XXXI

3.9K 333 17
                                    

          Je sors de la salle de bain, absorbant l'eau à la pointe de mes cheveux d'une serviette, tout en récupérant mes vêtements éparpillés sur le sol. Isaac est là, allongé sur son lit, adossé à un oreiller et revêtu de son caleçon. Les yeux fermés, l'avant-bras derrière la tête, la position laisse révéler les muscles de son biceps ; et je détourne le regard pour ne pas être tentée par un second round...
          Il ouvre les yeux sur moi lorsqu'il m'entend faire du bruit.

—    J'aime le fait que tu ne sois guère pudique, avoue-t-il alors en me regardant d'un sourire victorieux. J'aurais parié le contraire.

—    J'étais peut-être sur mes gardes au début, souriai-je, mais désormais je suis à l'aise avec toi, je suis habitué à ta présence. Et puis... après tant de baisers et ce qui s'est passé au restaurant... tu n'imaginais quand même pas que j'allais me cacher devant toi ?

—    Eh bien, si, je le pensais ! À mon souvenir, les femmes sont plus... timides, assure-t-il.

—    Je ne suis pas une femme de ton époque, lui rappelai-je d'une voix douce en enfilant ma culotte, et je ne suis pas timide. Les femmes de nos jours sont surtout plus... faciles à déshabiller, je dirais, et je n'ai pas honte de dire que j'en fais partie. Enfin, seulement avec toi bien-sûr.

—    Je crois déjà détenir mes réponses quant à ma prochaine question, puisque nous abordons ce sujet, mais... je reste curieux : as-tu connu d'autres hommes avant moi ? J'admets que ton aise dans ces situations me surprends, bien que dire que je l'apprécie sois un très doux euphémisme, rit-il.

—    Non, tu as bien deviné : tu es mon premier. Et toi, à part ta... ta fiancée, tu as connu beaucoup de femmes ?

Je lui retourne la question en étant tout à fait curieuse également, je pourrais parier l'être plus que lui d'ailleurs. Cependant, j'en redoute la réponse. Timide ? Non, pudique ? Non plus. Un brin trouillarde sur les bords, ou encore méfiante mais impulsive, têtue, voilà bien des traits qui m'animent ; mais surtout... jalouse.
    Plus que ça, je commence à cerner le caractère d'Isaac, maintenant ; et je doute qu'il me réponde. Je sais qu'il n'aime pas parler de sa vie en tant qu'humain, et qu'il préfère garder ses fichus petits secrets.

—    J'en ai connu plusieurs, malheureusement, avoue-t-il dans un soupçon de gêne. Juste avant Lucile.

Rien que son nom m'agace. J'ai dû aller chercher le morceau jusqu'au fin fond de la gorge de Lilith, pour qu'elle le crache. Je n'ai réussi qu'à relier le nom à la personne, sans aucun détail de plus ; et j'avais déjà des doutes à ce sujet qu'elle m'a donc simplement confirmés, mais... une victoire est une victoire.
    Enjouée néanmoins qu'il ne m'ait pas rejetée sur la question, et qu'il ouvre donc une minuscule embrasure à la discussion, je viens m'allonger à ses côtés, mon corps presque nu sur le sien. J'envahis son torse de mes bras, et pose mon menton sur mes poignets croisés, pour faire face à son visage.
Isaac retire sa main de derrière sa tête dans la surprise d'une telle et soudaine proximité, et je lis une gêne dans ses yeux, ce qui me fait perdre la totalité du courage que je viens d'avoir de faire ça... Peut-être que c'était trop ?... Peut-être que je n'aurais pas dû... ?
Cela me semble bien étrange, puisque malgré ses moments de tristesse dont je ne manquerai pas de lui parler, Isaac n'est généralement pas gêné par la proximité, il fait même à ce titre souvent le premier pas pour se rapprocher de moi, alors... j'ai du mal à comprendre pourquoi il semble mal à l'aise, maintenant...
    Alors que je m'apprête à me reculer pour lui laisser plus d'espace, la main d'Isaac trouve refuge dans le bas de mon dos, d'où elle ne bouge plus si ce n'est pour le caresser du bout des doigts. Je décide donc de rester à ma place, pour poursuivre ma quête de réponses :

Cecidit AngelusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant