LV (bis)

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NDA : attention ⚠️ violences physiques et sexuelles.

Daugherty, duché de Bretagne, 1204, France

          À l'aube du printemps, à l'aube du jour, toute la maisonnée des Kellington était réveillée par les cris du nouveau-né tant attendu. Domestiques et assistants, oncles et tantes, cousins et cousines, patientaient avec difficulté dans le couloir, avec pour seule distraction le Duc Henry Kellington faisant les cents pas dans le couloir, bientôt père pour la seconde fois.
          Les hommes scrutaient les murs les uns après les autres, se retenant de soupirer et tentant de garder bonne figure, soucieux de savoir s'ils seraient un jour fortunés assez pour posséder de telles dorures sur le plafond de leur manoir. Ils jalousaient presque déjà le cadet de la famille Kellington, qui serait plus riche qu'eux dès son premier souffle dans le monde... Bien qu'ils savaient également pertinemment qu'il ne connaîtrait cependant jamais l'amour d'un père. Finalement, étaient-ils si mal logés ?
          Les femmes, elles, se rongeaient ongles et os de la condition de Dame Christine Kellington, dont on savait sa grossesse compliquée depuis les premiers mois. Peinées par avance du sort de la pauvre, elles haïssaient férocement le Duc Kellington qui lui, ne s'en souciait pas le moins du monde. Il ne voyait qu'un seul problème dans la probable mort de son épouse : devoir en retrouver une autre qui serait aussi professionnelle que Dame Christine l'était.
          Elles gardaient espoir cependant : sa première grossesse s'étant déroulée avec quelques embûches, mais avait permis de donner naissance au fort poli Alaric Kellington, quatre ans, dans l'incapacité de dormir en entendant les hurlements de douleur de sa mère résonner dans les cavités creuses du château ; la mise au monde de son futur petit frère ou de sa future petite sœur s'annonçait de plus en plus dramatique.
          Le jeunot bouchait ses oreilles grâce à son ours en peluche et son oreiller, trouvant pour seul refuge de prier Dieu pour couvrir les cris de sa mère :

— S'il te plaît Seigneur, s'il te plaît mon Dieu !... Fais que ma maman aille bien, aide-la à mettre au monde le bébé en la protégeant, s'il te plaît Seigneur !... Fais en sorte que le bébé et maman se portent bien, et s'il te plaît encore... si tu peux... je voudrais que ce soit un petit frère... Je te promets d'être un bon fils pour mes parents, oui alors ! Je te promets d'être un grand frère digne de ce nom ! Je protègerai le bébé de toutes mes forces, alors s'il te plaît, fais que ce soit un petit frère, et surtout, qu'il aille bien et qu'il ne mette plus maman en danger... Amen.

Quelques minutes plus tard, sa prière se trouvait exaucée par les pleures du bébé, produisant des échos dans tous les combles de la maisonnée. Alaric savait qu'il avait l'interdiction de se lever après les coups de minuit et avant ceux de huit heures du matin, cependant, il ne pu résister à l'envie de rencontrer son petit frère ; et se leva donc aussitôt pour rejoindre le couloir menant aux appartement de ses parents, bombé d'adultes semblant rassurés.
          Les appartements étaient grands ouverts, il y entra en courant, impatient de voir si sa mère et son petit frère se portaient bien. Dans la chambre, les rayons du soleil levant filtraient à travers les vitres, éclairant plusieurs médecins penchés sur sa maman. Les cris du bébé étaient si stridents qu'Alaric se bouchait les oreilles, en voyant son papa porter un petit être recouvert de sang. Alaric inspira de peur :

— Père ! Père ! Mon petit frère va-t-il bien ? Est-il injurié quelque part ?!

— Alaric, que fais-tu donc ici ! Il est six heures du matin, tu es censé dormir !

Son père s'approcha de lui promptement, le poussant vers la sortie des appartements, mais Dame Cécile, sa très chère tante et sœur cadette du Duc, vint à son secours :

Cecidit AngelusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant