Je frictionne mes bras et insuffle de l'air chaud dans mes paumes. Pourquoi il fait si froid dans cet endroit ?
— Tu as froid ? Me demande l'ange.
— Un peu... Avouais-je.
— Pourquoi n'as-tu pas pris quelque chose de plus chaud ? Nous sommes en hiver, tu as dû t'apercevoir la nuit dernière qu'il faisait un froid surnaturel ici ?
— C'est drôle, je me demandais justement pourquoi il faisait si froid précisément à cet endroit. Et je me suis aussi fais la même réflexion à propos de mes vêtements... Je regrette déjà, dis-je en grelottant.
En pleine réflexion, il cherche le foyer éteint de la nuit dernière. Il n'en reste que du bois noirci et cendré. L'ange claque alors des doigts, et aussitôt, un feu s'allume. J'arque mes deux sourcils, me demandant si la limite de ma tolérance au paranormal vient d'être atteinte et s'il faut que je prenne mes jambes à mon cou. D'un côté, il pourrait sans doute faire la même chose sur moi, d'un autre, s'il le voulait il l'aurait fait depuis longtemps. Enfin, je crois...
L'ange farfouille alors derrière son siège de pierre, et en ressort un tissu noir et épais, dont il recouvre ensuite et avec attention mes épaules.— Tiens.
Je croise la lueur cristalline de ses yeux, et m'arrête un instant, perturbée par cette gentille attention. Sans plus tergiverser, je ne cherche pas à comprendre et me recouvre totalement de la cape, chaude à souhait.
— Je la porte constamment sur moi, affirme-t-il.
— Arrêtez de lire mes pensées sans permission, homme bizarre.
— Je viens de te prêter mon affublement favori ! Remercie-moi au moins !
— « Affublement » ? Riais-je avec entrain. De quelle époque vous venez ?!
— Pourquoi, comment vous appelez ça maintenant ? Il n'y a pas dix mille manières de nommer un vêtement ! Sourit-il
— Justement, c'est ça : un vêtement ! Vous êtes vraiment bizarre ! Riais-je.
— J'ai de bonnes excuses figure-toi, petite humaine ! On ne connaît plus les principes du respect à votre époque ? Sourit-il. Comme respecter les personnes âgées par exemple !
— « Âgées » ?! Je ris franchement. Vous avez, quoi, la vingtaine ? On n'a pas tellement d'années d'écart !
— J'ai huit cent ans ! Petite ! Aussi bien en âge qu'en taille !
Je vais lui briser les ailes à ce type ?!...
— Vas-y, dit-il en les résorbant tout à fait, essaie pour voir.
Je soupire face à son sourire narquois... Huit cent ans... Presque un millénaire... Ça remonte à quelle époque, le Moyen-Âge, non ? Quand j'y pense, je ne connais même pas encore son nom... Il faudrait que je le lui demande.
Je scrute le ciel blanc, blottie dans la cape de l'ange. Comment peut-il survivre avec cette simple chemise ? Il ne grelotte même pas, il se contente de regarder le ciel, et moi, je le regarde. Son teint parfait ne semble pas contenir la moindre imperfection, les reflets du ciel illuminent ses pupilles claires dans un spectacle envoûtant. Je ne sais pas ce qui attire à ce point son attention dans ce ciel, ce que je sais c'est qu'à cet instant j'ignore pourquoi je ne peux plus détacher mes yeux de cet homme. Mes yeux glissent sur ses lèvres roses et fines, puis sur son cou raffiné. Il dégluti alors et sa pomme d'Adam remonte pour redescendre, dans un geste que je trouve... diablement... séduisant... ?
L'ange tourne alors la tête vers moi et je tourne aussitôt la mienne vers le sol. J'espère qu'il ne lis que les pensées, et qu'il ne ressent pas les émotions des autres... Je me vois mal expliquer ça.

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Cecidit Angelus
ParanormalDotée de télékinésie, Mana est persécutée des autres. Après un énième incident, le rejet qu'elle subi et la peur de blesser ses proches la mène à fuir. Le surnaturel la rattrape cependant, lorsqu'elle fait la rencontre d'Isaac, un ange déchu aux sec...