Chapitre IX

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Isaac danse d'une jambe à l'autre, comme stressé. Je crois deviner que mon monologue l'a émeut presque autant que moi, et le voir ainsi me fait doucement rire. Il rigole à son tour, dévoilant le plus blanc des sourires. Et je fonds toujours autant en le voyant.

— Comment refuser une telle demande, dit-il.

Il part chercher sa cape noire et recouvre mon corps de celle-ci. Un mèche de mes cheveux virevolte sur mon visage, et Isaac la remet à sa place de ses doigts fins, en faisant dépasser son geste pour caresser avec tendresse ma pommette.

— Tu es de loin la plus belle femme que je n'ai jamais rencontré. Et je ne parle pas uniquement de ton visage... Tu es belle à l'intérieur. Tu es aussi magnifique et étincelante qu'un diamant. Tu es drôle, intelligente, pleine de bonté, tu es si pure. Mais tu ne me vois pas tel que moi je suis réellement. Regarde-moi Mana, me demande-t-il alors en déployant ses ailes d'ébène. Regarde-moi bien. Cette couleur, je l'ai méritée. Je suis un ange déchu. J'ai été exilé de la Terre Promise parce que j'ai commis un acte impardonnable. Je ne suis pas un homme, Mana. Je suis un être surnaturel. Je ne vis pas comme toi, je ne vieillis pas comme toi, je n'ai pas les mêmes besoins, comme manger ou dormir. Je suis bien trop différent de toi. Les êtres surnaturels et les humains ne sont pas fait pour vivre ensemble. Tu ne pourrais pas vivre où je vis et je ne pourrais pas vivre là où tu vis. Tu as vu ce dont je suis capable ? Tu as vu ce que j'ai dans le dos ? Tout ça, c'est ce que je suis. Et personne n'est censé réfréner ce qu'il est. Je n'ai rien à faire dans le monde des humains, ce n'est pas chez moi ici. Je pourrais très bien te rendre visite de temps en temps... Mais au final, ça nous fera plus de mal que de bien. Car je ne ferais que te retenir de rencontrer quelqu'un d'autre, et mener la vie que tu mérites.  Avec un humain. Comme toi. Mortel, comme toi. Voilà ce que je pense. Voilà pourquoi je ne côtoierai pas les humains une fois libre. Je refuse de perdre ceux qui comptent pour moi.

J'acquiesce, résignée. Que dire de plus ? Je ne peux que respecter sa volonté...

— Je comprends ! Souriais-je. C'est tout à fait compréhensible, à ta place... J'aurais probablement fait la même chose. Nos destins se sont croisées mais ils ne vont pas dans la même direction, c'est tout.

— Ce doit être ça, sourit-il tristement...

— Mais tu ne me chassera pas avant ton départ demain soir ! Je compte bien te hanter jusqu'à la fin !

— Et je compte sur toi pour le faire, oui, rit-il doucement. Viens là.

Il ouvre alors ses bras et je m'y blottie aussitôt. Je ne sais pas ce qu'il a pour que je me sente à ce point à l'aise avec lui, peut-être que c'est le fait qu'il soit si tactile ou si tendre, mais j'ai l'impression d'aimer chacune des réactions qu'il a, comme si elles étaient faites sur mesure pour me plaire.
Isaac m'entoure de ses deux bras, et caresse voire frôle seulement mes avant-bras du dos de ses doigts. Je ferme les yeux et serre les dents : le goût de son départ m'arrache comme une sensation de coup de poing dans l'estomac. Je pose ma tête contre son cou en essayant d'ignorer cette sensation, et de simplement profiter du moment. Il intensifie alors ses tendresses de ses mains sur mes bras pour me réchauffer, je sens son soupir sur mon visage et l'odeur de sa peau m'enivre. À mon tour, je caresse tendrement ses avants-bras de mes ongles, et me blottie un peu plus fort contre son corps chaud. La chaleur qu'il dégage avec celle du feu de bois me mettent dans un état d'aise que je n'ai probablement jamais atteint. J'aimerais que ce moment dure toujours...
Ma main passe sur son biceps musclé, que je caresse de haut en bas de mes ongles, puis de ma paume, lui arrachant des frissons qui me font sourire. C'est alors que je m'aperçois que ses caresses à lui ont cessées, et que son souffle se veut plus profond.

Cecidit AngelusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant