Chapitre 9 (corrigé)

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La salle d'interrogatoire est identique à celle que l'on voit dans les séries. Des murs gris, une table, trois chaises et bien sûr la sempiternelle glace sans tain. Une forte odeur de javel flotte dans l'air. Je fronce le nez de dégoût. Ils aiment le propre, même un peu trop. Je fais le tour de la pièce en traînant des pieds. J'espère qu'ils n'ont pas l'intention de me laisser moisir ici longtemps. Se sentir comme un lion en cage, ce n'est pas ce que je préfère. Je me laisse tomber sur une des chaises.

Mon regard furète un peu partout. Soudain, une trace brunâtre attire mon attention. Je me penche pour la détailler de plus près. Elle part d'un des sièges pour continuer sur le sol situé sous la table. Je passe la tête en-dessous pour mieux l'observer. Je constate alors qu'il y a une sorte de trou dans le sol, comme une petite grille. Je fronce les sourcils et passe le doigt sur la trace. La crasse colle à mes doigts que je porte au nez. J'inspire profondément pour que l'odeur s'insinue en moi. Et là, mon cœur arrête de battre. Mon corps se tétanise, mon esprit s'embrouille. Du sang. Des images de corps mutilés affluent à toute vitesse. Un flot rouge envahit ma vision. Je secoue la tête pour chasser cette vision d'horreur. Ca ne peut pas être ça. Je refuse d'y croire.

Mes yeux affolés se détournent, cherchent d'autres indices. Ils finissent par se poser sur la chaise à mes côtés. Mes entrailles se contractent un peu plus. Des paires de menottes, identiques à celles que je portais il n'y a pas si longtemps, y sont accrochées de part et d'autre. Ma respiration s'accélère. Pourquoi sont-elles là ? Pourquoi ont-ils besoin de nous attacher ainsi ? La peinture écaillée et le métal plié du siège, là où sont fixées ces maudits bracelets, ne laissent place à aucun doute. Celle ou celui qui a été assis ici s'est débattu de toutes ses forces. Mes mains se mettent à trembler.

Oh mon dieu ! mon pire cauchemar est en train de prendre forme sous mes yeux. Cette salle d'interrogatoire est une salle de torture. Il faut que je me barre d'ici ! Je me précipite vers la porte et tire dessus de toutes mes forces. Pourquoi je suis venue ici ? Pourquoi lui ai-je fait confiance ? Bien sûr qu'ils allaient me torturer ! Peut-être même de me disséquer vivante pour comprendre pourquoi j'étais différente des autres lycaons. Je secoue cette putain de poignée en espérant qu'elle cède.

- Ivy, qu'est-ce qui t'arrive, demande une voix dans l'interphone.

- Laissez-moi sortir d'ici, hurle-je.

- Allez, calme-toi, continue-t-elle, avec douceur.

Me calmer ? Et puis quoi encore ? Je ne peux pas me calmer ! Je flippe ! Je suis morte de trouille. L'air me manque. Je suis en train d'étouffer dans cette maudite pièce. Je refuse de mourir ici. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour crever entre ces quatre murs, entre les mains des chasseurs. Je tire de plus belle sur la porte et retiens le sanglot qui remonte dans ma gorge. Soudain elle cède. Luc est là, planté devant moi.

- Arrête de t'acharner contre cette poignée, murmure-t-il. On l'a fabriquée pour qu'elle résiste aux lycaons. Tu n'as aucune chance.

Folle de rage, je le pousse de toutes mes forces. Il recule d'un pas mais encaisse le choc.

- Vous êtes des criminels, des salopards d'assassins, hurlé-je, en tambourinant sa poitrine. Tout ce que vous voulez, c'est me torturer, me découper en morceau !

- Je t'en prie, Ivy, continue-t-il, toujours aussi calme.

J'ai envie de le tuer, de l'étriper pour ce qu'il m'a fait croire. Mais surtout je voudrais me foutre des baffes pour tant de naïveté. Ce que j'ai pu être crédule ! Une lycaon et un chasseur, quelle belle connerie. Ses bras m'enserrent et je continue à me débattre. Mais il ne lâche pas, même quand les coups pleuvent. Peu à peu, mes mouvements sont moins virulents, plus saccadés. Je baisse les bras. Pas parce que j'abandonne, mais parce que les siens ne m'ont pas lâché et qu'il ne fait preuve d'aucune animosité. Je me sens dépassée, confuse. Pourquoi ? S'il le voulait, il pourrait me repousser, demander des renforts et m'attacher à cette fichue chaise. Mais non, il reste là, à encaisser, attendant que je m'apaise.

Louve solitaire (en cours de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant