XXVII

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Isaac

          Stupéfait par l'honnêteté de son geste, je ne décroche mes lèvres des siennes que de maigres secondes... Incontrôlé, incontrôlable...
          Que dis-je... ? Je suis sous contrôle. Elle me contrôle. Sa paume douce plaquée résolument sur la mienne, empoignant avec hésitation son sein.
          Le devrai-je, oh ciel, est-ce que je le pourrais, seulement ? J'ai embrassé cette femme de tout mon cœur, de toute mon âme, et les deux l'ont remercié pour m'avoir dit ces mots... Ce baiser, je peux le dire — l'a-t-elle ressenti ? — était un sincère « merci ». Merci pour ces sentiments... dont je ne suis pas digne.
          Dans tous les tourments de mes émotions contradictoires, je ne pensais pas que je serais incapable de me détacher de ses lèvres, et que ce baiser de remerciements se transformerait en baiser de nécessité.
          Je sens mon cœur battre dans chacune de mes veines. Et je connais ce sentiment. Je pourrais presque en trembler, en la regardant expirer de plaisir sous ma langue parcourant son cou. Je pourrais presque en trembler... d'amour et de terreur.
          Je la regarde, et je le sais : je connais ce sentiment, et je sais qu'il est à la fois le plus merveilleux, mais aussi le plus douloureux ; et que pourtant à cet instant même si je suis effrayé, je suis surtout fou de cette femme. J'ai eu beau tenter, ignorant ses sentiments, de prendre mes distances en voyant l'intensité des miens, et essayer de les calmer, seul dans mon coin... Je n'y peux rien... Je suis fou de cette femme, je suis rendu aveugle par sa beauté, sourd de sa voix... Et je sais que son cœur ne ressent pas le tiers de ce que je ressens, mais si elle partage au moins un peu de cette merveille... je jurerais être l'homme le plus heureux de tous. Et je me contenterai de ce peu. Jusqu'à ce qu'il s'en aille...
          Je penche le visage de ma belle, sa tête tombant dans la paume de ma main. Mes phalanges perdues dans ses cheveux, je les empoigne : que mon visage s'imprègne de son parfum, que mes lèvres heurtent la peau de son cou... comme elle heurte mon cœur, le maîtrise : je suis le pantin articulé de chaque battement de ses cils. Ses soupirs, mélange d'aise et de témérité, me confient tous de continuer, tandis qu'il résonne en mon esprit ces mots, ses aveux. « Je ne veux plus réfréner ce que je ressens pour toi ».
          À cet instant, mon cœur s'est rempli de joie, mon esprit de peur. Sa voix s'est mise à résonner en chœur avec celle de Lucile, m'ayant gratifié des mêmes mots jadis... « Je ne puis réfréner ces sentiments pour vous »...
          Et dans un autre souvenir, la fin de cet amour. Je le sais pourtant : ce n'était pas ma faute. C'est elle qui m'as trahi. Mais je sais aussi que quand Mana apprendra la vérité à mon sujet, et à propos de tout ce que je lui cache concernant ma mission... ce sera la fin du nôtre. Elle partira.
          Alors... ne serait-ce qu'un peu, au moins un peu... je veux profiter de ce que nos sentiments font naître... Je la veux, succombée à moi, tant qu'elle est dans l'ignorance, tant qu'elle ne sait rien. Je la veux, elle et sa confiance aveugle, sa naïveté... Je profiterai qu'elle m'apprécie tant qu'elle ignore qui je suis. Juste pour ce soir... Uniquement ce soir.
          Je relâche sa poitrine pour faire tomber l'une des bretelles de sa robe. Mes dents s'emparent de sa clavicule, et la tête toujours posée dans ma main gauche, elle se laisse entièrement aller, sans examiner le moindre de mes gestes. Ses gémissements me guide, m'inspire, m'excite...
          En passant ma main droite sur son épaule, puis à l'orée de son sein, seul la barrière de sa robe demeure.

—    Puis-je, mon ange... ?

Elle hoche de la tête sans un brin d'hésitation. J'en fais légèrement preuve en abaissant son vêtement, laissant découvrir une peau blanche, laiteuse, parfaite... Je jure intérieurement, ciel... ce qu'elle est belle...
          J'empoigne avec douceur sa poitrine, je jubile, elle pousse un râle... Son téton, rose et pointu d'excitation, ne demande qu'à rencontrer ma langue, mais je décide de commencer en bonnes et dues formes ; et de jouer avec de mes doigts. Ses gémissements se transforment en légers cris, et elle relève subitement la tête...
          Nul doute qu'elle est surprise de cette sensation, nouvelle j'en ai conscience... Je sais que j'incarne chacune de ses premières fois, ce qui ne manque pas de grossir dangereusement mon ego.
          Je la regarde se mordre les lèvres, tandis que je dessine le cercle de son aréole de mon pouce, avant de caresser son téton. Je l'impatiente patiemment, puis... j'embrasse ses lèvres, avant d'embrasser ce point rendu sensible.
          Mana inspire de surprise et de plaisir, encore quand je lèche sa peau, encore quand je la suce... Je fais tourner son téton dur et humide autour de ma langue, et ses mains attrapent mes cheveux, me poussant à la dévorer...
          Je m'exécute. Je la lèche. Je la mouille. Je lui fais dire mon prénom... Et, soudainement...

Cecidit AngelusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant