Meg s'excitait comme une folle, et je la comprenais: quelle belle ville !
Ses rues pavées, ses multiples boutiques...
Pour quelqu'un ne connaissant que les minuscules bourgades, j'étais bouche bée !
L'après-midi était bien avancée, et, en regardant le soleil, je devinais que l'on était aux alentours de cinq heures.
Dans les rues, on ne parlait que d'une chose: la fête de Sakaël.
Je n'y avais jamais assisté, mais j'en rêvais: le défilé, le buffet, les batailles à coup d'épées, de sort et de flèches...
Mais les dominions accepteraient-ils de laisser passer un gamin, obligé de combattre des voleurs pour gagner son pain ?
Alors que je me baladais, une voix m'interpella.
"Psst ! Hé, toi, viens ici !"
Cette voix venait d'une minuscule boutique, "Archerie Elf'Ul". Meg renifla de loin la voix, avant de baisser les oreilles, m'annonçant qu'il n'y avait pas de danger. Je m'avançais donc vers la porte ouverte, avant de découvrir qui m'avait appelé: Juz'Ety !
Ma mère était une elfe, et, pour mes six ans, elle m'avait emmenée à Tertrebois, ou j'avais rencontré Juz'Ety.
C'était un garçon beaucoup plus grand que moi, d'une quinzaine d'années, mais vraiment gentil.
Il possédait désormais sa propre boutique !
Nous discutâmes longtemps, et, alors que le soleil commençait sérieusement à baisser, il me dit, en me tendant un paquet:
-Je me l'étais fabriqué pour moi, pour célébrer la centième Sakaël, mais... Mais il te sera sans doute plus utile.
Je déchirais le paquet d'un coup de main, et découvrait le plus bel arc que j'avais jamais vu.
Il était taillé dans un bois lisse et robuste à la fois. La corde semblait pouvoir s'étirer à l'infini : je n'en revenais pas..
Mais le meilleur, c'est un dragon, sculpté en métal, trônant vers le milieu de l'arc, comme pour indiquer où placer ma main.
-Et en plus, reprit-il, cet arc est d'autant plus magique: les flèches apparaîtront comme par magie dès que tu le chargeras.
-Euh.. Waouh... Mer... Merci beau...
Je reçus un violent coup à la nuque. Je tombais, vit Juz'Ety le visage horrifié puis... Plus rien.
