Je rouvre les yeux sur un décor noir, sombre. Le temps de quelques secondes et je reprends mes esprits, les yeux rivés sur ce que je devine être un ciel. Un ciel rempli de mille milliard d'étoiles, à tout lieu et tout temps. Un ciel galactique. L'immensité. Comme si je venais d'être téléportée au beau milieu de l'Univers, aux confins de tout ce qu'il est possible d'atteindre humainement.
Je regarde les alentours, subjugué. Je ne ressens rien... Ou, au contraire, je ressens tout. Surtout de la chaleur. Une immense chaleur. Une chaleur telle qu'un flot de larmes coulent sur mes joues, que je suis incapable de contrôler.— Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Dis-je en barbouillant mes joues de mes manches qui s'humidifient à nouveau et aussitôt de larmes.
Je me sens à cet instant si bien, tellement en paix, et l'étrangeté de la situation me surprend tant qu'un éclat de rire me saisis alors, tout en pleurant toutes les larmes de mon corps. Je me retourne instinctivement, comme certaine que la cause de ces émotions est juste derrière moi.
— Je Te connais. Dis-je alors, les mots dépassant totalement ma pensée, lorsque je me retrouve face à une lumière qu'on ne pourrait nommer.
Les contrastes forment une sorte de personne abstraite, dont je ne distingue pas le visage, et pourtant je le sais : je la connais. C'est comme si elle avait toujours fait partie de moi et que je venais de m'en souvenir ou de m'en rendre compte. Je ne vois pas ses traits, mais je sais qu'elle souris. Je ne suis pas dans son cœur, mais je sais qu'elle m'aime. Je n'entends pas sa voix, mais je sais qu'elle me parle :
— Le temps est venu pour toi d'effectuer la mission pour laquelle je t'ai créée. Concilie les intérêts. Fais le tri. Apporte la paix. C'est Moi qui t'envoie car Je suis amour. Je suis amour pour tous les êtres vivants. Maintenant va ! Tu oublieras M'avoir rencontré, mais tu n'oublieras pas que Je te regarde.
Je souris et acquiesce. Quelle que soit cette mission, je sais des plus profondes abysses de mon être que cette lumière a raison : c'est ce pour quoi je suis faite, et je le ferai avec plaisir.
La lumière s'estompe alors, ainsi que tous les alentours, et je sens mes yeux se fermer malgré moi.
Lorsque je les rouvre, le décor me surprend presque autant. Devant moi et au-dessous de moi et de la falaise sur laquelle je semble être, s'étend un monde de feu et de souffre. Ou plutôt une ville. En son épicentre, un immense château noir gothique. Le brouhaha de la ville me parvient jusqu'ici. Je distingue des passants ailés dans les rues pavées, des êtres ailés dans les airs, des êtres ressemblant à Alaric. Je n'en vois aucun ayant les mêmes ailes qu'Isaac.
Et soudain, tout me revient. Isaac ! Alaric, l'Archange, la prison ! Et moi... J'ai finis poignardé dans la poitrine par cet Archange fou, et puis après... plus rien. Je me retrouve là, sans savoir exactement où je suis, même si j'ai ma petite idée... N'importe qui l'aurait deviné, je suppose, mais l'une des dernières paroles d'Alaric me revient alors en mémoire et me le confirme : « ton âme renaîtra aux Enfers »... Et je crois que cette fois, j'ai définitivement atteint le seuil de ma tolérance au paranormal.Une fois descendu de mon perchoir, ayant suivis un chemin abrupt et bien trop dangereux à mon goût, je jette un regard de là d'où je viens. Il y a bien plus d'une centaine de mètres de hauteur, il faut dire que la descente m'as probablement pris pas loin d'une heure.
Au seuil de la ville, mes pieds hésitent devant le pavé. Me tenant sur la terre couleur orangée, argileuse, je scrute la rue qui s'offre devant moi. Des cornes. Des queues. Des poils. Des ailes. Et j'en passe... Et pourtant, croyez-le ou non, malgré tous ces artifices je jurerais que ces habitants ont l'air de vivre comme n'importe qui. Un couple aux bras entremêlés rigole ensemble, un homme rentre chez lui, une femme attroupe une foule de sa merveilleuse voix accompagnant la mélodie d'une guitare. Un essaim de chauve-souris me passe plusieurs mètres au-dessus de la tête, et viennent encercler la plus haute tour du château, sûrement visible de tous les points de vue possibles.
Je m'avance. Je ne peux pas rester là à ne rien faire pendant des heures, alors autant y aller. La meilleure solution lorsqu'on entre dans une ville inconnue est au moins de se renseigner, non ?
Je visite donc les rues, parsemées de maisons accolées dans un style anglais ancien et sobre. Les lampadaires sont des piliers noirs allumées d'une grosse flamme, dont les cendres s'envolent. De mini-êtres squelettiques couleur chair et dôtés d'ailes sautent de toit en toit. Comme si les gargouilles sculptées d'une cathédrale avaient pris vie et s'étaient réfugiées ici. Ils produisent des rires aigües et leur sourire fixé sur leur visage laissent apparaître des dents blanches et pointues. Je me demande s'ils sont l'équivalent des chats de gouttière dans le monde humain ? Une sorte d'animal de compagnie un peu sordide ?
En guise d'appuie, ils sautent sur la tête des gens de la foule réunie, certains agacés, les chassent d'un revers de main.
Je m'approche de la foule et de la voix de diva qui emplie la rue. Les gens écoutent simplement l'artiste, mais ne donnent rien. Aucun chapeau à ses pieds ne peut accueillir les pièces que j'aimerais lui donner, si j'en avais... Je me pose alors la question de l'argent ici. Alaric m'a dit que les êtres aux Enfers ne vivaient pas comme les humains, que payer pour vivre, ce n'était pas normal ici. Alors peut-être bien qu'il n'y a pas d'argent, aux Enfers, peut-être que les gens font juste... ce qu'ils veulent sans rien demander en retour ? Et soudain la dénomination « d'enfer » me paraît assez erronée. Du moins si mon hypothèse est vrai.
Pendant un moment, je parcours les rues et la ville. Je jette un œil aux commerces, aux stands d'« objets à hanter », aux boutiques de vêtements et bureaux d'adresses. D'adresses... ?
Je me dirige aussitôt dans la boutique. Une fille au teint foncé et aux long cheveux bruns et lisses m'accueille à son bureau.

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Cecidit Angelus
ParanormalDotée de télékinésie, Mana est persécutée des autres. Après un énième incident, le rejet qu'elle subi et la peur de blesser ses proches la mène à fuir. Le surnaturel la rattrape cependant, lorsqu'elle fait la rencontre d'Isaac, un ange déchu aux sec...