attendant qu'une chose, des ordres. Tel une machine, j'exécute.

- Ton test est réussi. Je dois te parler.

Je soupire et tente de partir mais sa main se pose sur mon épaule. Je me recule automatiquement avec un air menaçant et attend lassivement qu'il sorte son truc.

- Je...Je suis désolé Elia. Tu n'es en aucun cas un mouton dégueulasse, personne ne mérite d'entendre ça...

- Ok.

Je pars, n'en avant rien à foutre de ses excuses merdiques. Il m'a blessée et comme habituellement, j'ai revêti ma carapace.

- Tu as réussi ? s'empresse de me demander Hailey en avalant son muffin

- Oui, fort heureusement... soupirais-je

Elle me félicite et je me sers un verre. Je cotoie encore ici des gens qui me sont inconnus, mais cela ne me dérange pas. On n'a pas besoin de connaître tout le monde, je suis ici comme employée pas comme lycéene en quête de compagnie.

Je fais comme chez moi et remonte dans le dortoir fille, scelé lui aussi. Cette baraque est une vraie prison, quand on regarde toute les portes blindées et les armes cachées un peu partout.

On toque à la porte et je me dirige vers celle-ci . Je l'ouvre de seulement quelques centimètres et entrevois le visage de James, posé contre le mur. Je referme la porte automatiquement, mais son pied me stope. Je sors du dortoir en prenant la précaution de garder le pass.

- Tu as mal réagis tout à l'heure... commence t-il

- Ok.

- Exprime toi bordel ! Tu le fais très bien, d'habitude. Peut-être que Starks a perdu sa langue ?

- Mh... C'est tout ce que tu as à me dire ? J'obéis aux ordres, rien d'autre. Considérez-moi comme une machine sans sentiments.

Je me réenferme dans le dortoir et m'installe tranquillement sur mon lit, sur lequel j'écoute ma playlist.

*

- À table ! hurle Paulyn dans toute la maison

Nous nous installons autour de l'immense table, accueillant aujourd'hui 14 personnes.
Je me trouve aux cotés de Paulyn et Jula, en face de James et Nash. Je fixe simplement mon assiette et ne me préoccupe pas de ce que je peux entendre. Je mange proprement et fixe toujours mon assiette, évitant tout contact.

- Ça va ? me chuchote Jula entre trois morceaux de viande

- Ne t'inquiète pas pour moi Jula.

Je finis le repas et mes yeux sont plongés dans le vide. Je ne sais même pas ce que je fiche ici et pourquoi je vis.

- Élia ?

Je reconnais sa voix, celle que je n'ai pas entendue depuis si longtemps et que je regrette d'entendre tout de suite. Si seulement il était resté au Brésil, tout serait si simple. Je ne serais jamais forgé ma carapace et j'aurais peut-être même des amis normaux.

- Nash. crachais-je

- C'est pas le bon moment mais je voulais savoir si tu allais bien.

J'ai envie d'exploser et d'hurler ma rage. De lancer mon assiette sur le mur et de tirer un coup sur cette nape parfaitement lisse. Je voudrais tout foutre en l'air, maintenant.

- Tu peux te les foutre où je pense tes questions. grognais-je

- Je ne suis pas parti de mon plein grés et tu le sais ! continua t-il

- Tu m'as abandonnée, c'est tout.

- Tu sais bien que j'étais obligé...

- Ne me parle pas, ça vaut mieux. crachais-je en évitant son regard percant

- Je voulais savoir si tu allais bien, c'est simple

- Si je vais bien, moi ? J'ai une tête à être cleane peut-être ! Depuis des années j'essaye de trouver un maudit sens à ma vie, mais rien y fait. Je suis maintenant dans un gang, je n'ai jamais voulu ça. J'aurais juste voulu être heureuse, c'est pas demander la Lune ! Brisée, anéantie, voilà comment je suis.
Tu veux savoir ? Comme ça tout le monde va être au courant. Quand tu es parti, Maggie a changé de lycée. Abandonnée, j'ai touché le fond en devenant anorexique. Et tu sais quoi ? Je suis allée en hôpital spécialisé avec des tarés qui hurlent sans arrêt ! On m'a soignée Dieux soit loué. Mais ne vient jamais, JAMAIS,me demander ça.

Bad-Boy, shut up !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant